Welington Irish Black Warrior – Interview

Publié le 03 août 2011 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

INTERVIEW - Les Welington Irish Black Warrior comptent probablement parmi les groupes les plus alternatifs de la scène neuchâteloise, voire suisse. Déversant leur noise pour un public déjà conquis, le groupe aura laissé des traces dans cette boue du Paléo. Comme ils le disent si bien: « we are three. we love music, we make music, we are music ». Touchant d'authenticité, passionné jusqu'aux tripes par son art, le bassiste nous expliquera que le passage au festival n'est pas anodin: lui-même est un enfant du Paléo. Entretien avec Lionel, peu après la sortie de scène.

Lords Of Rock: Ce Paléo c'était comment alors? Vous étiez sur scène il y a encore quelques minutes…

Léon: Eprouvant et physique mais très bien!

Comment le public du Paléo a-t-il pris de se recevoir de la noise en pleine figure? C'est assez spécial…

Etonnamment, ça a assez bien croché. J'en ai l'impression en tous les cas. Au milieu du concert, des gens sont partis voir Robert Plant. Je ne leur en veux pas, j'aurais fait pareil (rires). Sinon, ça a bien marché. Il y avait des gens à bloc. C'est aussi la première fois qu'on avait des filles qui se sont mises en soutien-gorge pendant un concert!

Pas de jeté sur scène?

Non, non, pas cette fois.

Néanmoins, ça doit faire très bizarre de jouer un soir où la grande majorité du public est venue voir Mika, par exemple.

Pour nous, qu'on soit dans un squat à jouer devant vingt personnes ou dans un festival, dans la boue, à jouer devant une centaine de personnes ou ici devant cinq cent personnes, ça ne change pas grand chose. On est trois quand on joue, et c'est tout.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas alors, qui sont les Welington Irish Black Warrior?

Steven à la batterie qui envoie tout ce qu'il a, Brynjar qui fait de la guitare comme il peut mais fait des trucs ultra-cool sans le savoir et qui chante comme un malade et moi qui essaie de tenir la baraque autant que possible à la basse.

Et pour votre musique alors?

Noise, punk, psychédélique, rock,… On a eu tous les adjectifs possibles et imaginables et finalement on fait ce qu'on fait, peu importe le terme.

Justement, parlons de votre nom. Long et franchement à coucher dehors, ça vient d'où?

A question typique, réponse typique: y a pas de signification. C'est venu comme ça. Avant, on s'appelait The Welingtons, nom qui venait de nulle part aussi d'ailleurs, et un jour j'ai reçu un message de Steven disant qu'on était devenus les Welington Irish Black Warrior. On n'est ni Irlandais, ni noirs, ni vraiment des guerriers.

Sur MX3, par exemple, vous êtes décrits comme « les combattants noirs oeuvrant pour la noise et les hymnes lo-fi plein d'espoir ». Explication?

C'est un texte qui a été fait il y a environ une année pour le Stone Hill Festival. Je crois que ça correspond assez bien. On fait des trucs bruitistes, bordéliques au possible, mais finalement, si c'était joué tranquillement avec un son clean et un chant à peu près correct, ça ferait des putains de chansons pop je crois. C'est vraiment des hymnes, un peu voilés par tout ce bordel. D'ailleurs, chacun tire de son côté dans le groupe. Brynjar aimerait des trucs plus clean, plus pop. Moi, j'aime les Sonic Youth, des trucs noise, beaucoup de distorsions. Et Steven, son truc c'est le métal, genre Converge. Chacun tire la couverture de son côté et ça donne les Welington, on pourrait jamais obtenir ces résultats avec une formation différente.

Justement, j'ai l'impression qu'avec votre musique, vous ne vous imposez aucune règle, aucune direction. Est-ce vraiment le cas ou est-ce que pendant la composition vous vous donnez quand même une route à suivre?

On ne compose pas en fait. On jam pendant les répétitions. On fait des heures de jam par semaine et tout d'un coup y a un son qui arrive qui nous plaît et qu'on va retravailler. Ensuite, on l'essaye en concert, en général une semaine après. Là, par exemple, on a joué un morceau créé il y a une semaine. Et après, on décide si on garde ou pas, si ça mérite des améliorations, etc. Mais, y a pas de règles.

Tu me dis que vous jammez plusieurs heures par semaine. J'imagine que vous faites quelque chose à côté parce que rares sont ceux, en Suisse, qui vivent de leur musique.

Non, c'est sûr, on en vit pas du tout! (Rires) Brynjar et moi, on bosse ensemble. On est bijoutiers en usine. Quant à Steven, il vient de terminer sa maturité.

Est-ce que tu décrirais votre musique comme étant obscure?

Je suis pas sûr. C'est prenant mais je sais pas si c'est sombre. On n'est pas des types sombres. On prend un pied terrible à jouer, chacun de nous. En tout cas, on ne cherche pas à faire une musique sombre ou à exprimer un mal-être quelconque. On écoute autant de groupes déprimants que de groupes ultra-pop.

Tu me disais justement que vous aviez chacun des goûts musicaux très personnels…

Oui, mais on se complète. Il y a aussi des choses où on va se rejoindre ou qu'on se fait découvrir. De toute façon, c'est du rock au sens large et c'est ce qu'on fait aussi. J'ai par exemple de la peine à écouter Christophe, que Brynjar adore. Par contre, Bashung, je le rejoins complètement.

Par rapport aux autres groupes suisses, à la scène rock, disons au sens large, est-ce que vous vous rejoignez avec certains d'entre eux?

Ah oui, bien sûr! On a déjà nos copains, les groupes avec qui on joue beaucoup. Les gens de Rowboat par exemple, Buvette, Überreel, Rectangle. Finalement, tous les types de Neuchâtel, de Bienne ou qu'on voit assez souvent. Y en a certains dont on parle pas assez et qui méritent énormément… et le contraire arrive souvent aussi d'ailleurs! (Rires)

Des noms!

Non, non. Mais c'est facile! Ils ont des costumes de scène, ils sont tous habillés en blanc, ils ont des moustaches et sont passés à Paléo.

Le futur de Wellington Irish Black Warrior?

Pareil! On continue le bordel, à jouer dans des squats, faire des tournées minables, perdre de l'argent et essayer de faire ce qu'on peut en perdant le moins possible. Il faut juste nous souhaiter de continuer à prendre un pied pareil et à jouer comme ça. Si c'est plus le cas, on existera sans doute plus. On n'a pas de diplômes musicaux, ni aucune formation. On fait de la musique ensemble parce que c'est tout ce qu'on sait faire quand on se retrouve. Ca me semble hallucinant de jouer au Paléo parce que la création de ce groupe c'était un peu trop d'alcool et l'idée folle de constituer les Welington. Le lendemain de la cuite, Brynjar est venu m'annoncer qu'il s'était acheté une guitare et un ampli. Faut juste que ça continue comme ça, on ne souhaite rien de plus.

Les Welington Irish Black Warrior sont à retrouver en tournée prochainement en France voisine. Toutes les dates se trouvent sur leur Myspace.


Ecrit par Nevena Puljic - Le 03 aoû 2011


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