Economie, une question politique

Publié le 08 août 2011 par Egea

Sans surprise, cela continue de chuter, avec un CAC à 3125 points : soit 19 % de baisse en onze jours ! je ne sais pas ce que c'est qu'un krach, mais en ce moment, ça y ressemble fortement.

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Bien, so what ?

1/ L'alternative n'est pas économique. En effet, les "marchés" veulent deux choses contradictoires :

  • à la fois des politiques de rigueur pour combler les dettes budgétaires des pays les plus fragiles (Grèce, États-Unis, Portugal, ...), mais ce qui a pour conséquence de miner la croissance : ce sont des politiques récessives.
  • et en même temps des politiques de renflouement, autrement dit de planche à billet, donc de dettes toujours plus publiques, ou plutôt toujours plus de dette, car il faut, n'est-ce pas? soutenir la croissance.

2/ Il reste que la solution est politique. Avez-vous remarqué que ce matin, sur les radios (Minc, Barnier, ...) le mot qui revenait en boucle était "fédéralisme", parfois assorti pudiquement d'un "fédéralisme budgétaire". Autrement dit : des obligations européennes (on ne distingue plus la dette de tel ou tel État, mais on collectivise tout ça dans une obligation européenne, moyenne aussi bien de la dette grecque que de la dette allemande).

3/ Juste une petite difficulté : qui gouverne ? car comme on dt à l'armée, "qui commande paye". Ou peut-être "qui paye commande". En fait, la première option est celle des Français, la seconde celle des Allemands.

4/ Relisons ici les mots que l'excellent philae, prête-nom de la série fiction de l'été du Monde (terminus pour l'euro), prête à l'ambassadeur de France en Allemagne, Gourdault-Montagne :

  • "Nous Français, sommes obnubilés par son mode social, fait de compromis constants. EN réalité, c'est une société très conflictuelle.
  • et en même temps, un plus grande confiance en soi de la nation allemande.
  • l'Allemagne a cessé d'être égalitaire. C'est une rupture fondamentale.
  • Les Allemands et nous avons ceci en commun que nous ne savons pas partager le pouvoir.
  • on dit souvent que l'Europe avance grâce à la locomotive franco-allemande. J'en suis pour ma part arrivé à la conviction que c'est l'inverse. L’Europe en vérité sert aujourd'hui encore à ce pour quoi elle a été créée : gérer une relation franco-allemande structurellement déséquilibrée, et conflictuelle. Ce sont les autres qui nous font tenir ensemble, pas nous qui assurons l'unité européenne".

5/ Ne nous trompons pas : un fédéralisme budgétaire, c'est un fédéralisme. Car derrière ces mots de fédéralisme budgétaire, il faut entendre arbitrage, décision, y compris pour imposer telle ou telle décision à tel État membre "dans le besoin". C'est donc non seulement baisser les dépenses (donc les services publics) mais aussi augmenter les impôts. Or, c'est le peuple qui "consent à la contribution publique" selon la DDHC. Bref, celui qui décide de l'impôt doit bénéficier du pouvoir souverain. Donc, derrière le fédéralisme budgétaire, il y a le fédéralisme tout court.

6/ Est-on prêt à y aller aujourd'hui ? Non, je ne crois pas.

7/ Alors ? Alors, l'alternative n'est pas l'éclatement de l'euro, comme nous le dit le débat politique français, un peu limité et franchouillard, pour tout dire. L'alternative, c'est l'effondrement du système. Je sens que voici revenir mon quart d'heure eschatologique..... Mais en ce moment, il n'y a guère de choses qui incitent à l'optimisme.

Réf :

  • crac-krach
  • Europe une heure de vérité (déjà, en mai 2010...)
  • fiscalité et démocratie
  • paradis fiscaux

O. Kempf