Chronique du Métro XIII.

Par Anne-Laure Bovéron

Elle n'a pas l'air forcément rassurée. Peut-être pas très à l'aise non plus. Là, au bord de son quai. Elle l'arpente sans cesse de droite à gauche. De gauche à droite. Un bonnet blanc enfoncé sur les yeux. Les mains dans les poches d'une veste en cuir beige. Elle balance ses pieds à chaque demi-tour qu'elle effectue immanquablement à l'aide d'un pas enroulé. Et puis, elle se fige, face aux quais. Et sourit, avant de lancer un "le mien arrive dans deux minutes, et le tien ? " Un jeune homme en costume. Sans cravate. Attaché case à la main lui répond "dans sept minutes". Il vient juste d'arriver sur le quai, cherche un espace libre et replace le tombé de sa veste. Ils haussent les épaules face à l'inégalité de l'attente et l'imminence de la séparation. Ils se font des signes, pour s'expliquer dans quel sens arriveront leurs RER respectifs. Et se remettent tous deux, à des rythmes différents, à sillonner leurs coins de quais. Le RER B, direction Robinson, 23h07, entre en station. Elle se retourne une dernière fois. Lui envoie un baiser déposé sur sa main puis disparaît derrière la masse du train. Il cherche à l'apercevoir dans la foule des étudiants fêtards qui s'est massée dans la rame ce soir. Une sonnerie. La fermeture des porte. Et le voilà qui baisse les yeux. Elle est partie.