Pouffons ensemble sur l’UMP turbo-libéral

Publié le 25 août 2011 par Copeau @Contrepoints

Pouffons ensemble sur l’UMP turbo-libéral

« Les libéraux », ce sont ceux qui n’y connaissent rien et n’en ont jamais vu le moindre échantillon qui en parlent le plus. On en a un magnifique exemple lorsque la presse rapporte de fines analyses de politiciens et que ce mot y est évoqué. Là, c’est Le Monde qui ouvre le bal.

Côté presse, le sujet « Les Libéraux de l’UMP » provoque la bruine habituelle d’articles du Maônde, du Figolu, de Labération et autres puissants organes dont la relative turgescence doit beaucoup plus aux subventions étatiques qu’à leur lectorat déjà fort étiolé.

Et côté politique, tout son spectre est rempli de pignoufs vrombissant âneries sur âneries au sujet des libéraux quand ce n’est pas sur les autres sujets dont la maîtrise générale peine de toute façon à dépasser le niveau du CP.

À l’instar de la rencontre inopinée d’un proton et d’un anti-proton, la collision des pisse-copies incultes et des parlementaires ignares provoque un feu d’artifice de particules virtuelles d’information dont la nullité globale est parfaitement en ligne avec la théorie quantique. L’énergie produite est conséquente, et permet de produire plein de petites phrases juteuses.

Il faut bien comprendre que c’est un peu la guéguerre entre le Figaro d’un côté, vaguement acquis au socialisme honteux et inassumé de l’UMP, et les journaux comme Libé ou Le Monde de l’autre, farouchement et naïvement convaincus de la pertinence du socialisme et de son parti officiel.

Et actuellement, les primaires du PS se profilent assez mal : les tensions s’accumulent entre les bouffons qui se bousculent pour devenir patron à la place de Sarkozy. Tout ceci n’augure pas d’une victoire facile pour ce parti.

Dès lors, on ne s’étonnera pas que la presse relaie de façon fort sonore les bisbilles dans les rangs de la majorité, histoire d’y attiser les scissions, alors qu’on sait déjà qu’au moindre écart sensible, de vigoureuses distributions de baffes et de tonitruantes exclusions viendront calmer les impétrants.

Bref : une fois les transparentes machinations du Monde écartées, il n’en reste pas moins une somme considérable de déclarations affolantes.

Tout part de Dominique Bussereau.

Bussereau, ce n’est pas le nom d’un gros oiseau mou qui fait des « Chpont ! Chpont ! » rauques en lieu et place d’un « cuicui » clair et tonique, mais c’est bien le président du conseil général de la Charente-Maritime, et il a accordé récemment un entretien au Figaro. Et il y dit ainsi :

« Jean-François Copé a toutes les qualités intrinsèques pour être un bon chef de parti. Mais il doit davantage songer à 2012 et un peu moins à 2017. Le langage de l’UMP, en particulier celui de Jean-François Copé, est trop libéral et trop conflictuel. Il ne faut pas donner l’impression que certains travaillent au coup d’après. »

Oui, quand on y réfléchit, c’est vrai que ce brave Copé inspire immédiatement confiance mais qu’il a tout intérêt à calmer les flots de libéralisme puissant qui dégoulinent de sa personne, afin de ne pas effaroucher les dindons électeurs habituels du parti majoritaire.

Du reste, on s’interroge alors sur toutes les saillies du brave Jean-François qui permettraient de lui donner un Bonus Libéral si scintillant…

Eh bien en fait, il s’agirait de ses prises de positions sur la laïcité (il en veut beaucoup beaucoup), l’immigration (il en veut très peu très peu), et… c’est tout. Ça décoiffe, hein ? Surtout que ce qu’il propose en matière de laïcité (encore plus d’intervention de l’État) c’est… tout sauf libéral, et que ce qu’il suggère pour l’immigration c’est… tout sauf libéral.

Comme on peut le voir, c’est un déferlement de libéralisme côté Copé, et on comprend que l’UMP fasse tout pour le calmer : il ne s’agirait pas que la base socialiste de l’électorat note une similarité trop grande avec le PS. D’ailleurs, de son côté, Jean-François Lamour, un député qu’on chuchote filloniste (ce n’est pas une injure et ce n’est pas contagieux du tout), nous déclare : « Prenons garde à ne pas afficher cette seule image libérale de l’UMP. »

Il fallait bien sûr lire : « Prenons garde à ne pas afficher cette sale image libérale de l’UMP. ».

