[blu-ray] Dracula, Bram Stoker en haute-définition

Par Vance @Great_Wenceslas

Un film de Francis Ford Coppola (1993) avec Anthony Hopkins, Winona Ryder, Keanu Reeves & Gary Oldman

Un blu-ray GCTHV region 2 « édition Deluxe – 15e anniversaire » (2007)

Visionné en VOstf (piste PCM 5.1)

Synopsis : A la fin du Moyen-Age, le prince Vlad Dracul constitue un des derniers remparts de la chrétienté face aux hordes turques dans l’est de l’Europe. Sans pitié pour ses ennemis, il inspire la terreur mais se console dans les bras d’Elisabeta, sa fiancée. Las ! De retour d’une de ses campagnes sanglantes, on lui fait part du suicide d’Elisabeta, qui le croyait mort. Son chagrin est tel qu’il renie Dieu qu’il a servi toutes ces années et invoque les forces obscures. Désormais vampire, le voilà 4 siècles plus tard en transactions pour acheter des terres en Angleterre : il fait appel à Jonathan Harker, un clerc de notaire dont la fiancée est le sosie parfait d’Elisabeta…

Une chronique de Vance

Lorsqu’on le voit pour la première fois, le Dracula de Coppola impressionne et rebute à la fois par ses outrances visuelles et ses choix esthétiques et artistiques. Pour qui connaît le mythe instauré définitivement par Bram Stoker, il y a de quoi être agacé, voire profondément choqué par l’adaptation : des personnages au caractère fortement marqué (sauf le très transparent Harker qui ne sert que d’intermédiaire), une sensualité exacerbée (notamment incarnée par une Monica Bellucci peu vêtue), des maquillages et des décors semblant issus de l’opéra, cadrant avec le choix d’une partition musicale hypnotique. Anthony Hopkins y interprète plusieurs rôles (chasseur de vampire, bien sûr, mais aussi prêtre médiéval et capitaine de vaisseau) et nous campe un Van Helsing tellement obsédé par sa quête qu’il en perd la raison. Et ne comptons par sur le polymorphe Gary Oldman pour stabiliser l’ensemble, entre un dandy au charme envoûtant et un vieillard iconique. Comme certaines critiques l’affirmaient : il fallait une certaine audace pour intituler cette œuvre Bram Stoker’s Dracula !

 

A l’aune des autres adaptations du roman déjà visionnées, la version de Coppola offre une alternative finalement réjouissante. Moins sombre, moins dense, moins mystérieuse et gothique que le choix de Murnau, moins immédiatement élégante que les films de la Hammer, cette extrapolation osée a le culot de puiser dans toute la grammaire cinématographique (en fait, un peu à la manière de Dreyer, avec de nombreux effets de transparence et de superposition ainsi que par le biais de raccords stupéfiants) pour en tirer des artifices de narration jubilatoires. Qu’il plaise ou non, le film ne peut que déclencher les passions, à l’instar de ces sensations et sentiments exacerbés qui lui confèrent un air d’opéra lyrique. Car tout y est bigger than life, à commencer par les douleurs et les chagrins qui orientent et balisent le film. Ceux qui souffrent, le font avec la manière, et toujours ostensiblement – le monde entier doit être mis au courant, et le manque de sobriété de la musique y concourt. C’est sans doute ce qui le rend parfois insupportable à ses détracteurs.

Pourtant, à bien y regarder, on s’aperçoit que le parti pris de Francis Ford Coppola est bien l’amour éternel – pas cette petite romance sucrée à la Twilight, mais ce sentiment puissant et dévastateur qui peut repousser les limites même du monde humain, défiant la mort et donnant un sens à l’existence. Il peut déplacer des montagnes, dit-on : eh bien, par cette œuvre, on en a l’impression. Si tant est qu’on adhère aux choix de réalisation, on ne peut qu’être séduit par ce flot de sentiments passionnés qui unit Mina, Vlad et Lucy dans une folle sarabande dantesque : le temps n’a plus de prises sur ces amants maudits, damnés et inconsolables.

 

Dracula est de ces films dont on ressort lessivé, exténué – mais qu’on peut très bien quitter au bout d’une demi-heure. Il n’en est pas moins devenu une référence, tant dans le VIIe Art que dans le  mythe vampirique. Le comte maudit dispose d’une palette de pouvoirs impressionnante, dont il use avec parcimonie mais finesse. Et ses faiblesses avérées (comme la lumière du soleil ou le besoin de reposer dans la terre de ses ancêtres) ne sont rien devant ce qui le perdra définitivement : un amour fou et ravageur.

Le blu-ray n'est pas, loin s'en faut, un modèle du genre. Conspué sur les forums à cause d'un master âgé et d'une définition chaotique, il offre cependant une image satisfaisante la plupart du temps et fait la part belle à la bande son, surtout en PCM (non compressé).


Ma note : 4,4/5