Présumé Coupable

Publié le 10 septembre 2011 par Olivier Walmacq

genre: drame
année: 2011
durée: 1h40

L'histoire: Le calvaire d'Alain Marécaux, "l'huissier" de l'affaire d'Outreau, arrêté en 2001, ainsi que sa femme et 12 autres personnes pour des actes de pédophilie qu'ils n'ont jamais commis.

la critique d'Alice In Oliver:

Voilà un sujet difficile et encore très ancré dans les esprits: l'affaire d'Outreau, une histoire sordide avec inceste et pédophilie dans le Nord de la France et surtout, une femme perverse, manipulatrice et mythomane, Myriam Badaoui, qui a envoyé 13 personnes innocentes derrière les barreaux.
Avec Présumé Coupable, Vincent Garenq retrace cette affaire en se basant sur l'accusé le plus médiatique, Alain Marécaux (Philippe Torreton), un huissier de justice, arrêté à tort en 2001 avec sa femme.

Pour cet homme, ce sera alors le début d'une longue descente aux Enfers. Pourtant, Myriam Badaoui, la menteuse, n'est pas la seule responsable.
Ici, c'est tout un système judiciaire et médiatique qui est pointé du doigt. Dès le début du film, Vincent Gareng présente les hostilités.
Le film commence par l'interpellation et l'arrestation d'Alain Marécaux et sa femme à leur domicile.

L'homme sera séparé de son épouse et de ses trois enfants. Dans un premier temps, cet huissier est convaincu de l'erreur judiciaire: pour lui, cette affaire ne devrait durer que quelques jours. Pourtant, Alain Marécaux va passer plusieurs années en prison pour des crimes qu'il n'a pas commis.
On l'accuse de pédophilie, d'avoir organisé des orgies avec des adultes et des enfants en Belgique et dans la ville d'Outreau.
Il est également soupçonné d'abuser ses propres enfants. Mais il n'est pas le seul accusé dans l'histoire.

Le juge Burgaud (Raphaël Ferret) va suivre les allégations et les délires d'une bonne femme malade et paranoïaque, sans jamais se poser de question.
Le juge Burgaud nous est alors décrit comme un technicien du droit et de la justice. Certes, la police ne trouve aucune preuve matérielle.
Mais peu importe, le juge Burgaud croit sur parole Myriam Badaoui et expédie des innocents en prison sur des dires complètement fantaisistes.

Au niveau de la mise en scène, Vincent Garenq signe un film coup de poing, cru, sans concession et brut de décoffrage.
Ici, pas question de sombrer dans le drame pathologique. Vincent Gareng réalise un film quasi documentaire, sans jamais céder à la facilité.
Présumé Coupable se focalise alors sur le point de vue d'Alain Marécaux et son calvaire qui va durer plusieurs années.

Il s'agit avant tout d'un homme brisé et totalement écrasé par la machine judiciaire, notamment par un dossier sans cesse porté à charge.
A aucun moment, la justice ne se remettra en cause. A aucun moment, le Juge et le Procureur de la République ne se poseront des questions.
Ce qui prime, c'est la parole des enfants, sans compter un appareil médiatique qui prendra quasiment le contrôle de cette affaire, mais au prix de la vie d'Alain Marécaux et de 12 autres personnes.

Pourtant, Alain Marécaux criera son innocence et tentera de s'expliquer. En vain. Heureusement, l'huissier sera sans cesse soutenu par sa soeur et son avocat. Mais la vie de cet homme sera largement broyée par l'implacable machine judiciaire: il perdra son cabinet, sa femme et ses enfants, et sa réputation sera salie à jamais.
Oui, Présumé Coupable nous plonge dans une affaire absolument terrible et peut s'appuyer sur l'immense Philippe Torreton, qui perdra plus de vingt kilos pendant le tournage. Je ne sais plus quoi vous dire: je suis écoeuré, rempli de haine et de dégoût envers ce système judicaire, capable de couper des têtes (ou presque...) au hasard. Et cela peut arriver à n'importe qui d'entre nous.
C'est aussi l'un des messages du film. Le meilleur film français de l'année tout simplement.

Note: 20/20


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