VOITURES CLASSIQUES SPORT de RALPH LAURENT COLLECTION , à Paris

Publié le 18 septembre 2011 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE

Ferrari 250 LM, 1964. Venus de New-York par avions-cargos, les bolides ont mis deux jours pleins pour rejoindre leurs socles dans le musée. REUTERS/Charles Platiau


Parmi les grandes collections automobiles au monde, une plus que toute autre est synonyme d’excellence : celle de Ralph Lauren.

Une sélection de ses plus prestigieuses voitures de sport des années 1930 à nos jours a été présentée en  juillet-août 2011 pour la première fois en Europe au musée des Arts Décoratifs du Louvre. Dix-sept voitures d’exception, choisies par le commissaire Rodolphe Rapetti conservateur général du patrimoine, et mises en scène par Jean-Michel Wilmotte, retracent ainsi les grandes étapes de l’histoire automobile européenne.

Coupé Atlantic 57SC de Bugatti, 1938.

REUTERS/Charles Platiau

A travers cette collection, Ralph Lauren démontre que l’automobile est un art majeur dessiné par les plus grands noms : Bugatti, Alfa Romeo, Bentley, Mercedes-Benz, Jaguar, Porsche et, bien sûr, Ferrari, point culminant de cet ensemble exceptionnel.

Les bolides de la collection Ralph Lauren rendront jalouses les élégantes les mieux carrossées. La belle auto n'est-elle pas le point G du fétichisme masculin? "Un révélateur de personnalité", selon le mot d'Hélène David-Weill, présidente du musée des Arts décoratifs. Elle justifie cette exposition d'automobiles (la dernière remonte à 1970) par la devise des Arts décoratifs: "Le beau dans l'utile."  

"Elles deviennent une partie de moi"

Ces fauves rutilants tout en courbes tendues, en cambrures nerveuses, tirent en effet leur plastique d'un fonctionnel poussé à l'extrême, où chaque détail concourt à la vitesse. "C'est de l'art en mouvement, dit Ralph Lauren, et qui s'exprime sur la route. Mon plus grand plaisir est de vivre avec ces voitures. Quand je m'assois au volant et que je pars en trombe, elles deviennent une partie de moi."  



Jaguar XK120 Roadster de 1955. Dans sa couleur verte d'origine, ce modèle monoplace vibrant d'aérodynamisme, remporta les 24 heures du Mans.

Matières nobles, loupe d'orme et cuirs précieux

Fabriqués en Europe, entre les années 1920 et les années 1960, les joyaux de cette collection unique ont été -au moins les plus anciens- faits à la main par des artisans fameux, dans une débauche de matières nobles, loupe d'orme et cuirs précieux, qui n'ont pas fini d'inspirer Ralph Lauren (pour preuve, la montre Automotive qu'il sort ce mois-ci). Certains de ces étalons mécaniques ont gagné des courses, beaucoup y ont concouru. Tous incarnaient une vision libératrice de la vitesse, typique du futurisme de l'entre-deux-guerres. Avec eux resurgit un monde d'exploits élégants, dont les héros se recrutaient dans l'aristocratie.  

Bentley Blower, 1929

Qualifiée par Ettore Bugatti de « camion le plus rapide au monde », la Bentley Blower est dotée d’un moteur de 4,5litres de cylindrée, dopé par un énorme compresseur (blower) placé à l’avant. Cette voiture conçue pour la course est devenue mythique en dépit d'un cuisant échec commercial – un revers que Walter Owen Bentley considérait comme l’une des raisons pour lesquelles il avait perdu le contrôle de sa société au profit de Rolls-Royce, en 1931.

Fascinante, la Bentley à compresseur a dû une partie son aura aux riches Britanniques qui la pilotaient, les fameux Bentley Boys. Ce n’est donc pas un hasard si elle fut choisie par Ian Fleming pour devenir la première voiture de James Bond.



Mercedes Benz SSK « Comte Trossi », 1930

« Emblème des Années folles, la SSK a marqué l’apothéose de la voiture de sport : elle était aussi novatrice que la Bauhaus de Walter Gropius ! », explique le catalogue de l’exposition.

Voiture la plus copiée de sa génération, le modèle « Comte Trossi » se distingue par le raffinement de sa carrosserie qu’il  doit en partie au comte Trossi – célèbre champion aristocrate italien – qui avait lui-même fourni une esquisse à un carrossier britannique pour adoucir les lignes des SSK d’usine.

