Pourquoi choisir ?

Publié le 14 août 2011 par Gentlemanw

Elle était si heureuse depuis la fin de ses études, elle la bûcheuse, celle qui avait des amis, un groupe de copines aussi décidées qu'elle à réussir. Elle consacrait de nombreuses soirées, point trop nombreuses, juste en fonction de ses connaissances et de sa volonté de passer ses examens avec cette assurance et ce stress positif pour se dépasser, pour atteindre son diplôme. Naturellement, elle avait rempli sa petite chambre de bonne, un sixième étage, tranquille d'une rue bruyante, mais le son de la rue semblait s'arrêter au quatrième. 

Des étagères, installées le premier jour après avoir quitté maman, remercier papa, de leur investissement dans cette chambrette, une nouvelle liberté, aussi un nouvel espace de responsabilité, pour travailler, pour ses études, pour ses livres, pour elle-même, jeune femme.

Papa avait bricolé des tiroirs et un mini dressing, pour une "chambre de fille", avait-il dit en rigolant. Des coins et de recoins vides le premier mois, et rapidement envahi de colliers, de jeans de toutes les couleurs, de sandales, de ballerines vernies, ses chéries, et de quelques escarpins. Un sac seulement, elle l'aimait pardessus tout, son cuir usé aussi, son sac à dos souple et géant. Un modèle des années 80 trouvé dans une friperie. Les livres pour son plaisir, pour les études, ils s'entassaient un peu partout, se nichaient même dans  les toilettes, sous le lit, son lit de princesse, choisi en rose, juste pour rire.

Elle était maintenant en route pour la vie, le travail, son job de kinésithérapeute. Associée avec une autre amie dans un nouveau cabinet, prochainement. Mais il lui manquait une personne avec elle. Non que le cliché du couple parfait, de la vie routinière lui manque, loin de ce schéma réducteur, du mariage et des bébés à la suite, mais pour qui son coeur battrait-il ?

Elle était sorti, elle avait fait la fête, croisé des jeunes personnes charmantes, elle avait partagé son lit avec une copine, un soir de ciel rose sur Paris. Une non évidence qui lui avait été offerte, une complicité, des caresses, un sourire, puis d'autres. Elle avait découvert comme elle l'avait fait quelques mois plus tôt avec ce jeune étudiant en médecine. Elle avait aimé aussi cette complicité masculine, ce mâle en toute puissance et surtout en totale délicatesse, qui avait dégusté son corps. Elle adorait la douceur, son univers de vie, celui qui serait si possible avec elle, toute sa vie durant. La douceur et la délicatesse qu'elle avait découvert avec une amie en achetant de la lingerie, des dentelles, petit à petit qui avait remplacé son tiroir de culottes en coton, pour ce plaisir plus subtil, plus proche d'elle, juste pour elle. Cette culotte de soie qu'elle adulait comme un fétiche pour réussir les examens les plus difficiles, un confort caché, un sourire interne.

La douceur des corps qui aujourd'hui flottait autour d'elle dans son lit rose, avec ses boites doublées de satin, avec des livres géniaux où elle s'évadait dans des rêves glamour, avec une princesse ou un prince, dans ses bras. Elle était heureuse de ne pas avoir à choisir, comme une option de matières pour ses études, là ses amours, ses sex-friends restaient des plaisirs comme une gourmandise passagère, insouciante, mais délicieuse.

Pourquoi choisir entre l'une ou l'autre ? Elle s'était posé quelquefois la question, en arrivant à une soirée, qui regarderait-elle en premier, les beaux garçons, en tee-shirt moulant, en marinière, jouant les éphèbes perdus pour elle, ou les jeunes filles en tunique courte, liberty flottant et leggings si légers. Elle était là, elle regardait, faisait signe à une personne, avançait, prenait une flûte de champagne rosé, souriait, elle embrasserait le vainqueur dans le noir, la gagnante dans un flot de lumière.

Pourquoi choisir ? Elle était heureuse.

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