Fragmentos rotos/ Fragments brisés de José Ángel Valente

Par Florence Trocmé

Fragmentos rotos/ Fragments brisés de José Ángel Valente

On doit aux publications de L’Ambassade d’Espagne en France cette anthologie bilingue réalisée par Andrès Sánchez Robayna, précédée de l’introduction mentionnée récemment en signalant Sur une confidence de la mer grecque , son dernier recueil.

Jacques Ancet, l’ami de toujours et le passeur de Valente (cf. Le chant de l’impossible chant), nous invite dans son « epilogo » à Suivre la trace.

Le titre de cette postface est emprunté à l’un des fragments du poète : L’homme s’éclipse. Demeure un reste de présence humaine. Souvenir d’événements déjà lointains. Traces. Suivre la trace qui peu à peu se dissout. Dissolution. Trace. Comme l’escargot laisse derrière lui un reste de bave.

Les lecteurs de Valente lui reconnaissent d’avoir indiqué une des plus belles voies de poésie : de faire le vide à l’intérieur d’eux-mêmes pour y laisser entrer la poésie. Jacques Ancet rappelle un propos de Valente citant Keats pour souligner avec force que de la (ou du) mystique le poète a semblable démarche, mais pas le même objet.

L’anthologie emprunte son titre à un poème de Fragments d’un livre futur, le voici :

D E   T O I  ne reste rien
que ces fragments brisés.

Que quelqu'un les reçoive avec amour, je te le souhaite,
les garde près de lui et ne les laisse pas
totalement mourir dans cette nuit
aux ombres voraces, où maintenant sans défense
tu palpites toujours.

                                                        (Projet d'épitaphe)

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Le rabat du livre nous rappelle :
Né à Orense le 25 avril 1929, José Ángel Valente a passé son enfance en Galice avant d'aller à Madrid où il fit ses études de Philologie Romane. Il fut membre du département d'Etudes Hispaniques de l'Université d'Oxford et en 1958 il se fixa à Genève où il travailla comme fonctionnaire des Nations Unies jusqu'en 1975. Par la suite il partagea sa vie entre Genève, Paris et sa maison d'Almeria.

Son oeuvre poétique, couronnée par de nombreux prix dont le Prix Prince des Asturies, en 1988 et le Prix National de Poésie, en 1993, a été réunie presque en totalité dans Punto cero (" Point zéro ") (1953-1979) et Material memoria (1979-1992) traduite pour sa plus grande part en français par Jacques Ancet aux éditions Unes, Corti et Gallimard. Dans Chansons d'au-delà, il a réuni sa poésie en langue galicienne. De son oeuvre plus proprement narrative, il faut citer La fin de l'âge d'argent (1973). Dans son abondante oeuvre d'essayiste, attentive aussi bien à la tradition hispanique et européenne qu'aux apports les plus significatifs de l'art et de la pensée contemporaine, il faut citer La pierre et le centre (1982) et Variations sur l'oiseau et le filet (1991), où se manifeste le plus clairement son intérêt pour les traditions mystiques aussi bien occidentales que moyennes et extrêmes orientales.

Les Oeuvres Complètes de José Ángel Valente sont actuellement en cours d'édition en Espagne (Galaxia Gutenberg-Circulo de Lectores) sous la direction du poète Andrés Sánchez Robayna.

contribution de Ronald Klapka

voir aussi José Angel Valente dans Poezibao :
Bio-bibliographieextrait 1, extrait 2, extrait 3,
note de lecture de Fragments d’un livre futur