Le PARTI SOCIALISTE FRANCAIS et LES IMMIGRES.

Par Ananda

Plan de campagne du PS pour capter le vote musulman -

PARTIE 1-

Éléments de langage et postures à mobiliser vis-à-vis des immigrés et des musulmans.

Je me présente pour ceux qui ne me connaissent pas encore, monsieur Carotte, responsable du service Communication et Business du PS, notamment dans le cadre de la campagne « Tous ensemble dans la diversité, votons pour que les dirigeants du PS récupèrent enfin le pouvoir ». Je vous ai réunis aujourd’hui pour que nous puissions, à quelques mois seulement de l’échéance électorale, préciser nos axes de campagne. Il est temps pour nous de peaufiner la stratégie à adopter vis-à-vis de nos électorats-cibles et de construire les argumentaires adaptés. Je vous propose de commencer par l’électorat le plus facile, le plus fidèle au PS : nos compatriotes de confession musulmane. Voyons ensemble la manière d’aborder les musulmans et les immigrés (partie 1), les réponses à apporter à leurs éventuelles interpellations (partie 2), les propositions à faire pour les convaincre définitivement de voter PS (partie 3) et enfin les modalités d’organisation de la campagne et le calendrier (partie 4).

Comment nommer cette catégorie de population ?

Pour désigner les immigrés, n’utilisez pas le parler populaire, il a souvent une connotation raciste. Ça ne correspond pas du tout à notre registre de langue. Au PS, nous sommes sophistiqués, lorsque nous parlons des immigrés, nous nous devons d’être inattaquables. Vous allez me dire Georges Frêche et Manuel Valls. C’est vrai que ce bon vieux Georges Frêche n’en loupait pas une dès qu’il s’agissait de se faire piéger. Quant à Manuel Valls, il a toujours été tête en l’air, il n’a pas fait exprès de ne pas voir la caméra planquée derrière lui. Mais aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre : Frêche mort, nous sommes soulagés de la moitié du problème ; quant à Valls, il a bien retenu la leçon, il sait dorénavant sur quel bouton appuyer pour éteindre un micro.

Quand vous parlerez des immigrés lors de la campagne, pour éviter le dérapage, optez pour la sobriété. Appelez-les par exemple « français issus de la richesse extraordinaire de la diversité ». Ou « français issus de lointaines contrées qui ont apporté énormément à la diversité ». Ou encore « français issus d’un ailleurs riche en couleurs générant toute cette magnifique diversité ». Sobre et humaniste. Entre « issus de » et « diversité », intercalez tous les mots chaleureux qui vous viennent, qu’on reconnaisse bien le style généreux et enthousiaste du PS. Retenez qu’il est très important que face caméra, puisque vous êtes les glorieux défenseurs des musulmans et des immigrés face à Sarkozy, vous les appeliez « français issus de minimum la diversité ». Minimum.

Évidemment en interne, je ne vous demande pas de vous casser la tête avec toutes ces conneries de richesse de la diversité. J’ai bien conscience qu’être humaniste, ça alourdit considérablement le verbe. Et je comprends que vous ayez envie en interne de nommer les choses de manière plus directe et plus objective. Mais attention à ne pas trop vous laisser aller quand même, nous sommes de gauche. Même en interne, les « barbus », les « sauvageons », les « bâchées », c’est seulement au sens pas méchant du terme, après plusieurs heures de travail, quand vraiment on est fatigué de faire attention.

Quelles problématiques mobiliser avec cet électorat-cible ?

Évidemment pas la lutte des classes, déjà qu’on ne parle pas de ça à ceux qui comprennent ce que ça veut dire. Pour faire court, vis à vis des immigrés et des musulmans, on n’aborde rien de socio-économique.

Je vous fais un schéma :

  D’un côté, il y a la classe ouvrière qui n’existe plus, qui est de plus en plus précarisée, et qui ne veut plus voter pour nous parce que le PS est trop moderne. La classe ouvrière qui n’existe plus, faudra comme à chaque fois essayer de la convaincre, c’est pas gagné, que si le PS au pouvoir a financiarisé l’économie, démantelé et privatisé les services publics, c’est parce qu’il était obligé pour arrêter d’être archaïque.

