La Montagne Sacrée

Publié le 26 août 2011 par Olivier Walmacq

genre: inclassable (interdit aux - 12 ans)
année: 1973
durée: 1h55

l'histoire: Un voleur vagabond rencontre un maître spirituel qui lui présente sept personnages riches et puissants, représentant une planète du système solaire. Ensemble, ils entreprennent un pèlerinage vers la Montagne Sacrée afin d'atteindre l'immortalité.

la critique d'Alice In Oliver:

Parmi les fans du cinéma d'Alejandro Jodorowsky, il existe un grand débat pour savoir quel est le chef d'oeuvre ultime du réalisateur.
En résumé, les fans sont partagés entre La Montagne Sacrée et Santa Sangre. Personnellement, je préfère le second film.
Toutefois, les deux longs métrages n'ont pas grand chose à voir.

Suite au succès surprise d'El Topo, le premier Midnight Movie, John Lennon et Yoko Ono sont fascinés par le cinéma de Jodorowsky.
Les deux artistes font donc pression pour que son prochain film soit financé par un producteur de renom, un certain Allen Klein.
Alejandro Jodorowsky reçoit donc un million de dollars pour réaliser la Montagne Sacrée en 1973.

Dans ce film OFNI et ésotérique, on retrouve toutes les obsessions du cinéaste, à savoir un trip philosophique sous acide totalement indescriptible.
Inutile alors de se lancer dans une tentative d'explication du scénario. En vérité, La Montagne Sacrée n'appartient à aucun genre particulier et oscille entre fantastique, comédie, horreur, drame, aventure et les hallucinogènes.

Toutefois, il est possible de décomposer le film en plusieurs parties. Le premier acte se concentre sur un vagabond qui ressemble à Jesus Christ, son corps étant utilisé par plusieurs marchands pour fabriquer des figures religieuses.
Conséquence, le vagabond perd la foi mais rencontre un alchimiste. C'est la deuxième partie du film.

Cet alchimiste lui présente alors une immense industrie composée de disciples, chacun d'entre eux représentant une planète.
Pour Jodorowsky, c'est une façon comme une autre de parodier notre société moderne et ses grandes obsessions du moment, à savoir le pouvoir, le sexe, la guerre et l'argent.

Dans le troisième et dernier acte, l'alchimiste invite les disciples à parcourir la Montagne Sacrée, le but étant d'atteindre l'immortalité.
Avec ce film, Jodorowsky place également le spectateur dans une initiation. Le cinéaste aborde donc ses thèmes de prédilection: la psychomagie, le tarot divinatoire et l'astrologie, le but étant d'atteindre également l'illumination.

Pour cela, les disciples devront abandonner leur corps, leur âme et revenir au néant, donc, à l'origine même du cosmos.
L'initiation est difficile et éprouvante, Alejandro Jodorowsky variant les plaisirs. Encore une fois, le réalisateur en profite pour critiquer la religion et les pouvoirs sectaires. A ce sujet, la seconde partie du film, qui décrit successivement les portraits des différents disciples, est éloquente.

Par exemple, le représentant de Neptune est le créateur d'un Etat policier. Jodorowsky opacifie son propos en jouant la carte de la parodie et de la caricature. A cela, rajoutez des effets psychéliques, des scènes de massacre, du sang qui gicle, une sexualité omniprésente mais sans cesse frustrée, et vous obtenez l'un des films les plus barrés de tous les temps !
Et encore, je ne parle même pas des références à l'art animal et des références symboliques à la nature, la fleur et la terre ayant ici une place prépondérante.

Clairement, La Montagne Sacrée ne plaira pas à tout le monde. Alejandro Jodorowsky signe une oeuvre surréaliste, jusqu'au-boutiste et en avance sur son temps. Malheureusement, le public boudera le film lors de sa sortie dans les salles obscures. C'est ce qui explique son statut de film maudit.
La Montagne Sacrée reste une oeuvre terriblement ambitieuse, puissante, visuellement époustouflante et injustement oubliée.

Note: 18.5/20


Bande Annonce : LA MONTAGNE SACREE