Des filets de perches en salade et des choses sans leur principe (minute philosophique)

Par Estebe

Coucou, nous revoilà les copines
L’autre jour (ou était-ce une nuit?) quelqu’un (ou était-ce quelqu’une?) nous disait quelque chose d’assez marrant. Vous noterez en préambule la précision chirurgicale de notre mémoire.

Bref, cet individu s’émouvait d’un des travers de la modernité; laquelle invente en série des choses privées de leur principe.
Ben oui: le café sans caféine, la bière sans alcool, le thé sans théine, le fromage sans matière grasse. Sans parler des chanteurs sans voix, des moralistes sans morale et des gazettes sans gaz. Voyez où ça nous mène. Loin. Très loin.
Le Dr Slurp, soucieux de chevaucher son époque et d’enlacer son temps avec fougue, ne pouvait que créer sur-le-champ une recette épousant cette étrange manie contemporaine. Voilà donc une choucroute garnie sans choucroute ni garniture. C’est fort. Il s’agit en fait d’une salade tiède de perches au citron confit, basilic thaï et amandes rôties, le tout fort habilement rebaptisé.
Quel coquin, ce Slurp!

Pour deux personnes à nourrir voluptueusement, prévoyez 300 grammes de filets de perche (du Léman, du Titicaca ou du Lac aux Requins), un demi-citron confit, une demi-lime, deux brins de basilic thaï, des amandes et d’autres trucs encore, comme du courage, de l’application et de la dévotion.

Ecrabouillez
les amandes au pilon. Torréfiez-les sans matière grasse à la poêle quelques minutes.
Préparez votre vinaigrette en touillant le demi-citron confit très finement émincé, le jus d’une demi-lime et une cuillère d’huile d’olive. Plus sel et poivre, va sans dire. Goûtez. Il faut que ça soit vif et bon.

Ciselez le basilic grossièrement.
Rincez les filets de perche. Séchez. Puis poêlez-les à feu vif presto dans une noisette de beurre, une minute côté peau, quelques secondes côté chair. Essorez les ensuite sur du papier ménage.
Disposez joliment - ou pas - sur une assiette de faïence. Arrosez de vinaigrette. Coiffez de basilic et d’amandes. Une pincée de fleur de sel. Et paf!
Avec la choucroute garnie sans chou ni garniture, un vin sans raisin eût été idéal. Il y a toutefois des zones extrêmes de la branchitude que notre morale se refuse d’explorer. C’est donc un blanc à base de chardonnay qu’on préconise: un Jurassien grand teint, la Bardette 2004 de Monseigneur Labet. Grand vin. Ça cingle, ça enrobe, ça persiste. Ça te laisse la bouche groggy d’émotion, la papille rêveuse et le goulot vivifié. Parfaitement.
A plouche
PS1. Les vacances? Mmmmm... trop courtes. Bande de veinards: on vous épargne la soirée-diapos.


PS2. Gag final. Comment appelle-t-on un con en surpoids? Un gros con. Warf.