  De l’autre côté, rien à voir, il y a les immigrés. L’immigré, il n’a que des problèmes culturels et identitaires. L’immigré, il n’a pas de classe sociale, il ne s’inscrit pas dans des rapports sociaux, ça l’intéresse pas tout ça l’immigré, il s’en fout, c’est trop compliqué. Lui ce qu’il demande c’est qu’on l’accepte, qu’on l’aime, qu’on se marie avec lui, il veut la tolérance c’est son rêve.

Vous voyez que ce sont deux électorats-cibles bien différents, deux argumentaires bien distincts. Quand il s’agit des immigrés, zdeg-zdeguisez au maximum la question sociale, et pour ce qui est de la question raciale, faites-la disparaître dans un tourbillon de bons sentiments.

Insistez donc sur « l’accueil », « l’apport », « la tolérance ». Sur « le métissage », « le mélange », « la mixité », « la diversité ». Sur « le vivre ensemble », le « vivre ensemble autrement », le « savoir vivre ensemble ». Vous faites comme vous voulez je veux pas le savoir, mais vous me casez au moins un « ensemble » et un « diversité » dans chacune de vos phrases.

D’ailleurs « Ensemble dans la diversité » c’est bien, on dirait du Cali, on pourrait garder la formule pour notre prochain concert de la tolérance avec SOS. « Ensemble dans la diversité pour la tolérance ». Encore mieux.

Surtout faites-vous plaisir, juxtaposez de manière aléatoire plein de mots genre qui n’ont pas de sens, vous croirez que le résultat est complètement débile, et en fait effectivement ça fait les slogans spécial immigrés du PS.

Quelle posture adopter ?

A l’égard des musulmans, nous avons toujours été très bienveillants et très protecteurs. Et puis nous sommes quand même en demande par rapport à leur vote, donc ne refusez jamais de discuter vite fait avec eux.

Mais attention parce que parfois ils s’imaginent que la discussion avec eux, c’est pas seulement pour consolider les réserves de voix. J’ai l’impression qu’ils pensent que c’est vrai, qu’on va réellement débattre.

Pourtant on leur a déjà faxé à plusieurs reprises aux musulmans qu’ils sont loin d’être notre priorité des priorités, ils devraient commencer à imprimer. Rappelez-vous quand Martine Aubry et Laurent Fabius avaient retiré en toute urgence, tout écœurés qu’ils étaient, leur signature d’une pétition parce que Tarek Ramadan l’avait signée aussi. Des voisins avaient même aperçu Laurent Fabius frapper à la porte de Respect Mag au milieu de la nuit pour mettre lui-même du super-blanco sur sa signature, pour être bien sûr. Vous me direz c’est anecdotique. Mais quand même. J’ai même entendu un jeune maghrébin dire qu’à part d’oublier de les comptabiliser lors du recensement de la population, parce qu’on les aurait déjà recensés dans le cheptel national, il voyait pas comment le PS aurait pu être plus clair vis-à-vis des musulmans. Alors évidemment il exagère le jeune maghrébin, c’est toujours pareil, mais c’est pas faux de dire qu’au PS on n’en a rien à foutre des musulmans, ils peuvent crever, ça c’est pas faux de le dire.

C’est d’ailleurs ce qui explique que dans certains quartiers, les dirigeants PS sont parfois accueillis par les musulmans avec une certaine hostilité. Et parmi ces musulmans, vous seriez étonnés de voir que les enfoulardées sont souvent les plus enragées. Le foulard et la rage. A la manipulation fondamentaliste, rien d’impossible.

De toute façon, au pire, si des musulmans viennent perturber les beaux discours de campagne que vous prononcerez dans les quartiers populaires, faites comme Ségolène Royal à la Paillade à Montpellier, appelez au secours des maures sont en train de violer la république, criez Santiago ! un glaive à la main en marche pour la Reconquista, et vous vous en sortirez très bien. C’est vrai que c’est un peu insultant vis à vis des musulmans, mais votre mépris n’aura d’égale que la fidélité de leur vote au moment des urnes, puisque nous sommes les seuls capables de les défendre face à Sarkozy. Ils n’ont pas le choix, et ça ils le savent très bien.

