22 février 1875/Mort de Jean-Baptiste Camille Corot

Par Angèle Paoli
Éphéméride culturelle à rebours


  Le 22 février 1875 meurt à Paris le peintre Jean-Baptiste Camille Corot.


  
  Corot, La Palette à la main, vers 1834
  Huile sur toile, 33 x 25 cm
  Galerie des Offices, Florence.
  Seul autoportrait de Corot avec celui du musée du Louvre.


  COROT ET L’ITALIE

  Dans Les Maîtres d’autrefois, Eugène Fromentin dit de Corot qu’il « cultiva l’Italie de bonne heure et en rapporta… quelque chose d’indélébile. Il fut plus lyrique, aussi champêtre, moins agreste (que ses contemporains). Il aima les bois et les eaux, mais autrement. Il inventa un style ; il mit moins d’exactitude à voir les choses qu’il n’eut de finesse pour saisir ce qu’il devait en extraire et ce qui s’en dégage. De là cette mythologie toute personnelle et ce paganisme si ingénieusement naturel qui ne fut, sous sa forme un peu vaporeuse, que la personnification même des choses ».

  Et Fromentin de conclure ces propos par cette étonnante formule : « On ne peut pas être moins hollandais. »

Eugène Fromentin, Les Maîtres d’autrefois, in Œuvres complètes, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1984, p. 712.


  Au XIXe siècle, le voyage en Italie fait partie de la formation de tout jeune artiste décidé à poursuivre dans la voie qu’il s’est choisie. Encouragé par ses maîtres - Achille Etna Michallon (1796-1822) et Jean-Victor Bertin (1767-1842) -, le jeune Corot envisage, dès ses années d’apprentissage, de se rendre dans la péninsule. Les parents du jeune homme, négociants rue du Bac à Paris, acceptent de financer le premier séjour de leur fils. En décembre 1825, Corot s’installe à Rome. À proximité de la Piazza di Spagna.

  Corot fait trois séjours en Italie. Le premier, décisif pour les conceptions artistiques du peintre, dure trois ans. De 1825 à 1828. De ce premier séjour en Italie, Camille Corot rapporte croquis et esquisses consignés dans des carnets. Portraits croqués sur le vif et paysages brossés in situ. Tout imprégnés d’histoire et de lumière, ces lieux tant de fois arpentés bouleversent sa sensibilité d’homme du Nord. De cette période datent des toiles devenues célèbres. Le Lac de Piediluco (1826) ; La Promenade de Poussin (1826) ; Vue prise à Narni (1826-1827) ; Narni. Le Pont d’Auguste sur la Nera (1826) ; Le Colisée. Vue prise des jardins Farnèse (1826) ; Rome. Le Forum vu des jardins Farnèse (1826) ; Rome, La Trinité-des-Monts, vue prise du viale de la Trinità dei Monti (1826-1828). À son retour d’Italie, Corot, infatigable voyageur, sillonne la France, région après région, et découvre en Normandie, en Bretagne ou en Beauce de nouveaux motifs.

  En 1834, Corot entreprend un second voyage en Italie. Il visite Venise et la région des lacs, se rend en Toscane et en Étrurie. Il séjourne pendant un mois dans la ville de Volterra, qui lui inspire une série de vues de la cité étrusque. En particulier cinq petits formats à l’huile dont le peintre, à son retour à Paris, tire une série de toiles. Ainsi cette Vue des environs de Volterra, réalisée en 1838.




Source

VUE DES ENVIRONS DE VOLTERRA

  Un homme à cheval, vu de dos, suit paisiblement son chemin et s’apprête à pénétrer dans un bosquet. Rochers épars et feuillages touffus sont baignés d’une douce lumière vespérale. Au loin, dans l’arrière-plan gauche, se devine la forme d’une ville. Volterra l’étrusque, sans doute, puisque c’est ce nom qui figure dans le titre de la toile. L’homme et le vaste décor dans lequel il s’inscrit, sont investis d’une force antique que rien ne trouble. Nulle dramatisation ni appel à la méditation douloureuse. Empreinte de sérénité intemporelle, cette toile, subtil mélange de réalisme et d’onirisme, sollicite en nous des souvenirs inoubliés.


  En 1843, Corot revient une dernière fois à Rome. Il exécute alors Tivoli, les jardins de la villa d’Este (huile sur carton, 44 x61 cm, Musée du Louvre, 1843). « Un modèle d’équilibre dans la composition et d’harmonie chromatique ».

  De ses pérégrinations en France, de sa fréquentation de l’école de Barbizon et de ses séjours en Île-de-France, le peintre a retenu les ciels mouvants, les modulations de la lumière, les couleurs nacrées qui imprègnent feuillages et étendues d’eau. De ses voyages en Italie, l’harmonie naturelle des formes, leur bel ordonnancement, l’éclat de la lumière méditerranéenne. Une lumière génératrice de vie. Les œuvres de Corot sont marquées par l’une et l’autre empreinte. De cette osmose parfaite entre le nord et le sud est né le génie de Camille Corot. Un grand maître.

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli


Voir aussi :
- (dans L'Encyclopédie de l'Agora), un dossier fort bien fait sur Corot.




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