Dialogue social : Le retour des « casseurs de grèves » rémunérés ?

Publié le 31 août 2011 par Slovar
Comment neutraliser les effets d'une grève ? A la RATP, selon le syndicat SUD, on a sa petite idée : faire appel à des volontaires rémunérés ... même en l’absence de grève !

Les grèves des transports en commun ont toujours été la pire angoisse des gouvernements. Confronté à l'une des plus importantes qu'ait connue la France, Alain Juppé y perdit son crédit de Premier Ministre.

Nicolas Sarkozy soucieux de ne pas se retrouver dans la même situation avait inscrit dans son programme la notion de service minimum des transports en commun. Ce qui lui permettait le 5 juillet 2008, de lancer la fameuse provocation : « Désormais, quand il y a une grève en France, plus personne ne s'en aperçoit »

Même si l'histoire lui a prouvé le contraire, il n'en reste pas moins que la grève dans les transports en commun est soumise à présent à des restrictions. En effet, la loi sur le service minimum dans les transports en commun a créé des obligations. Celle-ci, comporte notamment deux volets importants : « l'un est consacré au dialogue et à la prévention des conflits dans les entreprises de transport terrestre, l'autre traite de l'organisation de la continuité du service en cas de grève »

Néanmoins, la grève reste un droit pour tous les salariés des transports en commun. Or qui dit grève, dit absence de personnel de conduite, qu'il faut bien compenser. A la RATP, jusqu'à présent, on se contentait, nous explique Miroir Social de : « (...) faire conduire d'ex-conducteurs passés cadres ou agents de maîtrise pendant les grèves (...) Lors du dernier conflit sur la ligne du RER A, certains cadres avaient été désignés d'office par leur directeur (...) »

Le problème c'est que cette réquisition peut être mal vécue par les personnels désignés et que leur niveau de compétence peut dans certains cas mettre en danger la sécurité des passagers. Alors comment éviter ces situations surtout dans une période de grogne sociale propice aux conflits ?

Et bien selon Sud RATP, en créant un groupe de volontaires capables de conduire indifféremment métros ou RER et touchant une prime anti grève.

Explications de Sud RATP : « Le 9 aout 2011, les directeurs des départements RER et METRO ont reçu notre organisation syndicale dans le cadre d’une audience pompeusement appelée contribution des agents de l’encadrement de la RATP au plan de transport sur les réseaux RER et METRO

Dans les faits il s’agit de donner une double qualification conduite à certains cadres et agents de maitrise qui devront posséder des autorisations de conduite sur le métro et le RER, afin de « contribuer » au plan de transport de l’entreprise.

La direction souhaite créer une milice d’environ 150 Barbouzards volontaires principalement composée de cadres et maitrises chargés de casser les futures grèves sur le RER et le Métro contre une prime de 100 euros par mois (1200 euros par an), même en l’absence de grève, pour qu’ils roulent sur les trains des grévistes (...) »

Belle interprétation de la notion de dialogue et de prévention des conflits prévue par la loi ! Mais il est clair que cette idée tombe à point, au moment où la grogne sociale et l'exaspération des français, est à la hausse. Et comme on connaît au gouvernement le retentissement d'une grève des transports, sur ces mêmes français ...

Cette idée de la RATP est-elle une « atteinte au droit de grève » ?

Rien ne dit que la justice n'interviendra pour annuler cette mesure. Comme en 2008 lorsque le juge des référés du tribunal de grande instance de Dax a condamné les agissements d'une entreprise qui proposait des primes anti grève à ses salariés, pudiquement baptisée « avance permanente de 1000 euros » Dans le cas contraire, prenons garde que cette « idée » ne devienne pas un best off dans les autres entreprises.

Car n'oublions pas que lors de la grève des salariés de TOTAL, entreprise privée, Frédéric Lefebvre au nom de l'UMP n'avait pas hésité à déclarer : « Le droit de grève n'a jamais été le droit de bloquer. L'Etat a à sa disposition une réponse parfaitement légale qui est la réquisition si c'est indispensable » De quoi rester vigilants !

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