J.S Romanides : Le Seigneur de Gloire et les Conciles Oecuméniques

Publié le 08 août 2011 par Tudry

Le Seigneur de Gloire et les Conciles oecuméniques, John Savvas Romanidès

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« Par Ecritures le Christ commes les Apôtres entendent l'Ancien Testament, auquel le Nouveau Testament fut ajouté. Les Evangiles de Marc, Matthieu et Luc furent conçues afin de servir de guides pré-baptismaux durant les étapes de la purification et de l'illumination de la personne intérieure dans le coeur. Le fait que Christ soit le même Seigneur de Gloire qui Se révéla Lui-même à ses Prophètes de l'Ancien Testament devint manifeste lors de Son baptême et de Sa transfiguration lorsqu'Il montra la gloire et le règne de Son Père comme étant siens par nature. L'Evangile de Jean fut conçu afin que chacun puisse avancer dans l'illumination et atteindre à la glorification (Jean 17) par laquelle chacun voit pleinement la glorification du Seigneur de Gloire en Son Père et celui-ci dans Son Fils (Jean 13 : 31, 18-21). Cette pour cette raison de Jean fut appelé « l'Evangile spirituel ».

Ceux qui sont ainsi initiés dans le Corps du Christ n'apprennent pas ce qui concerne l'incarnation, le baptême, la transfiguration, la crucifixion, la mort, la mise au tombeau, la résurrection, l'ascension et le retour pentecostal du Seigneur de Gloire dans les flamme de feux incréées de Son Esprit pour devenir la tête de Son Corps, l'Église, simplement en étudiant des textes de la Bible. Ils étudient la Bible en tant que partie intégrale du processus de purification et d'illumination de leurs coeurs afin qu'ils soient prêts pour la glorification dans ce même Seigneur de Gloire Qui a glorifié Ses Prophètes de l'Ancien Testament mais qui est désormais dans Sa nature humaine né de la Vierge Marie.

Ce fut dans ce contexte que l'ancienne Eglise a identifié Christ avec le Seigneur, Ange et Sagesse de par Qui Dieu a créé le monde et a glorifié ses amis, les prophètes, et par Qui Il délivra Israël de ses liens et le guida jusqu'au temps où Il se fit Chair Lui-même pour mettre fin au règne de la mort sur Son Eglise. Au lieu de leur glorification les prophètes de l'Ancien Testament moururent. Mais désormais « si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort » (Jean 8 : 52-53). Il y a maintenant une première résurrection de la personne intérieure (Ap. 20 : 5) et une seconde résurrection du corps (Ap. 20 : 6) et, également, une seconde mort du corps (AP. 20:14).

Même des hérétiques tels que les Ariens et les Eunomiens, condamné par le Premier et le Second conciles oecuméniques, prenaient pour assuré cette identité du Christ avec le Seigneur de Gloire de l'Ancien Testament. Toutefois, clamaient-ils, cet Ange de Gloire était la première création de la Volonté de Dieu, tirée du non-être avant tous les temps et non co-éternel au Père. Ils arguaient de la visibilité de l'Ange de Gloire aux prophètes comme une preuve de Sa nature créée, en un sens presque similaire à ces gnostiques qui identifiaient cet Ange de l'Ancien Testament avec leur dieu créateur second de ce monde supposément mauvais, celui qui aurait dupé Israël.

Les Ariens et les Eunomiens ignoraient ou rejetaient de même le fait que par la glorification quelqu'un devienne dieu par grâce (theosis) et qu'alors il voit la gloire et le règne incréés de Dieu en Christ par Dieu Lui-même. En cause, le fait que Dieu Lui-même se révèle Lui-même à Ses amis glorifiés et pas par le moyen d'une créature, à la seule exception de la nature créée de Son Fils. Ainsi la grâce et le règne que Christ communique à Son Corps l'Église est incréée. La doctrine franco-latine selon laquelle la grâce communiquée est créée n'a aucune place dans la tradition des Conciles Oecuméniques.

