Justice expéditive

Publié le 14 août 2011 par Malesherbes

Après les émeutes qui ont affecté plusieurs villes de Grande-Bretagne, il a été décidé de juger en comparution immédiate les personnes alors arrêtées. On comprend bien sûr que les autorités tiennent à apporter une réponse rapide à ces désordres afin d’éviter leur reproduction. Mais je crains que des sanctions décidées hâtivement par des tribunaux siégeant même la nuit n’alimentent un sentiment de révolte chez les jeunes ainsi condamnés. Et même s’il est aventureux de comparer des pays différents, je ne puis m’empêcher d’opposer cette précipitation aux six années qui ont été nécessaires pour finalement accorder un non-lieu aux policiers accusés de n’avoir pas assisté les deux jeunes grillés dans un transformateur à Clichy-sous-Bois en 2005. Ce drame avait été à l’origine d’émeutes dans nos banlieues.

J’ai aussi entendu sur France-Info l’information suivante : lors des émeutes en Grande-Bretagne, on avait trouvé un jeune en possession d’une cagoule mais sans qu’il s’en soit coiffé. Un juge l’a condamné à six mois de prison ferme. Si porter des armes sans y être autorisé est condamnable, je ne pense pas qu’il soit interdit d’avoir sur soi telle ou telle pièce de vêtement. On a ainsi emprisonné une personne en la soupçonnant d’avoir eu l’intention de revêtir une cagoule. Comment peut-on envoyer quelqu’un en prison sur la base d’une intention dont on aurait du mal à prouver l‘existence ?

Ce juge a encore davantage malmené la justice, en déclarant avoir voulu envoyer un signal fort aux émeutiers. La loi fixant les peines à prononcer, la tâche d’un juge est de déterminer si un prévenu est coupable et d’infliger ensuite une sanction qui tienne compte du délit commis et de la personnalité de l’accusé. Le terme de peine exemplaire m’a toujours révolté. La justice n’a pas à faire des exemples, elle doit appliquer la loi au vu des deux éléments indiqués ci-dessus. Faire un exemple, c’est nier la justice.

Pour rétablir l’ordre, on n’hésite pas à risquer de jeter en prison des innocents. On pourrait ensuite satisfaire ceux qui sont prêts à tirer à balles réelles sur les émeutiers. Enfin, fort de la valeur de l’exemple, pourquoi ne pas suivre celui de Bachar el-Aassad et écraser les pillards sous des chars ?