« Le compresseur mis en marche, c’était un déferlement de chevaux supplémentaires, qui s’emballaient jusqu’à atteindre une puissance au frein de 250 cv, chiffre incroyable pour l’époque. Les journalistes d’alors ont parlé de “compresseur éléphant” ».



Alpha Roméo Monza 8C 2300, 1931

Incarnant la voiture de Grand Prix par excellence, la Monza signe de grands succès et s’illustre aux mains des pilotes de la Scuderia Ferrari, service de compétition officiel de l’usine. Comme le précise le catalogue, le détail de l’écusson marqué « SF » a été ajouté beaucoup plus tard et révèle l’importance du modèle pour le constructeur. « Ce blason a une signification spéciale dans l’histoire d’Alfa et de l’automobile : il n’a figuré que sur les voitures engagées en course par l’écurie d’Enzo Ferrari ». De quoi rappeler que ce dernier a fait ses classes en tant que pilote de course chez Alfa Roméo  dans les années 20 avant de réaliser ses propres machines… « Je me suis senti envahi d’un désir presque maladif de faire quelque chose pour cette voiture, pour cette création. J’en étais fou », écrit le pilote à son propos, sentant que sa carrière va bientôt s’enrichir « d’horizons plus ambitieux ».








Bugatti 59 Grand Prix, 1933

« Evolution des Types 51 et 54 construits dans les ateliers de Molsheim, héritière de la lignée des mythiques Type 35 aux innombrables victoires en compétition, la Bugatti 59 incarne la référence stylistique et esthétique de la voiture de Grand Prix d’avant-guerre, faute de briller véritablement lors des épreuves sportives », peut-on lire dans l’exposition à propos de ce modèle construit en seulement huit exemplaires. « Le plus frappant dans ce Type 59 reste dans doute ses roues à rayons “en corde de piano” qui révèlent mieux peut-être que tout autre élément qu’il dessina, l’ingénieur artiste qu’était Ettore Bugatti ».









Bugatti 59 Grand Prix, 1933

« Evolution des Types 51 et 54 construits dans les ateliers de Molsheim, héritière de la lignée des mythiques Type 35 aux innombrables victoires en compétition, la Bugatti 59 incarne la référence stylistique et esthétique de la voiture de Grand Prix d’avant-guerre, faute de briller véritablement lors des épreuves sportives », peut-on lire dans l’exposition à propos de ce modèle construit en seulement huit exemplaires. « Le plus frappant dans ce Type 59 reste dans doute ses roues à rayons “en corde de piano” qui révèlent mieux peut-être que tout autre élément qu’il dessina, l’ingénieur artiste qu’était Ettore Bugatti ».

Buggati 57 S(C) Atlantic, 1938

Plus belle voiture jamais construite pour les uns, aberration pour les autres. L’Atlantic est la création la plus controversée de Jean Bugatti (le fils d’Ettore) du fait même de son originalité formelle. « La carrosserie, très pure et très originale pour l’époque, fait appel à des éléments de style qui surprennent encore aujourd’hui, comme par exemple l’assemblage par rivets de certaines pièces de carrosserie. L’influence de l’aviation, la recherche d’aérodynamisme, le carénage et l’intégration des pièces, la fluidité des formes sont toujours des thématiques d’aujourd’hui », explique à son propos le designer automobile Jean-Pierre Ploué, interviewé dans le catalogue de l’exposition. « Sa rareté en fait un mythe. C’est à mon sens une alchimie parfaite entre le travail du sculpteur et celui de l’ingénieur ».

Alfa Roméo 8C 2900 Mille Miglia, 1938

Pouvant être considérée comme « la plus prestigieuse des Alfa Romeo de Grand Tourisme produites avant-guerre », la 8C 2900 avec ses ailes profilées en gouttes d’eau témoigne de la volonté si chère à Alfa de gagner de la vitesse. Il s’agit d’une création de Fleice Bianchi Anderloni, ingénieur, pilote, mécanicien et patron de l’une des plus grandes entreprises de carrosserie italiennes : la Carrozzeria Touring. Grâce à une technique de construction brevetée dite superleggera « super légère », cette dernière permettait d’imaginer et de réaliser des formes plus arrondies que les autres carrossiers. Comme l’indique le catalogue, le modèle fut  conçu en vue des Mille Miglia de 1938. Une course que la 8C 2900 parvint à dominer durant presque la totalité des 1 600 km de compétition avant qu’un problème de freins ne l’immobilise durant quatorze minutes. Le problème lui valut de terminer seulement deuxième, à deux secondes du vainqueur !