Éléments de vigilance quant à la posture à adopter vis-à-vis de certains immigrés

J’attire votre attention sur le fait qu’il existe un certain nombre d’individus parmi les immigrés qui ont une assez bonne connaissance de l’histoire croisée de la gauche française et de la colonisation, qui peuvent vous réciter dans le détail les exploits de Guy Mollet et de Mitterrand pendant la guerre d’Algérie, qui ont participé, remplis d’espoir, à ce qu’ils appellent la marche pour l’égalité, la marche des beurs de son vrai nom, qui ont assisté à l’envoi de troupes françaises en Irak en 91, qui ont un avis sur les banlieues, la France-Afrique, la Palestine et ainsi de suite.

Ne vous approchez jamais de ces individus je vous aurais prévenus.

Je suis sérieux ils sont dangereux. Vous les voyez là-bas, ils discutent calmement, ils passent un bon moment. Mais dès qu’ils nous entendent dire que le PS est, et a toujours été, un parti anti-raciste et anti-colonial, c’est Hulk. Ils hyperventilent, les yeux révulsés, des claquements de mâchoire compulsifs, ils sont capables du pire. Je les ai vus de mes yeux vus. Je crois qu’ils ont développé au cours des années une sorte d’hypersensibilité à notre égard.

La bonne nouvelle c’est que vous n’aurez aucun mal à repérer l’immigré phobique du PS. Dites « touche pas à mon pote » et si l’immigré est pris de convulsions, au secours, stoppez net l’argumentaire, partez comme si de rien.

Comment articuler les différents électorats du PS et les différents argumentaires ?

A première vue, dans notre stratégie d’accès au pouvoir, nous avons affaire au PS à un vrai casse-tête chinois par rapport aux musulmans. D’un côté, étant donnée l’ampleur de l’islamophobie dans la société française, le PS ne peut pas faire une croix sur l’électorat islamophobe, le PS étant d’ailleurs lui-même traversé, de sa base militante à sa direction, par l’ampleur en question. D’un autre côté, l’un des chevaux de bataille essentiels du PS aujourd’hui, c’est de se présenter comme le vaillant défenseur humaniste des pauvres petits musulmans, accessoirement électeurs du PS, contre les attaques de la droite.

Dilemme.

Mais ce serait sans compter l’habileté rhétorique de nos dirigeants, qui ne sont pas tout en haut du PS pour rien. Notre discours multi-usages multi-fonctions est à la pointe , c’est même en matière de double discours ce qui se fait de mieux actuellement. Admirez par exemple cette déclaration de Benoît Hamon à la radio fin 2010. Que vous soyez islamophobe ou musulman, vous trouverez qu’il n’a pas complètement tort Benoit Hamon à propos des « prières de rue » :
  « Il n’est pas normal aujourd’hui que dans l’espace public, il puisse y avoir des prières et il faut avoir une réponse. Ce qui relève de la foi doit se faire dans une enceinte qui est une enceinte privée ; il faut séparer l’exercice de sa foi et l’espace public. De la même manière, aucune religion ne doit interférer dans le fait de rédiger, faire et voter la loi. Cette frontière là, c’est la gauche qui l’a toujours préservée. Ce sont des situations qui ne sont pas tolérables beaucoup plus longtemps. On a une situation de tension avec les riverains et il faut trouver des solutions, il faut arriver à une discussion, à une négociation avec un calendrier, un échéancier pour trouver des solutions en termes d’espaces dans lesquels les fidèles peuvent exercer leur culte, pour libérer l’espace public. Il n’y a aucune raison que la laïcité ne soit pas partout garantie. »

Bien sûr il ne s’agit pas d’égaler l’art oratoire tout en subtilité de Benoit Hamon et sa manière noble et digne de faire de la politique. Mais au moins inspirez-vous.

