L’équation africaine, de Yasmina khadra

Par Goliath @Cayla_Jerome

 

Bismillah - الحمد لله

Nul ne sait mieux ressentir l’équation africaine que celui qui l’a vécue ! 

L’équation africaine en life… Vaste programme résumé en un titre ! Le siècle moderne qu’est le nôtre regarde d’un œil souvent négatif l’envie de migrer des peuples qui furent le berceau de l’humanité. Chacun, la main sur le cœur pour s’en persuader, jure haut et fort sa volonté d’accueil, son envie de partage, la richesse de cet apport pour notre société confortable et riche. Bref, nombreux sont ceux qui veulent s’ouvrir au monde. Ce même monde dans lequel reviennent en masse les zones de non-droit, qui par faiblesse d’instruction autant que par la perte des repères ancestraux, retournent à l’état sauvage et primitif des temps anciens.

Pour soigner la dépression provoquée par le décès de sa femme, un médecin allemand s’embraque avec un ami, riche humaniste, pour établir un hôpital en Afrique. La capture de leur bateau en mer rouge les plongera dans la profondeur du désert saharien : autant dire un choc en regard de l’image que l’occident s’en fait. Ils subiront les privations dont un continent doit se satisfaire chaque jour, les vexations et manquements qui sont force de loi, là où rien ne persiste bien sinon le sable. Mais nul ne peux comprendre l’Afrique sans s’y attacher, car de ses drames naissent les espoirs les plus forts ; la brutalité bestiale côtoie la gentillesse, le cri de douleur s’entrecoupe de mots tendres, la perte pousse au surpassement… Dans le néant du sable et des regs, les quelques survivances de végétation sont des incongruités notoires où l’homme puise la force de mettre un pied devant l’autre vers un destin qu’il espère moins mal, à défaut d’être meilleur. Celui qui a comprit le rêve africain saisira ces idéaux jusqu’auboutistes et, s’en sentira transformé, grandi. Le médecin captif rendu à sa chère liberté, à l’étroitesse de sa vie, à la monotonie de son monde, cessera enfin d’être borgne…

Violent comme toujours, lorsqu’il le faut, Yasmina Khadra continue de chanter les grâces d’une Afrique en ébullition, mais aussi l’impossibilité de corréler des siècles qui ne vivent pas au même rythme, des aspirations qui divergent, des fiertés qui ne se situent pas sur le même plan que les nôtres.  Nul mieux que lui peut démontrer que les visées affichées du terrorisme sont ailleurs, sans pour autant demeurer si loin d’une logique très humaine malgré tout…

Biographie de l'auteur :

Salué dans le monde entier comme un écrivain majeur, notamment par le prix Nobel J.M. Coetzee, honoré dans plusieurs pays (Les hirondelles de Kaboul a été consacré Meilleur roman de l’année aux États-Unis), Yasmina Khadra est l’auteur, entre autres, de À quoi rêvent les loups, Les Agneaux du Seigneur, Cousine K (prix de la Société des gens de lettres), L’Écrivain (Médaille de vermeil de l’Académie française), La Part du mort (prix du Meilleur polar francophone), Les Hirondelles de Kaboul (Newsweek Award ; Prix des libraires algériens), L’Attentat (Prix des libraires 2006, Prix de la critique, en Autriche) et Les Sirènes de Bagdad. Son œuvre est traduite dans trente-quatre pays. L’Attentat est en cours d’adaptation à Hollywood, et Les Hirondelles de Kaboul sera porté à l’écran par le cinéma français.

www.yasmina-khadra.com

Crédit photo (moi même à Paris)