[Critique dvd] Les femmes du 6 ème étage

Par Gicquel

Loin des films d’anticipation, cette histoire sent presque la poussière. Parce qu’il y est question de femmes de ménage, facile, mais surtout en raison de son charme suranné, aux connotations sociales encore bien présentes. Cette comédie, imaginée par Philippe Le Guay redessine joliment les charmes des années 60 dans un Paris propre et feutré.

Là où vit M.Joubert, agent de change, homme d’actions et d’obligations. Il se satisfait d’un quotidien tranquille, se tient à sa juste place d’homme honnête qui s’est accoutumé des exigences de sa mère, et de sa femme…qui règnent sur leur grand appartement. C’est quand même fatigant la vie de «  femme de » comme l’imprime sur son visage la charmante Sandrine Kiberlain. Pensez donc,  les rendez vous s’accumulent, le thé, le bridge, la couturière…Et ce statut social qui exige de madame une maison irréprochable !

Mais la bonne est là et la poussière s’en va ; elle veille au confort de chacun, distribuant sur chaque génération et de ses attentions et de son affection. Quand celle de M.Joubert claque la porte,  Maria ( Natalia Verbeke très en verve ) est aussitôt embauchée via la filière hispanique, qui va tant faire parler, et chanter, et danser dans ce film qui déjà ne sent plus trop le renfermé.

Il est en effet question de  flux migratoire, du franquisme que l’on fuit pour gagner à Paris l’argent indispensable à la liberté. Propres, courageuses, efficaces, les femmes espagnoles travaillent au moins 12 heures par jour, et logent au 6eme étage dans leurs chambres de bonnes. Peines et joies partagées, chacune nourrit son rêve, en médisant parfois des patrons.

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M.Joubert, qui ignorait tout de ce petit monde perché là-haut au dessus de son petit bonheur bourgeois, le découvre maintenant  et s’émerveille.Attentionné, respectueux, sensible, le voici charmé par ces femmes aussi gaies que dignes et bavardes et le voilà atteint du goût de la liberté, de l’égalité et …et de l’amour.

Tout sonne juste dans ce film où  les frémissements de 1968 se font déjà sentir ; il y a de la révolution et de la révélation dans l’air .Fabrice Luchini, tout en retenue est touchant d’humanité, et les actrices  aussi émouvantes les unes que les autres. Mention spéciale à Natalia Verbeke qui illumine ce film.

LES BONUS

Making-of (20 mn)

Un brin de making of, des répétitions, un zest de témoignage sur l’époque du film, les années 60…

Comme celui  du prêtre José Etchelus qui officie dans le film et en vrai.Ou les femmes de ménage : «  à cette époque là, on n’avait pas de problèmes, ça n’allait pas dans un endroit, le lendemain, on retrouvait une autre place ».Luchini qui ne peut pas s’empêcher de citer Stendhal à l’occasion de la scène de la messe dit ne pas avoir grand-chose à faire.   « C’est un rôle qui reçoit des impressions, je n’ai qu’à recevoir »

Et pour finir sur la scène du pique nique bien évidemment….

 Scènes coupées

Pour la distribution du courrier par Mme Triboulet, le droit de cuissage ,l’annonce du mariage de Bettina ,les actions de Dolorès,ou un joli plan sur le couloir du sixième, telle une nature morte

Entretien avec  Fabrice Luchini

 « Le cinéma c’est un art qui peut filmer la dramaturgie du psychisme, mon rôle est d’être un observateur, au théâtre ça ne pourrait pas se faire, quelqu’un qui regarde quelqu’un d’autre, ça va cinq minutes » .Quand on lui demande ce qu’il possède de l’Espagne, c’est quasi nada, à part des souvenirs sur une île espagnole et de la postière…Un joli moment !