Jeannie Longo dans l'oeil du cyclone

Publié le 09 septembre 2011 par Jeanpaulbrouchon

On n’en aura donc jamais fini avec le dopage, l’antidopage, le suivi médical, les contrôles et tout le tintoin. Voilà que Jeannie Longo est à son tour frappée par la foudre !
Sa faute ? Défaut de localisation à trois reprises ces dix-huit derniers mois. Le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’ils ont mis du temps à la coincer. A 52 ans, c’était le dernier moment… On en rirait presque si cela ne concernait l’une des sportives les plus exemplaires, adepte de l’homéopathie et des petites graines, très appréciée pour son sérieux et sa longévité. Certes, quand on connaît le tempérament et le caractère indépendant de la multi-championne, on se dit que cela ne doit pas lui plaire de devoir être suivie à la trace en permanence par les officiels de la FFC, de l’UCI, de l’AMA, de l’AFLD et de l’USADA. De les attendre au garde-à-vous ! Mais le règlement est le même pour tous et voici désormais Mamie Jeannie dans l’œil du cyclône, faisant la Une de L’Equipe, alors qu’à la Vuelta un certain Cobo défie les lois de l’apesanteur sur les pentes de l’Anglirù en toute impunité. Enfin jusqu’à présent…
Il y a quelque chose de vicié dans cette traque aux fraudeurs. Comme pour la drogue, c’est souvent les « petits dealers » ou les intermédiaires qui trinquent plutôt que les grands patrons et les commanditaires. Ceux qui tiennent le business. Notre sentiment, depuis longtemps, est le même en ce qui concerne le dopage. Il faut désormais mettre le prix pour passer entre les mailles du filet et seuls les gros poissons, avec une organisation autour d’eux et un budget, peuvent se le permettre. D’où ce malaise permanent entretenu par des performances plus ou moins suspectes et qui, souvent, ne sont pas remises en question par les analyses, hélas !
Il n’empêche que le grand public ne s’y trompe pas. Il y a parmi lui des passionnés et des gens qui en savent autant, si ce n’est plus, que ceux qui veulent nous faire croire que Jeannie Longo appartient à la catégorie des tricheurs. Même si elle avait déjà été éclaboussée par des traces infimes d’éphédrine en 1987 après son record du monde des 3 kilomètres à Colorado Spring. Sa carrière est trop belle, trop longue pour qu’on la compare à ceux qui ont défrayé la chronique chez les professionnels ces dernières années : les Virenque, Gaumont, Hervé, Roux, Pantani, Rumsas, Armstrong, Hamilton, Landis, Ullrich, Riis, Basso, Frigo, Garzelli, Di Luca, Argentin, Berzin, Vinokourov, Kashechkine, De Galdeano, Heras, Vandenbroucke, Musseuw, Ricco, Schumacher, Kohl, Valverde et consorts… (la liste n’est pas exhaustive !)
Il y a eu aussi de nombreux cas de dopage chez les filles (Geneviève Jeanson, Cathy Marsal, Diana Ziliute, Zinaïda Stahurskaya, Maria Bastianelli, etc). Ce n’est pas une pratique réservée aux seuls coureurs masculins et l’actualité le confirme quotidiennement. Mais il est surtout insupportable de savoir que le cycliste, plus que tous les autres athlètes, est le sportif le plus harcelé par les contrôleurs officiels, même à l’autre bout du monde : avant et après la compétition, le matin avant le petit déjeûner, le soir après le dîner, à l’entraînement, en déplacement et même en vacances avec sa famille. Bref, le cycliste ne s’appartient plus, il appartient plutôt au corps médical, pour le meilleur et pour le pire !

Bertrand Duboux