Voilà, c’est dit, c’est compris : le libéralisme à l’UMP, on le veut en dose homéopathique, surtout qu’on a absolument aucune idée de ce que c’est que ce machin-là. Et d’ailleurs quand on l’évoque, c’est avec les adjectifs-pincettes habituels de « ultra », « néo » ou « giga » (on s’y perd), comme Damien Meslot, député qu’on dit proche de Xavier Bertrand (On le dit « proche » parce qu’avec la rotondité croissante de Xavier Bertrand, il devient difficile d’être plus que ça).

Et que nous dit le Damien ? Ceci :

« Qu’observe-t-on depuis près d’un an que Jean-François Copé a pris les rênes du parti ? Les radicaux sont partis et les gaullistes sociaux se sentent isolés. On prend le risque de réduire l’UMP aux ultralibéraux alors qu’il faut se rassembler derrière le président de la République. »

Quand on se rappelle que les parlementaires ont compté dans leurs rangs, jadis, des gens comme Victor Hugo, on voit l’immense fossé dans lequel sont tombés ceux d’aujourd’hui, fossé dans lequel ils barbotent tous avec un contentement affiché quelque peu navrant.

Mon brave Meslot, si l’UMP devait se réduire aux ultralibéraux, il n’y aurait plus personne dans ce parti : il n’y a pas un seul de ces clowns qui ait émis une seule proposition vaguement libérale sur les 15 dernières années, pas un.

Le libéralisme de l’UMP ? Mais laissez-moi pouffer doucement !

Depuis que ce parti est entré dans le paysage français, et même en se contentant de regarder les catastrophes que Sarkozy a enfilé comme des perles, pas une mesure libérale n’aura été tentée.

Les tartuffes de gauche crient à l’ultralibéralisme lorsqu’ils évoquent, l’œil révulsé et la bave aux lèvres, la défiscalisation des heures supplémentaires. C’est comique (un socialiste qui bave, c’est courant, mais c’est toujours amusant). Un vrai libéral, sans même être turbo ou giga, aurait fait sauter la notion même d’heure supplémentaire et aurait détaché proprement toutes les cotisations du salaire pour instaurer le versement du brut intégral au salarié (ce qui leur aurait fait un joli bonus, au passage), en laissant aux syndicats, aux prud’hommes, aux salariés et aux patrons le soin de déterminer les modalités des nouveaux contrats de travail qui en auraient résulté. Les timides bricolages de l’UMP en la matière n’ont d’ailleurs absolument rien rapporté, si ce n’est des migraines. Le versement du salaire complet, en revanche, aurait nettement amélioré le sort de millions de personnes.

Quant aux autres « avancées turbolibérales » de l’UMP, les Français auront surtout noté l’averse compacte de taxes ou les mesures sécuritaires ridicules, contre-productives et visant toujours le portefeuille du contribuable avant la protection des victimes.

Entreprendre en France n’a jamais été aussi complexe et dangereux. Louer son bien en France n’aura jamais été aussi délicat. Symétriquement, devenir locataire n’aura jamais été aussi difficile. La dette a explosé dans des proportions babylonesques, en parfaite opposition avec tous les principes libéraux de base. L’avalanche ininterrompue de conneries pro-lobbies (que ce soit la musique ou les médocs, le bâtiment, les banques ou l’automobile, etc.) n’a même pas ralenti alors que la situation financière de tout le bordel étatique n’a jamais été aussi critique.

Et tout ça, ce serait ultralibéral ?

Vous, messieurs de l’UMP, vous, messieurs de la presse, vous avez quoi exactement à mi-chemin de vos deux oreilles pour oser prétendre dégoiser sur un tel sujet si vous dites d’aussi abrutissantes conneries ? Votre ultra-inculture et votre turbo-novlangue montrent surtout que des gens comme vous aux commandes d’un pays, ou pire, à manipuler l’opinion publique, représentent un vrai danger, permanent, constant et répété que vous infligez à ce pays depuis 35 ans !

Entre Le Monde dont les rédacteurs ont du mal à synchroniser leurs mouvements pour touiller en rythme la purée chaude qui flocule dans leur crâne et les énarques-winners empaquetés par douze au sein d’un parti résolument ancré dans la paillette, les bulles et un culte étrange des courses de poulet sans tête, la définition du libéralisme subit toutes les torsions possibles pour habiller le méchant, le vilain et le monstrueux.

Devant leurs analyses aussi foireuse de la situation, il sera donc d’autant plus drôle de les voir perpétrer les mêmes erreurs et provoquer les mêmes catastrophes, engloutissant ainsi la belle sociale-démocratie qu’ils chérissent affectueusement.

Et le bonus, c’est qu’ils disparaîtront avec elle.
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