ROUTE DU ROCK 2011 : VENDREDI
Comme dans ma tête j'avais décidé que ce serait trop bien, le vendredi en arrivant, je souriais. Sourire en attendant la navette à la gare qui ne passe que toutes les quarante-cinq minutes alors qu'ils ont doublé le budget cette année, sourire en posant la tente au camping sous le crachin, sourire en allant chercher son pass à la tente accréditations, sourire en reconnaissant le terrain, sourire en manquant de tomber d'une pente parce qu'on va louper le premier concert. Anika inaugure le fort Saint-Père avec la jolie chanson "Terry" devant une foule massive de trente personnes à tout casser. Ceux qui ont aimé son disque de reprises (produit par Geoff Barrow) sont contents parce que voir l'Allemande en concert, c'est comme écouter Anika, à trois différences près : elle est beaucoup plus belle que sur la pochette, son accent et sa voix peu assurée sont encore plus touchants version live, et on s'ennuie plus vite parce qu'on ne peut pas s'asseoir, c'est sale par terre. Aucun jeu de scène particulier, la blonde est plantée devant son pied de micro tandis que les musiciens de Beak> sont bien concentrés sur leur affaire. Pour la dernière chanson, Anika part vénère chercher un carnet parce qu'elle ne connait pas les paroles, visiblement. Puis elle s'en va vraiment comme une voleuse, toujours en faisant la tronche. Plus tard j'ai entendu quelqu'un dire "J'aurais adoré le concert si la Boche avait souri". Ok.
Un peu après, il y a des Américains qui sortent un rock un peu bourrin et pas vraiment approprié à mon goût (et à celui d'un certain nombre de personnes aussi). Il semblerait cependant que les fauteurs de trouble soient excusés parce qu'ils s'appellent Sebadoh et qu'ils sont mythiques (Lou Barlow inside). C'était le créneau pour la galette bretonne de la soirée.
N'étant ni un garçon ni une lesbienne, je m'en foutais un peu d'Electrelane. Plus sérieusement, je n'avais jamais été une grande fan du quatuor féminin culte de Brighton et n'attendait pas grand chose de leur reformation juste pour cet été. De ce fait, je me contentais de dodeliner distraitement de la tête une bière à la main. Sauf qu'à partir du moment où les filles ont joué "To The East", telle une personne faible et qui ne connait quasiment que ce morceau, je me suis laissée emportée et bim, j'étais captivée. Le reste du concert, quoiqu'un peu long, a réussi à me plaire au point que depuis, je veux mieux connaitre la discographie d'Electrelane. Les groupes capables de cela sont trop rares pour ne pas être applaudis.
Par contre, Mogwai écouté de loin, ça ne donne pas particulièrement envie de se taper tous leurs disques, ça ne motive même pas à se rapprocher de la scène pour mieux entendre. Mais la fatigue et le mal de crâne altéraient peut être le jugement.
Toujours plus tard dans la soirée, je découvre l'avantage d'être à la ramasse. Ignorant tout de Suuns, je ne m'attendait pas à la "claque atomique" promise par les Inrocks et que des personnes du public attendront en vain, mais je n'espérais pas non plus quelque chose d'aussi bien. Alors que je n'aspirais qu'à rentrer m'écrouler dans ma Quechua 2 Secondes, il me suffit de deux minutes à peine à regarder ces inconnus sur scène pour oublier totalement ma petite santé et rester là, coincée, fascinée. Il y a la musique, riche et étrange, mais surtout, surtout, il y a ce type qui embrasse son micro et chante d'une manière aussi sensuelle que malsaine. Malgré quelques temps morts (dès qu'il y a moins de chant, en fait), les Montréalais sont une sacré bonne surprise.