Canet les 27 avril, 4 et 11 mai 2009

Publié le 16 août 2011 par Balatmichel

Canet les 27 avril, 4 et 11 mai 2009

L'angoisse de chute sans fin à la naissance et ses rapports à la pesanteur

La télévision et Gabriel de Tarde.

Préambule en fonction de post-scriptum

Les trois causeries qui vont suivre ont eu un effet inattendu sur la publication de mes bla-bla du lundi. En effet, après elles, je n'ai quasiment plus publié sur mon site ces improvisations canétoises. Jusqu'alors, de temps en temps, je reprenais les paroles transformées en écrits par Jean-Marc Queffelec, les corrigeais au sabre, modifiais de-ci de-là quelques formulations, et les confiais aux supposés lecteurs de mon site. Bouteilles à la mer au destin précaire. A l'occasion, Laurence Fanjoux-Cohen décidait d'en corriger certains, ce qui m'était d'une grande aide. C'est d'ailleurs elle qui, entourée de deux autres participants de ces lundis, m'a proposé la version des trois textes dont j'ai pris connaissance, et dont elle m'a chargé de la révision finale. Ainsi mis au pied du mur, je me vois contraint de donner quelques explications préalables.

Les improvisations ne sont pas de façade ! Ne sachant ce que je vais dire au moment où je parle ces lundi-là, je me trouve confronté à ce que je ne savais pas… et que ce même ‘je' ne sait plus. Cette faille est une ouverture sur la connerie (je n'ose dire ‘la mienne' car cela n'aurait aucun sens) ou, dans un langage plus précis, sur l'abduction. Ici l'abduction rejoint la connerie de façon visible, si j'ose dire. La voici : lorsque, au sortir de l'utérus, le nouveau-né se trouve en contact avec l'atmosphère trois phénomènes liés se produisent. Le premier, celui de la pesanteur qui maintenant s'exerce sur son corps, le second, celui du dépliement des poumons sous l'effet de la pression atmosphérique après, hormis les accouchements par césarienne, une intense pression sur eux, lors du passage par les voies dites naturelles, qui les expurge des produits qui tapissent les bronches, enfin le troisième, qui est le cœur de l'abduction (et de la connerie), le fait que cette première inspiration modifie le volume du corps de façon sensible, celui-ci passant de 2,5 litres à environ 2,75 litres, et qu'ainsi un supplément de poussée d'Archimède vient s'opposer à la pesanteur, de telle façon que, dès ses débuts, nu dans ce monde sublunaire, le bébé voit se déployer pour lui la pesanteur puis son opposée, infiniment scandée jusqu'au bout de sa vie dans l'expiration et l'inspiration.

[Voilà donc un type se déclarant, à l'occasion, mathématicien, voire même initié à la physique théorique du cosmos (d'évidence pour lui la physique est uniquement théorique !), capable d'énoncer de telles âneries, alors qu'il lui suffisait de calculer les quantités en présence pour se rendre compte (ce qu'il a fait lors de la troisième causerie et dont nous lui savons gré) qu'elles étaient infinitésimales. Lui qui comptait en parsecs et années-lumière avait omis de signaler à lui-même et à ses auditeurs que les quantités concernées avoisinaient le millième voire le dix-millième de g ! Honte à lui. Fin de l'épisode césaréen d'hétéro-autoflagellation.]

Car renoncer à l'abduction n'est pas une solution. Certes, je pourrais rappeler que du faux, le vrai et le faux peuvent s'ensuivre, selon la logique la plus traditionnelle. Mais alors, pour toucher à quelque chose de moins faux, il faudrait creuser plus profond dans l'abduction et voir ce qu'elle recèle qui pourrait permettre d'approcher quelque ‘vérité'. Mais ce serait une démarche aprioriste visant à maintenir la conclusion à tout prix. Je choisis délibérément une autre voie en me posant la question de la possibilité réelle de ladite abduction. Est-il pensable que des quantités aussi infimes puissent s'inscrire dans le corps d'un bébé ? La réponse est, là, clairement, non ! Nous avons suffisamment développé notre conception de l'inscription pour pouvoir répondre cela : aucune feuille d'assertion n'est susceptible d'inscrire une telle variation. Par contre nous pouvons passer du champ de l'inscription à celui de l'écriture.

Une fois de plus je me tourne vers mon cher Peirce et son étude sur les petites différences de sensations menée avec Jastrow . On peut lui faire confiance sur les conditions de l'expérimentation au cours de laquelle (un millier d'expériences) il demandait au cobaye d'indiquer s'il ressentait une variation d'un poids posé sur sa main. Ce dernier devait associer à la réponse oui ou à la réponse non un nombre entre 0 et 3 où 3 signifiait la certitude de la réponse et 0 le fait que celle-ci avait été donnée au hasard. Il se trouve que 3/5ème des réponses données au hasard (note 0) étaient en fait exactes. Je traduis : ce qui s'écrivait (la variation de poids) ne s'inscrivait pas. D'où la précision que je voudrais faire ici : la faiblesse des quantités engagées n'a peut-être pas d'inscription (vous pouvez toujours gonfler vos poumons sans que cela affecte la sensation de pesanteur), mais nous ne pouvons affirmer qu'elle n'est pas ‘écrite' dans le corps. Cela m'encourage à maintenir l'hypothèse faite ici, à savoir que l'enfant, le nouveau-né, écrit dans son corps la pesanteur sous une forme problématique, c'est-à-dire par l'écriture de son opposée lors de la première inspiration. Voilà le système d'opposition logique que je cherchais à mettre en œuvre dès la première causerie. Je rajouterai, en référence la conceptualisation de Jacques Schotte, que cette première inspiration participe de la ‘base', sans doute au sens où Dolto indiquait que l'atmosphère était la transposition du placenta, là où l'expiration (le ‘jeter') participe du ‘fondement'. Reste le troisième terme schottien, l'‘origine' liée au ‘saut' auquel donner un sens. Mais ceci est une autre histoire.

(…)

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