Les Paradis Artificiels (Partie 5)

Publié le 25 août 2011 par Neriodc @neriodc

Marion était une belle brune bien proportionnée. Elle devait mesurer aux alentours d’un mètre soixante pour une cinquantaine de kilos grand maximum. Ses traits fins s’accordaient parfaitement avec ses beaux yeux verts. Ses cheveux noués lui donnaient un air sérieux.

-   Alors Johnny ? Je peux t’appeler Johnny hein ? Qu’est-ce qui t’amène ?

-   Euh oui tu peux … Et bien, je suis a la recherche de …

John se sentait bien ridicule à cet instant ? En effet, il ne savait pas vraiment ce qu’il cherchait. Il aurait eu l’air malin de lui répondre qu’il était à la recherche d’une sensation, d’une émotion…

-   En fait, je cherche quelqu’un……qui ….était là hier …….. et……. Voilà.

-   Ah ça, on est tous à la recherche de quelqu’un…

-   Non, mais pas quelqu’un dans ce sens-là… plutôt quelqu’un sans plus quoi.

-   Oui bien sûr. Quelqu’un sans plus. Sans moins non plus j’imagine ?

-   Pardon ?

-   Tu es pardonné, passons. Quitte à tuer le temps autant discuter que fais-tu dans la vie Johnny boy ?
 

Une fois de plus, John ne savait quoi répondre. Il ne voulait pas passer pour un loser et pourtant, c’était ce qu’il était. Après avoir envisagé de s’inventer une vie de toutes pièces, il décida de faire face à la réalité.

-   Je suis un Loser.

-   Un vrai ?

-   Un pur et dur ma chère. Alcoolique, fumeur, dépressif et sentimental.

-   Aye. Ah oui quand même. À toi seul tu réunis tous les personnages des livres de Beigbeder, il faut le faire quand même.

-   Et toi alors, que fais-tu ? Avec toutes ces références littéraires, tu es quoi ? Écrivaine ?

-   Non je suis joueuse de triangle professionnelle au Cirque du Soleil.

John parut surpris. Elle éclata de rire.

-   Mais non idiot ! Fais pas cette tête-là !! en vrai, je suis chroniqueuse et critique spécialisée en littérature.

-   Ah …. Super …

John s’en voulait encore. Une fois de plus il s’était comporté comme un parfait imbécile devant cette jolie fille. Ah que ce manque de répartie lui était préjudiciable !

-   Critique littéraire donc …  Livre préféré ?

-   Le grand secret de Barjavel. Sans hésitation.

-   Non tu rigoles ? Moi aussi !!

-   Arrête ! Aucun mec n’aime ce livre …

-   Je t’ai dit que j’étais un sentimental … Et puis vu la longueur de mes journées, moi aussi j’ai l’impression d’avoir attrapé le virus.

-   Ah ah ! J’adore ta manière d’appréhender ces trucs là.

À mon tour maintenant. Film préféré ?

-   Love actually. Aucune hésitation non plus.

-   Impossible !!

-   Bien sur, tu vas me dire que toi aussi c’est ça … ?

-   C’est ça !

-   Une critique littéraire aime ce genre de navet alors ?

-   Hé ! Je suis une petite fille sentimentale avant d’être une grande critique littéraire crainte par tous.

Ils éclatèrent de rire.

John commençait à se sentir bien à ses côtés.  Marion était un peu spéciale dans son comportement et il pensait avoir trouvé une personne au moins aussi dérangée que lui.

-   Alors, chouchou, continuons de plus belle ! Ville préférée ?

-   Venise !

-   J’adore Venise !

-   Tu y as été ?

-   Euh non. Le palazzio à Las Vegas ça compte ?

-   J’imagine. Il y a des gondoles non ?

-   Bien sur !

-   Alors ça compte.

Ils étaient tous deux surpris du nombre de similitudes entre leurs gouts personnels.

Soudain, une voiture arriva dans cette rue exclusivement piétonne. De ce fait, elle peinait à avancer jusqu’au moment ou elle resta bloquée au niveau du café. De la fenêtre de cette belle Mini Cooper s’échappait une mélodie familière.

« Lisztomania

Think less but see it grow

like a riot, like a riot, oh!

I’m not easily offended

It’s not hard to let it go

From a mess to the masses »

-   Hey Johnny Johnny !! J’adore cette chanson !!

-   Ahah et moi donc … Si tu savais à quel point.

-   Tu te rappelles hier soir ? Ils l’ont passée plusieurs fois !!  On a même fait une bataille de champagne sur cette chanson !

Cette révélation permit à John de se remémorer quelques bribes de la soirée. Effectivement, la musique était passée. Il se rappelait la bataille de champagne et surtout de la fille l’arrosant depuis le podium.

Enfin ! Il avait retrouvé cette sensation. Aussi minime soit elle à cet instant précis, il savait que tout tournait autour de cette fille. Maintenant il lui fallait se concentrer.