Vingt ans après

Par A_girl_from_earth

 

VINGT ANS APRÈS

Je ne sais pas si c'est le fait de connaître déjà l'histoire des Trois mousquetaires qui fait qu'à la lecture de ce roman en janvier, j'avais trouvé ça sympa sans plus vraiment, mais là, avec Vingt ans après, j'ai l'impression d'avoir réellement découvert le style Dumas que j'ai trouvé vraiment délectable!

Verve, humour aiguisé dont je n'ai pas vraiment souvenir - combien de fois j'ai ri ici! - dialogues envolés, traits d'esprit, à peine arrivée au tiers du roman dont je tournais les pages sans m'en rendre compte, je me disais déjà que je lirai très certainement Le Vicomte de Bragelonne (alors que franchement au début, à la vue des deux tomes qui le composent, c'était du "un jour peut-être si j'ai le temps..."), et l'idée de (re)lire Le Comte de Monte-Cristo me chatouille vraiment! (note: ceci a été écrit il y a 3 semaines environ, sous l'impulsion de mon enthousiasme pour ce roman - j'avoue qu'entre-temps, d'autres envies lecture se sont immiscées...).

J'ai beaucoup aimé la façon dont Dumas mélange fiction et Histoire ici, et puis il sait vraiment rendre cette période de l'Histoire (la Fronde) intéressante. Les événements historiques prennent vie, et la façon dont les personnages fictifs s'y glissent et s'y mêlent, tout en y jouant un rôle actif et décisif, est une pure réussite!

J'ai été moins gênée aussi par les notes de bas de page, bien plus discrètes que dans Les trois mousquetaires, et elles étaient tout à fait pertinentes.

Ici, j'ai trouvé aussi tous les personnages beaucoup plus aboutis, affirmés, affinés, taillés par Dumas qui les rend véritablement intéressants, tous sans exception (alors que dans Les trois mousquetaires, seuls Milady et Richelieu m'avaient marquée par leur personnalité).

De nouveaux personnages font leur apparition également, des personnages surprises (et en même temps il fallait s'y attendre) qui rendent l'histoire palpitante: Raoul, vicomte de Bragelonne, qui annonce déjà la suite, et le fils de Milady (quel personnage fascinant, mais moins que sa mère quand même).

Le duo D'Artagnan/Porthos m'a aussi frappée ici comme excellent! J'ai trouvé Porthos particulièrement drôle ici (pas ce souvenir-là dans Les trois mousquetaires), et il m'a rappelé par bien des aspects Obélix, assimilant ainsi D'Artagnan à Astérix.

J'ai vraiment apprécié l'intrigue ici aussi, moins romanesque (bon, ils n'ont plus 20 ans, c'est peut-être ça aussi ), donc plus intéressante pour moi peut-être. Il s'agit là plus d'un roman historique, véritablement ancré dans l'Histoire, ressuscitée par Dumas avec brio, bien que l'éditeur lui attribue quelques anachronismes. J'ai vraiment aimé lire sur cette période de l'Histoire, et j'ai beaucoup aimé la partie en Angleterre aussi, qui met en scène Cromwell et Charles Ier, et qu'est-ce que j'ai ri des réactions de nos Français en Angleterre, des observations de l'époque!

Quelques extraits qui m'ont bien amusée:

"... mais d'Artagnan, Porthos et Aramis faisaient la grimace chaque fois qu'il leur fallait avaler la bière, cette boisson puritaine."

"Athos, connaissez-vous dans toute la ville une auberge où l'on trouve des draps blancs, du rosbif raisonnablement cuit et du vin qui ne soit pas fait avec du houblon ou du genièvre?"

" - Écoutez, dit d'Artagnan, je comprends peu l'anglais; mais, comme l'anglais n'est que du français mal prononcé, voici ce que j'entends: Parliament's bill; ce qui veut dire bill du parlement, ou Dieu me damne, comme ils disent ici." 

Les personnages ont bien mûri, et Dumas a su les faire évoluer avec justesse, finement, sans incohérence. On les reconnaît bien, tous, d'Anne d'Autriche aux laquais, ils ont gardé la même personnalité, mais affinée par 20 ans de maturité, qu'ils portent ma foi fort bien.

Bref, j'ai passé un très très bon moment de lecture là où j'étais persuadée que j'allais buter par overdose de Dumas pour cette année... et j'en redemande!

Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Calliope et Belledenuit.