Béatrice Bonhomme/La terre rouge

Par Angèle Paoli
« Poésie d'un jour
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LA TERRE ROUGE

La terre rouge, une déchirure de nuit, les grands grumeaux de terre éclatant dans les vignes. La sueur rousse écartelée. Un prieuré sévère en pierres de sable s'écoulant dans les chênes, les vignes comme une rose non encore ouverte au prisme de verdure. Le vert et le rouge échangent des provocations d'amour. Le silence éclate au cœur.

Les dédales d'un labyrinthe brûlant dans le vent des pierres, comme un marché au désert, et parfois une oasis de platanes à l'ombre d'un jardin retiré, la brûlure d'une traversée silencieuse dans les ruelles de la ville, puis l'ombre recueillie d'une maison offerte au sable. La fresque porte la lumière, trois fois ourlée des cordelettes de prière.

Sur les murs de la maison qui va être détruite, les taches de couleur, les oiseaux, les marques du désir ont laissé une colle rose. Les couleurs éclaboussent le matin, dans les formes enfantines d'un trait mal défini. Le sabre entre les cuisses, la fresque viole la lumière dans une fin d'après-midi qui doit mourir.

Une fontaine est posée entre les murs, sa pluie avive les couleurs projetées dans la lumière.

Béatrice Bonhomme, Courbe de calligraphie silencieuse (extrait) in Revue Nu(e), 34, 2006, p. 97.


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