Jaguar XK120 Roadster, 1950

Dévoilée lors du salon de Londres de 1948, la Jaguar XK 120 conçue par l’anticonformiste William Lyons marque un temps fort dans l’histoire de Jaguar. Initialement destinée à une production limitée à 200 exemplaires, la voiture connut un engouement immédiat, notamment en Californie. « Evidemment la première XK 120 livrée aux Etats-Unis revint à Clark Gable. D’autres, tels qu’Humphrey Bogart n’allaient pas tarder à le suivre, et le voluptueux roadster fit bientôt partie intégrante de la vie d’Hollywood », relate le catalogue de l’exposition. Forte de son succès, la voiture fut finalement produite en grande série et se déclina jusqu’en 1961 en version XK140 puis XK150.


Ferrari 375 Plus, 1954

La Ferrari dite 375 Plus fut élaborée à partir de la 375MM en augmentant sa cylindrée et sa puissance pour atteindre les 250 km/h. « Faute de véritable service voué au design chez Ferrari, la 375 Plus, véritable pièce de joaillerie, est le fruit d’artisans hautement qualifiés et talentueux guidée par Pininfarina, le carrossier attitré de Ferrari », relate l’exposition.  Le type 375 Plus n'a été décliné qu’à seulement cinq exemplaires parmi lesquels une version Syder qui remporta les 24 heures du Mans en 1954.













Jaguar XKD, 1955

« Afin de trouver une digne héritière de la brillante Jaguar Type XKC doublement victorieuse aux 24 Heures du Mans, l’aérodynamicien aéronautique Malcolm Sayer conçoit une voiture anticonformiste », explique l’exposition à propos de la type D. La version « long nose » - dont seuls dix exemplaires sortent de l’usine, parmi lesquels la 501/601 de Ralph Lauren – peut atteindre les 260 km/h en vitesse de pointe. « Aucune voiture des années 1950 n’incarne mieux la vitesse que cette Jaguar D, avec trois victoires consécutives entre 1955 et 1957 aux 24 Heures du Mans ou encore une autre au Nürburgring, en 1956 : c’est la voiture la plus titrée de sa génération ».







Mercedes-Benz 300 SL « Papillon », 1955

Daimler-Benz présentait la 300 SL « Papillon » comme « le modèle de la série le plus performant jamais  offert au public ». Conçue au moment où Mercedes cherchait à reconquérir la place éminente que la marque occupait dans le sport automobile d’avant guerre, elle est l’œuvre de Rudi Uhlenhaut, ingénieur de la société. « Le cœur de la 300 SL, c’était son châssis tubulaire rompant avec la forme plate habituelle, et qui allait bientôt devenir la norme pour les voitures de compétition les plus élaborées », indique le catalogue de l’exposition. « Cet assemblage par soudure d’une multitude de petits tubes, évoquant un jeu de construction sophistiqué, ne laissait que très peu de place pour entrer et sortir du véhicule, ce qui donna lieu à la particularité la plus notable de la 300 SL : ses portes “d’avion” comme les journalistes les ont appelées au début ». Rapidement, la 300 SL s'illustra en gagnant course sur course et en remportant les 24 Heures du Mans de 1952. L’année suivante, une version de série fut réalisée. Elle sera adoptée par Sophia Loren et Elvis Presley.







Porsche 550 Spyder, 1955

Dévoilée à l’occasion du salon automobile de Paris en 1953 et produite jusqu’en 1956, la 550 est l’une des premières Porsche de compétition. Elle s’illustra en 1954 lors de la Carrera panamericana, au cours de laquelle Hans Herrman signa le 3e temps de la course et la victoire de catégorie, puis en 1956 en remportant la victoire à la Targo Florio. « Depuis le décès accidentel de James Dean au volant d’une telle voiture flambant neuve, le spyder est entré dans la légende et symbolise la ‘‘fureur de vivre’’ », explique l’exposition. Et le catalogue de préciser : « La mort de l’acteur popularisa le nom de la marque, ce qui allait paradoxalement contribuer à transformer la petite usine Porsche en une entreprise de grande envergure ».









