Stop, réinitialisons le système!

Publié le 24 août 2011 par Nadia Lamlili
Je ne cherche pas un gourou. Mais j’avais besoin de Krishnamurti pour faire une pause avec tous les événements qui se précipitent dans le monde et leur lot de questionnements sur nos vies, nos idées, notre avenir. En un mot, j’avais besoin d’un vidange complet pour me remettre à plat et me centrer sur l’essentiel, mon essentiel. Si vous êtes dans cette même situation et que vous ressentez la même inquiétude et la même confusion dans votre esprit, lisez Krishnamurti ou revisitez-le pour ceux qui le connaissent déjà. Ses idées ne meurent jamais. L’important n’est pas d’être d’accord avec toute sa pensée, mais de vous pousser à vous interroger au plus profond de vous mêmes, sur des concepts qui vous paraissent banals, conventionnels, des concepts que vous défendez acharnement mais sur lesquels vous ne vous êtes jamais posé la question de leur origine, s’ils vous poussent réellement à vous accomplir et vous rendent heureux ou s’ils ne font qu’emprisonner votre âme et votre être dans un semblant de satisfaction qui n’est finalement qu’un mirage...
Parfois, ce philosophe indien me paraît trop profond à mon goût. Aussi profond qu’il me dérange. Et je n’ai pas envie d’aller trop loin avec lui. J’avoue que j’ai zappé certains passages de son livre «La Première et Dernière Liberté» car je n’étais pas prête à l’écouter. Mais sur d’autres, j’ai mis des heures à les lire et les relire. Je suis consciente de mon comportement contradictoire. Vous aussi pouvez l’être, comme vous pouvez tout lire d’une seule traite sans ressentir le moindre agacement. A chacun son rythme, sa capacité à digérer et à accepter cette pensée. J’avoue par exemple que tout le passage sur la croyance en Dieu m’a énormément secoué. «Par manque d’intelligence, nous acceptons l’idée d’une supra-intelligence, qu’on appelle Dieu. Mais cette supra-intelligence ne vous accordera pas une vie meilleure. Ce qui mène à une vie meilleure, c’est l’intelligence, et il n’y peut y avoir d’intelligence s’il y a croyance, s’il y a des divisions de classes, si les moyens de production sont dans la main d’une minorité (...). Vous croyez de différentes façons, mais vos croyances n’ont absolument aucune réalité. La réalité, c’est ce que vous êtes, ce que vous pensez et votre croyance en Dieu n’est qu’une évasion de votre vie monotone, stupide et cruelle». 
Certains passages vont vous secouer peut-être d’indignation, de refus ou...d’exaltation comme quand il dit: «L’acceptation d’une croyance (Dieu, le communisme, le capitalisme...) n’est-elle pas un couvercle mis sur notre peur, cette peur de n’être rien du tout, d’être vide?».
La connaissance, les idées, l’amour, l’esprit critique, la souffrance, la guerre...l’auteur donne son enseignement dans son livre-culte et vous invite à partir en exploration de la constitution humaine. Je ne crois pas que son objectif était de se faire des disciples dans une quelconque démarche sectaire comme cela a pu être dit de lui. Bien au contraire, il nous livre le résultat d’une profonde révolution intérieure, un coup de balai personnel et que certains écrivains qualifient de «salutaire», pour nous pousser à nous questionner, à se comprendre soi-même... à sortir de cette imitation conventionnelle qui nous a fait rentrer dans un moule social statique auto-destructeur. «C’est parce que vous et moi ne sommes pas créatifs que nous avons réduit la société à ce chaos. Et maintenant, le problème est urgent, aussi est-il indispensable que vous et moi soyons créatifs, que nous soyons conscients des causes de cet écroulement et que nous édifions une nouvelle structure, basée non sur l’imitation, mais sur notre force créatrice. La pensée négative est la plus haute forme d’intelligence. Je veux dire qu’en vue de comprendre ce qu’est une pensée créatrice, il nous faut aborder le problème négativement. En effet, toute approche positive de ce problème serait imitative». Certains appellent cela de l’esprit critique, d’autres du nihilisme...Une chose est sûre: la théorie de «nous sommes les meilleurs» ou «nous sommes une exception» est un pur mensonge, destructeur en plus.