L’injuste attaque contre Nycole Turmel et le NDP : de la politicaillerie

Publié le 03 août 2011 par Jclauded
L’écrivain français Max Gallo, qui écrit l’histoire de la France et qui a publié les biographies de Jules César, Napoléon et Charles de Gaulle, a été, dans sa jeunesse, membre du parti communiste. Ne dit-on pas que « celui qui n’est pas anarchiste à 20 ans est un imbécile, et que celui qui l’est encore à 50 ans l’est tout autant ». Gallo, qui aujourd’hui a 79 ans est membre de l’académie française. Il a été avec les années : gaulliste, socialiste avec Mitterrand et aujourd’hui sarkozyste.
Nycole Turmel, récemment nommée chef par intérim du Nouveau Parti Démocratique (NDP) suite au départ temporaire du chef Jack Layton pour des raisons de traitement de cancer, traverse actuellement une tempête médiatique qui la critique vivement de ses appartenances politiques passées. On lui reproche d’avoir été membre du Bloc Québécois, parti séparatiste œuvrant à Ottawa, et de Québec solidaire, parti socialiste québécois qui prône en plus la séparation du Québec de l’ensemble canadien.
La nomination de Turmel, québécoise francophone de la région de la Capitale nationale a été mal acceptée par la presse canadienne anglaise. Élue avec surprise à la récente élection, même si on lui accordait de minimes chances, la nouvelle venue sur la scène fédérale affirme avoir travaillé pour le NDP durant les 20 dernières années. Durant ce temps, elle a aussi détenu une carte de membre du Bloc Québécois et a contribué à sa caisse électorale pour plaire à son amie Carole Lavallée, députée bloquiste entre 2004 et 2011. Elle explique en plus sa décision par sa satisfaction du programme social-démocrate du Bloc. Son geste, dit-elle, n’avait rien à voir avec le but premier du Bloc, l’indépendance du Québec. À plus de deux occasions, elle a refusé d’être candidate du Bloc lors d’une élection fédérale puisqu’elle était fédéraliste. Elle affirme avoir voter « NON » aux deux référendums québécois. Mais dès que le NDP lui a demandé de devenir candidate, elle a accepté et du même coup signifié sa démission comme membre du Bloc.
La presse anglaise se déferle contre elle et blâme le chef Layton d’avoir fait une erreur de jugement en la choisissant pour le remplacer. C’est comme si le Canada entier était en danger parce qu’une fédéraliste francophone québécoise etait devenue chef intérimaire de l’opposition officielle à la Chambre des communes. Au lieu de discuter de sa capacité à bien remplir le poste, les journalistes du conservateur National Post, du libéral Toronto Star et d’ailleurs au pays cherchent par tous les moyens à abaisser Nycole Turmel, croyant ainsi pouvoir nuire à la réputation de Layton. "Elle a quitté", disent-ils, "le bateau Bloc alors qu’il calait, ce n’est qu’une opportuniste» affirment les adversaires.
De son côté le Bloc Québécois, toujours traumatisé par sa défaite aux mains du NDP, ajoute son grain de sel pour chercher à ridiculiser Turmel. « On ne peut être fédéraliste et souverainiste en même temps » dit son représentant. Pourtant le soir des élections, il attribuait sa défaite au besoin de changement et affirmait « malgré tout, les Québécois demeurent toujours souverainistes ». Pourtant, ces Québécois venaient de voter en masse à 75% pour un des partis fermement fédéralistes. De plus, il y a à peine quelques jours, le pourcentage de 45% de suffrages obtenus lors de l’élection au Québec par le NDP en était rendu à 63 %, d’après les plus récents sondages. Si on ne peut être fédéraliste et souverainiste en même temps, cela veut dire que les Québécois sont aujourd’hui massivement fédéralistes.
Tous ces commentaires méchants et nauséabonds contre le NDP et Nycole Turmel ne sont que de la petite politique partisane. De toute façon, ce n’est pas Nycole Turmel qui changera quoi que ce soit au support du NDP. Elle n’est là que de façon temporaire et Jack Layton a jugé que son passé etait garant de l’avenir. Pour moi c’est une garantie suffisante. Si cette personne cultivée et sérieuse, qui a eu de grandes responsabilités dans sa vie, agit bien durant l’intérim qu’elle occupe, et je crois qu’elle le fera, elle aura fait son devoir, et c’est ce qui compte.
Il n’y a pas de honte, comme le démontre la vie de Max Gallo, et de combien d’autres, d’aller vers où nos convictions nous mènent. Doit-on demeurer rouge ou bleu parce que notre père était rouge ou bleu ? Changer de parti n’est pas agir en vire-capot. C’est un geste intelligent qui tient compte du temps et de l’évolution de notre société. Je suis fier de Nycole Turmel et je lui souhaite bonne chance. À tous ceux qui scribouillent ou « politicouillent », je suggère d’attendre et de la juger sur ses actions.
J’espère que tout ira bien pour Jack Layton, malgré que je sois très inquiet. Il est un homme politique comme je les aime. Positif, compétent, racé, ne diminuant jamais son adversaire, il a su « bien faire et laisser braire ». En quatre scrutins fédéraux, il a gagné des sièges à chaque élection et a amené le NDP très près du pouvoir grâce à son approche, ses idées, ses convictions personnelles et son argumentation politique. En bonne santé, je crois qu’il pourrait l’atteindre dès la prochaine élection et devenir le premier ministre du Canada. Mais…
Claude Dupras