Jaguar XKSS, 1958

Fort  de ses victoires aux 24 Heures du Mans de 1955 et de 1956 et désireux d'entretenir l'enthousiasme de sa clientèle, Jaguar décide de décliner sa célèbre XKD en version route, plus confortable. « Cette automobile, principalement destinée au marché américain se distingue du modèle de compétition par la présence d’une capote, de pare-chocs, d’un habitacle plus civilisé et par la disparition de la fameuse dérive », explique l’exposition à propos de la XKSS fabriquée en seulement 18 exemplaires.










Ferrari 250 Testa Rossa, 1958

Réalisée par la Carrozzeia Scaglietti d’après un dessin de Pininfarina, la 250 « Testa Rossa » (tête rouge) doit son nom aux caches arbre à cames peints de couleur rouge sur son moteur 12 cylindres. Avec ses phares intégrés derrière un bulbe de plexiglas et son appuie-tête émergeant de la carrosserie, la Testa Rossa doit aussi son originalité à la hauteur de ses ailes avant qui permettent de ne couvrir que partiellement les roues afin d’obtenir un refroidissement efficace des freins à tambour. Dotée d’une caisse légère autorisant des pointes à 270 km/h et d’un moteur de 300 cv, cette voiture que Scaglietti considérait comme « sa création préférée de l’époque » fut à la tête de nombreuses victoires comme les 24 heures du Mans de 1958, 1960 et 1961.








Ferrari 250 GT Berlinetta SWB, 1960

« La Ferrari 250 GT SWB, méticuleusement restaurée sous la direction de Ralph Lauren, reste l’incontournable chef-d’œuvre de cette incroyable collection de pur-sang automobiles, commente le designer automobile Paul Bracq dans le catalogue de l’exposition. Elle symbolise la quintessence des voitures sportives du XXe siècle. C’est aussi le résultat de la parfaite osmose entre le maître-carrossier Sergio Pininfarina et le génie de la mécanique Enzo Ferrari ». Modèle phare de la marque au cheval cabré, la Berlinette 250 GT bénéficie d’un palmarès sportif impressionnant. S’imposant en catégorie GT lors des 24 Heures du Mans de 1960, elle fit également preuve d’une suprématie écrasante au Tour de France automobile durant trois saisons consécutives (1960 – 1961 – 1962).





Ferrari 250 GTO, 1962

« Automobile conçue dans le plus grand secret, la 250 GTO considérée aujourd’hui comme la quintessence technique et esthétique des Ferrari vintage, incarne pour de nombreux aficionados l’une des voitures de sport les plus célèbres et les plus chères de tous les temps », relate l’exposition. Grâce à son moteur V12 de 300 cv et à la légèreté de sa carrosserie en aluminium, elle peut atteindre les 280 km/h et se targue d’un palmarès sportif exceptionnel en tant que championne du monde des GT en 1962, 1963 et 1964. « Avec une carrosserie signée Scaglietti, dotée d’un capot, d’un cockpit ramassé et d’un arrière tronqué, elle symbolise le grand tourisme par excellence ».



Ferrari 250 LM, 1964

Baptisée 250 LM (abréviation de Le Mans), cette voiture est une déclinaison de la 250 P destinée à remplacer la GTO. « Conçue pour la compétition, elle est dotée d’un moteur situé en position centrale, qui lui confère une ligne alors inhabituelle, présentant un habitacle en position avancé, avec un avant court et un arrière volumineux », explique l’exposition. Grâce à son moteur V12 de 320 cv et à son profil aérodynamique, elle peut atteindre des pointes de 295 km/h. N’ayant pas pu obtenir l’homologation en Grand tourisme, elle fut contrainte de courir en catégorie “prototype” dans laquelle elle remporta la victoire aux 24 Heures du Mans de 1965.

Mc Laren F1 LM, 1996

Oeuvre de Gordon Murray,  la F1 LM (pour Le Mans) a été conçue en vue de rendre hommage à la remarquable prestation de Mc Laren lors de l’édition 1995 des 24 Heures du Mans où cinq voitures parvinrent à terminer l’épreuve. Place centrale réservée au conducteur, poids réduit d’environ 75 kg par rapport à la version route classique, couleur Papaya Orange en mémoire des Formule 1 de Bruce Lc Laren, accélérations foudroyante de 0 à 131 km/h en 5,9 secondes… La F1 LM – produite en un prototype et une série limitée à cinq exemplaires – s’est imposée comme l’une des supercars contemporaines les plus célèbres.

 source: Musée du Louvre: Musé des Arts Décoratifs