Les sous-préfets nouveaux « outils » de la régulation du chômage ?

Publié le 30 août 2011 par Slovar
Tétanisé par son objectif de 9% de chômeurs à fin 2011, Xavier Bertrand veut transformer les sous-préfets en bras armé de la politique de l'emploi. Une mise sous tutelle pour Pôle Emploi et une nouvelle chasse aux chômeurs « récalcitrants » ?


On aurait pu croire que devant les chiffres calamiteux du chômage, qui risquent de mettre en péril la réélection de Nicolas Sarkozy et de sa majorité, Xavier Bertrand se serait mobilisé pour obtenir un peu plus de moyens humains et financiers, pour Pôle Emploi. Mais rigueur oblige, comme l'écrit La Fusion pour les Nuls : Xavier Bertrand a préféré instituer un nouvel échelon hiérarchique à Pôle emploi: le sous-préfet !

Ce qui est étonnant lorsqu'on connaît le : « profil des candidats souhaités pour le recrutement dans le corps de sous préfets » publié par le Ministère de l'intérieur, auquel ils sont rattachés.

Etonnement confirmé par le discours de Brice Hortefeux, lors du séminaire des sous-préfets, où ils leur assignait pour tâche : « (...) de contribuer à la qualité du diagnostic local sur la délinquance et de proposer des mesures innovantes et efficaces (...) » et de : (...) privilégier spécifiquement le déploiement de la vidéo-protection (...) »

Mais, ce sont donc ces spécialistes du social, que Xavier Bertrand : « (...) réunira en septembre tous les sous-préfets de France « pour mettre en place des plans d'actions dans chaque bassin d'emploi (...) Dès la semaine prochaine, je tiendra une visioconférence avec les directeurs régionaux de Pôle emploi et les préfets de région » - Ouest France

En fait, il s'agit surtout d'un effet d'annonce, puisque la mobilisation des sous préfets a été mise en place le 3 mars 2011 par : « L’instruction DGEFP n° 2011-09 du 3 mars 2011 relative à la mobilisation pour l’emploi au niveau infra-départemental - implication attendue des sous-préfets : objectifs et suivi » dont l'objectif devait être : « de faire de 2011 l’année de la baisse du chômage » avec le succès que nous connaissons, aujourd'hui.

Echec prévu à l'époque par Geneviève Koubi sur le site Droit cri-TIC : « (...) L’instruction du 3 mars 2011 relative à la mobilisation pour l’emploi (...) est de faible intérêt au vu des enjeux sociaux que supposent la politique de l’emploi et les transformations du marché du travail ... Mais elle révèle plus qu’un simple souci pré-électoral. Elle indique par quels moyens l’État approfondit sa stratégie de contrôle des populations « inactives » (...) »

Stratégie définie en mars par Xavier Bertrand : « (...) les sous-préfets devront veiller à ce que soient apportées des solutions aux offres non pourvues de Pôle emploi et de ses cotraitants, avec une identification, avec les acteurs socioprofessionnels et les entreprises, des métiers pour lesquels les offres d’emploi restent vacantes plus longtemps que la moyenne (...) » mais semble t-il, peu efficace jusqu'à présent !

Mais là, le temps presse, et il est nécessaire de montrer, le plus rapidement possible, que le chômage baisse. On peut donc légitimement s'attendre à ce que de nouvelles sanctions tombent sur les demandeurs d'emplois considérés comme trop exigeants au point de refuser des CDD de ... une à deux journées.

Et dans la mesure où nous apprend L'Expansion : « (...) Les radiations administratives des demandeurs d'emploi ont fait un bond inhabituel en juillet, à savoir : +25,1% sur un mois et +7% sur un an (...) » même les moins soupçonneux d'entre nous, peuvent se faire une idée de la manoeuvre.

Mais, comme il est plus que probable que ce traitement du chômage ne permettra pas de présenter des chiffres significatifs à la population, le gouvernement toujours prompt à fustiger l'emploi dans les collectivités locales, comptera pourtant sur elles, pour créer un maximum d'emplois aidés.

Ce qui était d'ailleurs précisé dans les consignes aux sous-préfets de mars 2011 : « (...) il est démandé aux sous-préfets de promouvoir les contrats aidés, notamment auprès des collectivités territoriales et de leurs EPCI pour les inciter à l’embauche et au cofinancement de contrats, dans le cadre des conventions annuelles d’objectifs avec les conseils généraux (...) » et confirmé par Xavier Bertrand le 25 août dernier : « J'attends aussi un engagement significatif des conseils généraux »

Ce qui, en cas de réussite permettrait à Xavier Bertrand de vanter son action, tout en laissant l'UMP, son parti politique, montrer du doigt les conseils généraux de gauche coupables d'augmenter la pression fiscale locale !

Mais que ne ferait-on pour maintenir dans l'emploi en 2012 ... les ministres et députés de la majorité présidentielle ...

Crédit et copyright photo
La Provence