Et si l’Allemagne faisait sécession de l’euro du sud?

Publié le 02 septembre 2011 par Copeau @Contrepoints

En Allemagne, l’idée de recalibrer l’euro autour des seuls pays du nord fait son chemin dans les cercles influents, emmenés par Hans-Olaf Henkel, patron du Medef allemand.

Par Aurélien Véron

Hans-Olaf Henkel

L’idée n’est pas sortie de l’imagination fertile de notre phare de la pensée économique, Frédéric Lefèbvre, expert de Karl Marks & Spencer, mais du patron du Medef allemand, Hans-Olaf Henkel. Dans une tribune remarquée dans le Financiel Times cette semaine, il annonce la couleur :

Having been an early supporter of the euro, I now consider my engagement to be the biggest professional mistake I ever made.

Cette personnalité éminente du monde économique allemand est convaincue que les jours de l’euro actuel sont comptés. Chef de file d’un groupe de 50 chefs d’entreprise, il n’a pas signé une pétition pour demander le fouet et la hausse des impôts comme en France, mais l’annulation constitutionnelle du plan d’aide à la Grèce. Comme quoi, le sens de la responsabilité est aussi davantage développé Outre-Rhin que chez nous où la classe politique est toujours d’une grande générosité avec l’argent d’autrui.

Son message indique explicitement que des cercles influents réfléchissent à un recalibrage de l’euro autour des seuls pays du nord, c’est-à-dire ceux qui connaissent le sens du concept de rigueur. Cela signifie que le glissement d’Angela Merkel sous la pression européenne et les dérapages de la BCE inquiètent les Allemands dans leur ensemble, du SPD au FDP en passant par la CDU-CSU.

A “haircut” would not improve Greece’s competitiveness either. Soon, the Greeks will have to go to the barber again. Anyway, we now talk also about Portugal, Spain, Italy and, I am afraid, soon France.

Et pas de bol pour nous les Français, l’auteur de l’article nous classe dans la famille des pays du sud, cette zone où les cigales chantent tout l’été et font la manche automne, hiver et printemps. De l’Union de l’Euro, nous sommes passés selon lui à l’Union de la Dette, l’Union des Transferts. Et ce n’est pas du goût de ceux qui se sont réformés, ont maintenu leurs salaires pendant les années fastes afin de préserver  une compétitivité intacte. Cette menace devrait être prise très au sérieux par Nicolas Sarkozy et la majorité. Les branquignoleries de Fillon et sa bande de farfelus ne devraient plus nous faire rire. La grande question reste celle de l’alternative entre le repli sur les États-Nations ou l’accession à une vraie fédération européenne, d’esprit germanique en ce qui concerne l’inflation et la rigueur budgétaire bien entendu. C’est l’option défendue par Joschka Fischer, pas vraiment un libéral (quoi que, à côté de l’UMP…).

N’ayant aucune confiance dans nos gouvernants pour aller seuls dans le bon sens, alors que j’observe une évolution favorable plus au nord de notre pays, je penche pour la fédération européenne. Je comprends les motifs de Hans-Olaf Henkel, mais je vois mon intérêt dans une Europe fédérale, sachant que ce nouvel État suprême ne manquerait pas de susciter de la méfiance chez les citoyens qui le composent. Ce réflexe naturel ne manquerait pas, comme aux États-Unis, d’encourager une culture anti-Étatiste. Celle-ci n’empêche certes pas des lois iniques et des dérapages, elle tend à les limiter fortement. Perdons une partie de notre souveraineté dans les domaines que nos gouvernements n’ont jamais su assurer correctement. Je fais davantage confiance à l’Europe pour limiter impôts et dépenses publiques qu’à la France et aux pays de culture socialiste.

Nous ne sortirons pas de la crise sans avoir tranché ce débat fondamental.

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