Pour vous exercer et pour que vous vous imprégniez bien de la mécanique deux-en-un du PS, je vous donne une série de thématiques avec à chaque fois deux points de vue opposés. Charge à vous de concilier ces deux points de vue dans des constructions de phrases deux-en-un traduisant le positionnement du PS sur l’islam et l’immigration en période de campagne électorale.

Les discriminations :
  Les jeunes issus de l’immigration subissent effectivement des discriminations
  Les jeunes issus de l’immigration ont développé des sentiments paranoïaques voyant de la discrimination partout pour masquer leur oisiveté et leurs échecs

Le foulard :
  C’est incroyable qu’on ose interdire à des femmes voilées d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires
  C’est incroyable que des femmes voilées osent accompagner des enfants lors des sorties scolaires.

L’intégration :
  Le système discriminatoire de la société française fait des français d’origine maghrébine et sub-saharienne des citoyens de seconde zone
  Les français d’origine maghrébine et sub-saharienne ne font aucun effort pour s’intégrer dans la société française.

Pour gagner du temps, je préfère vous donner tout de suite les réponses. Cela ne doit pas vous empêcher de refaire l’exercice chez vous.

Les discriminations :
  « Ce n’est pas normal que les jeunes issus de l’immigration aient sans arrêt le sentiment d’être discriminés alors même que les lois de la République reconnaissent comme étant égaux tous les citoyens sans distinction de race, de couleur, de religion ».

Le foulard :
  « Qu’on en soit encore aujourd’hui au 21ème siècle à interdire à des femmes voilées d’accompagner des gamins lors de sorties organisées par l’école de la République, c’est proprement incroyable, et ce d’autant plus qu’on est en France dans un pays où le principe d’égalité entre les hommes et les femmes est sacré ».

L’intégration :
  « L’intégration des personnes d’origine maghrébine et sub-saharienne connaît aujourd’hui des difficultés. Force est de constater que les efforts nécessaires à leur intégration harmonieuse dans la société française n’ont pas été réellement fournis ».

Si vous trouvez de meilleures deux-en-un, n’hésitez pas à m’en faire part.

Retenez en tout cas que tous nos électorats doivent pouvoir faire leur marché dans ce que vous dites. Les fachos de gauche, les laïcards, les immigrés, les musulmans. En tout cas tant que la gauche sera, selon Manuel Valls, « complexée sur ces questions ».

Parce que quand la gauche se décomplexera enfin sur ces questions, là d’accord, on ne sera plus obligé de se contorsionner, finis les complexes, finis les tabous, on osera enfin laisser la chèvre manger le chou.

Reste à savoir si le musulman fera la chèvre ou le chou, on ne sait pas parce que Manuel Valls ne nous a pas encore bien expliqué s’il trouvait que le PS avait un complexe par rapport à l’islamophobie et le racisme ou un complexe par rapport à l’islam et l’immigration.

Manuel Valls, c’est celui qui veut « sortir d’un discours dogmatique et compassionnel » grâce aux quotas d’immigration et au durcissement de la lutte contre les sans-papiers ; c’est celui qui tenait à ce que la gauche participe au débat sur l’identité nationale ; c’est celui qui, après avoir chaleureusement serré la main d’un vieux maghrébin, s’interrogeait sur l’image répugnante que tous ces immigrés donnent à Evry et se désespérait, étant un grand défenseur de la mixité sociale, qu’il n’y ait pas plus de blancs aux alentours pour purifier un peu le paysage.

C’est pas clair dans quel sens Manuel Valls veut la décomplexer la gauche.

On verra bien quand le PS sera au pouvoir.

En attendant, ayez un discours benoit-hamoniste pendant toute la durée de la campagne, et en parallèle, refusez de signer les pétitions quand ce gros fourbe de Tarek Ramadan les signe aussi ; le PS n’aura de cesse de dénoncer son double discours pervers et démoniaque.

Fatouche OUASSAK

Source : site des INDIGENES DE LA REPUBLIQUE.