Le nouvel an chinois en Polynésie

Publié le 24 février 2008 par Argoul

Kung hi fat choy (bonne année prospère), le nouvel an chinois est fêté en Polynésie. Les célébrations et coutumes sont peut-être légèrement différentes de celles pratiquées en France, je vais donc vous les conter. La philosophie est partout la même : commencer la nouvelle année du bon pied, et accompagné de signes de bon augure.

Les préparations sont importantes : grand nettoyage de la maison, achats de nouveaux rideaux ou de coussins si on en a les moyens, des souhaits écrits sur du papier rouge et souvent présentés à l’envers car renverser est homophone d’arriver. Les décorations et inscriptions de l’année dernière sont détruites afin de faire place à de nouvelles. Les provisions ont été achetées pour la préparation des repas, beaucoup de choses à grignoter en famille.

La veille du nouvel an, on purifie son corps par un bain. Une infusion de feuilles de pamplemoussiers refroidie naturellement drainera toutes les impuretés. Attention, il ne faudra pas rajouter d’eau à cette infusion ! Il est intéressant de noter qu’en Polynésie, les grand-mères préparaient pour les accouchées un bain purificateur. Elles faisaient bouillir en chaudrons de jeunes feuilles de goyaviers et de citronniers. La récente accouchée buvait, le plus chaud qu’elle le pouvait, un grand verre de cette « tisane » et se plongeait jusqu’à la taille dans cette eau, laissée naturellement à refroidir. Là non plus, il ne fallait absolument pas ajouter d’eau froide.

Le soir du nouvel an, on réveillonne au domicile des plus âgés de la famille. La nuit de veille est synonyme de gage de longévité. Le repas copieux est fait de sept plats symboliques qui assureront la santé, les études, la réussite… Le poisson (symbole de surplus), s’il est présent à chaque repas du nouvel an, assurera qu’il y aura du surplus tous les ans et que la famille ne manquera de rien. Autre spécialité, le « gâteau du nouvel an », le niangao. C’est une pâtisserie traditionnelle faite d’une pâte de haricot rouge entre deux couches de pâte de riz glutineux parfumé au longane. Gâteau veut dire grandir.

Le Jour de l’An, on porte des habits neufs rouges : robe rouge pour les filles et femmes, chemisette rouge pour les garçons et les hommes. La couleur rouge est auspicieuse pour les Chinois. On ne se fait pas couper les cheveux ce jour-là. On évite de faire une grande toilette, ce serait mauvais. On évite d’utiliser des instruments tranchants. On ne fait pas de ménage. Si l’on doit absolument balayer, il ne faudra pas jeter la poussière ou les détritus à l’extérieur du domicile, cela signifierait une perte. La richesse s’envolerait dès le premier jour de l’année.

En revanche, on donne des enveloppes rouges aux enfants. Elles contiennent un nombre pair de pièces ou de billets. Et l’on devra s’incliner trois fois avec trois bâtons d’encens en main devant l’autel des ancêtres.

Sabine