La raison pour laquelle ces aspects des Conciles Oecuméniques ne jouent aucun rôle dans les histoires des doctrines latines et protestantes tient dans le fait qu'Augustin a largement dévié d'Ambroise et des Pères dans sa compréhension des apparitions du Logos aux prophètes de l'Ancien Testament. Ses mésinterprétations sont devenues le centre de la tradition franco-latine. Les histoires Protestantes et Latines de la doctrine, conscientes de la déviation d'Augustin concernant l'identification de Christ avec cet Ange de Gloire, assurent que cet identification fut rejetée hors de la tradition à cause de l'usage qu'en faisaient les Ariens. Néanmoins cette tradition fut préservée intact dans les Eglises de l'Empire Romain et continue à être le coeur de la tradition orthodoxe. C'est le seul contexte pour les termes Trinitaires et christologiques : Trois substances, une essence et l'homoousion du Logos avec le Père et nous. Ils furent et demeurent insensés dans le contexte augustinien.

Augustin a cru faussement que seuls les Ariens indentifiaient le Logos avec cet Ange de Gloire de l'A.T. Il n'était pas conscient qu'Ambroise (l'évêque dont il disait qu'il avait ouvert son esprit à l'A.T et qui l'avait baptisé) et tous les autres Pères faisaient de même. Les Ariens et les Eunomiens arguaient que la preuve que le Logos était créé se tenait dans le fait qu'Il était par nature visible aux prophètes de l'A.T, alors que seul le Père était invisible. Augustin n'a pas compris les expériences bibliques de l'illumination et de la glorification qu'il a confondu avec l'illumination et l'extase néo-platoniciennes. Il a relégué la glorification à la vie après la mort et l'a identifié avec la vision de la substance divine qui est supposée satisfaire le désir de l'homme pour le bonheur absolu. Sa compréhension utilitariste de l'amour lui a rendu impossible la compréhension de l'amour non-égoïste qui glorifie dans cette vie. De ce point de vue il ne diffère pas des Ariens qu'il a attaqué.

C'est au coeur de ces présuppositions néo-platoniques qu'Augustin a cru résoudre le problème soulevé avec l'explication suivante : les Trois Personnes de la Sainte Trinité, étant également invisibles, se révèlent et révèlent leurs messages aux prophètes au moyen de supposées créatures variées (tels que gloire, nuée, feu, buisson ardent...) qui sont amenées à l'existence (genomena) pour être vues et entendues et qui sont ensuite retirées de l'existence (agenomena). Dieu est devenu visible en permanence dans la nature humaine de Son Fils par Qui Il communique messages et concepts. Toutefois, Il est supposé continuer à révéler des visions et des messages par des moyens créés qu'Il fait passer de l'existence à la non-existence selon les besoins, tels que l'oiseau du baptême de Christ, les langues de feu de la Pentecôte, la gloire / lumière / règne de Dieu révélé lors de la transfiguration, la nuée/gloire sur laquelle Christ monte au ciel, la voix du Père par laquelle il annonce se complaire en Son Fils, le feu de l'enfer...

Ces symboles verbaux par lesquels les écrivains de l'Ancien et du Nouveau Testament exprimaient les expériences de l'illumination et de la glorification furent ainsi réduits à des objets temporaires et à des miracles incroyables. C'est devenu la tradition franco-latine à laquelle les Latins comme les Protestants adhèrent encore.

L'un des plus remarquables effets collatéral de telles incompréhensions est l'usage du mot « royaume » qui sature les traductions du Nouveau Testament et qui n'apparaît pas une seule fois dans l'original grec. Le terme grec « BASILEIA de Dieu » désigne le règne incréé de Dieu et en aucun cas le royaume créé gouverné par Dieu. »

Extrait de The Sickness of religion and its cure, de John Savvas Romanides. Traduction : Th. Jolif-Maïkov