Vetnam : ciao Général Nguyen CAO KY

Publié le 02 août 2011 par Plumesolidaire

Les cousins de nos cousins ne font pas partie de la famille. Mais il nous arrive de nouer des relations amicales et affectives avec l’une ou l’autre famille d’une tante, ou d’un oncle par alliance (marié(e) à une sœur ou un frère de votre père ou de votre mère).

Vous arrivez à suivre ?

C'est par la bouche de ma femme de retour d'un séjour chez ses parents aux USA, que je viens d'apprendre la disparition le 23 juillet dans un hôpital de Kuala Lumpur, en Malaisie, du général Nguyen CAO KY.

Nguyen CAO KY était le gendre du frère du mari d’une tante de ma femme ; marié en secondes noces avec une cousine germaine d’une cousine germaine de ma femme.

Vous arrivez toujours à suivre ?

C’est peu dire que je n’avais pas la moindre attache avec ce général dont j’ai tant entendu parler dans les années soixante et soixante dix. Et, à regarder de nouveau de prés, et avec le recul sa biographie détaillée en anglais, je dois dire que je m’en félicite.

Lui et moi on n’avait pas vraiment les mêmes valeurs.

Cependant, j’ai un souvenir précis et ému de cette tante de ma femme décédée l’an dernier, veuve du frère dont le Général Ky était le gendre, dont j’avais fait la connaissance à San Diego en 1997.

Celles et ceux qui ont connu le Vietnam avant la victoire des communistes d’avril 1975, se rappelleront ce personnage fantasque et impétueux. Politicien habile et anticommuniste exalté, Ky a occupé successivement les postes de Commandant en chef de l’Armée de l’Air sud vietnamienne, de Premier Ministre et de Vice Président de la République de 1965 à 1971 au sein de la junte militaire, avant d’être définitivement écarté du pouvoir par le général Thieu.

En famille, chez ma femme, c’était un personnage dont on parlait avec un mélange d’intérêt et de dépit, comme de quelqu’un que l’on connaît mais dont on s’écarte. Ce qui n’empêche pas une considération certaine pour l’une de ses filles, Nguyen Cao Ky Duyen présentatrice mondialement reconnue de la communauté vietnamienne, d’une célèbre émission de variété – Paris by night -, comme en attestent les DVD que ma femme regarde ces jours derniers. Présentatrice dont une partie des américains de la communauté vietnamienne des Etats Unis avaient réclamé le limogeage après le retour de son père au Vietnam.

Nous sommes bien d’accord que Nguyen Cao Ky Duyen est la fille du gendre du frère du mari de la tante de ma femme ? Et chacun sait que la famille c’est sacré. Voilà sans doute la raison pour laquelle je suis contraint de recevoir cette dame dans mon salon tous les soirs sur mon écran de télévision.

Nguyen Cao Ky ne laissera donc pas un souvenir impérissable dans la famille de sa seconde femme, avec laquelle il n’avait aucune relation. Du côté de la famille de ma femme, on a notamment peu apprécié ses appels à la réconciliation nationale  en 2004 avec le gouvernement communiste du Vietnam. Régime contre lequel Ky a conduit les forces aériennes du Sud Vietnam, et dont il représentait la figure emblématique de l'ennemi à abattre d’un gouvernement sud vietnamien que les communistes qualifiaient de « gouvernement fantoche ».

Pour la petite histoire, c’est un oncle par alliance de ma femme, qui fut ancien Ministre du gouvernement Sud Vietnam, qui a facilité l’émigration et l'installation aux Etats Unis et en France de toute la famille de sa femme – et de la mienne.

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Le général Ky, membre d’un groupe d’officiers appelé les Jeunes Turcs, a joué un rôle clé a cours de différents coups d’état militaires en liaison étroite avec l’état-major américain – soit en y participant, soit en encourageant les uns, ou encore en conduisant d’autres putschs à l’échec -, en particulier dans celui qui a renversé le Président Diem en 1963, lorsqu’il était le chef de l’Armée de l’Air.

Il a été l’un des instigateurs du renversement du Président Ngô Đình Diem en novembre 1963, arrêté et exécuté sur l’ordre de la CIA par un autre  général - encore un oncle par alliance de ma femme, dont j’ai accueilli et hébergé l’un des fils pendant un an.

Infatigable coureur de jupons, Ky inspira la méfiance de ses alliés américains (qui le qualifiait de «  missile non guidé »), a mécontenté beaucoup les vietnamiens qui le considéraient comme un "cowboy" et un "hooligan". Il se souciait peu de relations publiques, et à maintes reprises,  a publiquement menacé de tuer ses dissidents et ses opposants.

En 1966, Ky a décidé d’éliminer le général Nguyen Chanh Thi , un autre officier de la junte qu’il considérait comme son plus grand rival. Cela a provoqué des troubles majeurs au Sud-Vietnam, pendant lesquels certaines unités se sont ralliées aux activistes bouddhistes favorables à Thi et hostile à Ky. Trois mois de manifestations de grande ampleur et des émeutes ont paralysé en partie le pays, avant que les forces de Ky parviennent à mater la révolte. Thi a été exilé, pérennisant ainsi le pouvoir de la junte en place.

En 1967, une transition vers un gouvernement élu fut organisée. Après une lutte de pouvoir au sein de l'armée, Thieu fut candidat à la présidence et Ky fut désigné comme colistier, les deux hommes ayant rivalisé pour l’accession à la fonction suprême.

Pour permettre aux deux généraux de collaborer, les militaires de la junte avaient constitué un corps militaire contrôlé politiquement par Ky en sous-main. L'élection fut truquée pour assurer le succès du ticket Thieu-Ky renforçant le pouvoir de la junte. Les tensions persistèrent, Thieu réussit à renforcer son influence, écartant les partisans de Ky des postes clés militaires et des postes de cabinet.

Puis Thieu fit adopter une loi pour restreindre l'admissibilité aux candidatures à l'élection de 1971, interdisant leur accès à la quasi-totalité des opposants. Ky et ses partisans se retirèrent, et Thieu remporta cette élection sans opposition avec plus de 90% des voix.

Ky se retira de la vie politique.

Lors de la chute de Saigon, KY prit la fuite aux Etats-Unis, et s’installa à Westminster, en Californie , où il a dirigé un magasin d'alcools. En 2004, il devient le premier Sud-Vietnamien à prôner le retour au Vietnam, appelant à la réconciliation entre communistes et anti-communistes.

Il retourna alors vivre au Vietnam en 2004 et fit campagne pour développer les investissements étrangers en organisant des séjours d’investisseurs potentiels américains.

Source : wikipedia

Traduction : Plume Solidaire

J'ai dit Plume Solidaire

Vidéo : La revanche des bonzes

Source : INA

Panorama - 15/04/1966 - 09min58s

Les bouddhistes ont obtenu après 5 mois de crise la promesse d'élections civiles de la part du gouvernement CAO KY : interview de ce dernier et son opposant le plus puissant, le chef des jeunesses bouddhistes et du comité de lutte contre le gouvernement CAO KY ainsi que du général PHAN XUAN NHUAN sur la base militaire de Da Nang.


Générique

journaliste: Di Donna, Henri participant: Nguyen, Cao Ky ; Phan Xuan Nhuan