Smartphone à tout faire

Publié le 08 août 2011 par Tcuentofr @tcuento_fr

Auteur: Anne d’Aubree- Source: Les Echos Judiciaires

Payer sa baguette de pain, valider son titre de transport avec son téléphone mobile…Les expérimentations techniquement réussies se succèdent. Et les plus grands acteurs, comme Google, se lancent dans la bataille pour convaincre les consommateurs.

En mai dernier, Google a présenté « Google Wallet », son système de paiement sans contact basé sur la technologie NFC (Near Field Communication). Concrètement, les consommateurs équipés d’un smarphone doté d’Android, le système d’exploitation pour mobile de l’entreprise, peuvent régler leurs achats dans les boutiques. Ils peuvent se servir de leur téléphone mobile comme d’une carte de crédit, qu’il suffit d’approcher du terminal de paiement du commerçant pour payer. Certes, pour l’instant, la portée de l’offre de Google reste limitée au territoire nord-américain. De plus, seuls les consommateurs équipés d’un appareil «Nexus S» pourront en bénéficier, et uniquement chez les commerçants qui participent au projet et qui se sont dotés des terminaux de paiement sans contact, comme la chaîne de restauration rapide, Subway, par exemple.

L’Asie pionnière

Si, aux Etats-Unis, le paiement sans contact via mobile en est à ses balbutiements, en Asie, et tout particulièrement en Inde et en Chine, cette pratique est déjà une réalité qui ne fait que croître. En Inde, le nombre d’utilisateurs devrait grimper à 400 millions en 2015, d’après le cabinet d’études Jupiter Research, qui a publié une étude en juin. Selon cette dernière, entre 2011 et 2015, le nombre de personnes utilisant leur téléphone mobile comme moyen de paiement devrait augmenter de 40% dans le monde entier. Au total, le nombre de mobinautes qui paieront, via leur mobile, devrait donc passer de 1,8 milliard à 2,5 milliards. Et Google, ainsi que d’autres concurrents, entendent bien diffuser leurs solutions dans le reste du monde, y compris en Europe.

Mieux, à en suivre les professionnels, les consommateurs seront ravis de payer avec leur téléphone mobile, ou d’y concentrer leurs fonctions de cartes de transport ou de fidélité. Ainsi, 41% des Français seraient favorables au paiement mobile et attendraient de nouveaux services, d’après une étude Ifop, citée par Laurent Houitte, directeur marketing France de Wincor Nixdorf. C’était lors d’une table ronde sur le développement du paiement sans contact en France qui réunissait plusieurs professionnels du secteur, à l’occasion du lancement du salon « Cartes et Identification », le 26 mai dernier à Paris. Pour Laurent Houitte, les consommateurs seraient séduits par la simplicité d’usage et la rapidité qu’offre cette technologie.

Mais, des questionnements demeurent sur la sécurité de la démarche. « Il y a une éducation à faire pour les accompagner », estime Laurent Houitte, qui remarque que « 60% des paiements en France sont faits en espèces, et encore plus pour les petits montants ».

L’argent liquide a la peau dure

En fait, le paiement sans contact mobile serait « plutôt un usage complémentaire. Pour payer le parcmètre, quand on n’a pas de monnaie, ou faire un achat rapide sans sortir sa carte bancaire », estime, pour sa part, Anne Bouverot, directrice des services mobiles chez France Telecom. Pour elle, celui qui prétend abolir l’argent liquide est «ambitieux». Dans plusieurs pays européens, diverses expérimentations de paiement et de développement de nouveaux services via mobiles ont connu un certain succès. Néanmoins, les freins ne manquent pas, et la marche est longue entre une expérience localisée et la généralisation du paiement sans contact via mobile. En effet, pour que cette pratique se diffuse, il est indispensable que les parcs des mobiles et les terminaux de paiement des commerçants soient adaptés à cet usage.

Plus complexe encore, tous les acteurs qui contribuent à ce système, banques, opérateurs, fabricants de mobiles… doivent s’accorder sur des normes communes, afin de créer un système qui fonctionne pour tous. Or, pour l’instant, en Europe, les infrastructures nécessaires sont loin d’être généralisées. Ainsi, en 2010, 20% seulement des terminaux de paiement vendus aux commerçants étaient aptes à recevoir un paiement sans contact. C’est toutefois deux fois plus que l’année précédente. Côté smartphones, l’opérateur Orange a annoncé qu’il mettrait sur le marché un million de téléphones NFC en France. Et Samsung, suivi par d’autres fabricants de mobiles, s’y met également. Mais, pour l’instant, les initiatives avancent en ordre dispersé. Or, le risque, c’est la « fragmentation du NFC », le fait, par exemple, que Google ou Apple proposent chacun des solutions différentes, incompatibles les unes avec les autres, alerte Vincent Berge, co-fondateur de Think&Go NFC. Sa start-up élabore de nouveaux services que les entreprises pourraient proposer à leurs clients, via les mobiles. Exemple, la proposition d’opérations de promotions ou de couponing. Or, nos «clients veulent déployer du NFC s’ils touchent 20% de leur cible, et cela ne sera pas le cas l’an prochain », prévient-il.

Shopping du futur

L’implantation d’une solution de paiement dans les téléphones mobiles n’est en effet que l’une des perspectives qui font rêver des professionnels comme Vincent Berge: ils préfèrent réfléchir à des services sans contact mobile, plutôt qu’au simple paiement. Et ils vont jusqu’à imaginer de nouvelles façons de faire du shopping, où le téléphone mobile devient un intermédiaire indispensable. Ainsi, la solution de paiement imaginée par Google s’intègre dans une offre complète: géolocalisé via son téléphone, l’utilisateur peut visualiser les offres de bonnes affaires des magasins proches et stocker des coupons de réduction ou des cartes de fidélité sur son mobile. Il pourra ensuite, en se rendant dans le magasin, en bénéficier, et bien entendu, payer sans contact avec son mobile.

Vincent Berge, lui, imagine diverses formules de «NFC shopping », du futur, «à mi chemin entre le e-commerce et le commerce traditionnel ». Par exemple, sans quitter sa cuisine, il suffira de capter avec son smartphone les images de son camembert favori ou de son produit à vaisselle usuel, pour les transmettre à son supermarché virtuel (voir billet précédent).

Autre exemple, dans un domaine différent: pour les personnes âgées, capter l’image du médecin avec son smartphone pourra déclencher automatiquement un appel téléphonique d’urgence.

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