The War on Drugs- Alexander Tucker à l'AB Club- Bruxelles, le 17 septembre 2011

Publié le 17 septembre 2011 par Concerts-Review

Pas foule, à 20h, dans le Club de l'Ancienne Belgique, d'emblée tu remarques un grand plateau de travail monté en avancée du podium, dans ton incommensurable crédulité, tu pensais qu'Alexander Tucker, le bidouilleur du Kent, allait s'accompagner à la guitare.

Il n'en fut rien, à 20h15' , il vint tripoter tout un attirail électronique, manipuler quelques pédales et chantonner dans un micro bicéphale.
Pas besoin de setlist, il pondra un seul oeuf qu'il nomma 'Bloops'!
Une oeuvre expérimentale, un soundscape ambient ressemblant, dans son mouvement initial, aux efforts produits par Kreng pour les performances d'Abattoir Fermé.
Après 3/4 minutes, Alexander psalmodie un chant sépulcral qui soudain s'éteint pour faire place à un concerto de clochettes, les vaches regagnent l'étable.
C'est légèrement pompé sur le 'Tubular Bells' de Mike Oldfield.
Le sequencer se décide pour un passage progrock médiéval qu'apprécierait Ritchie Blackmore, le barbu chantonnant ...I was only dreaming....
Dix minutes de ce puzzle made in collageland et Catherine émet l'idée que ce ne serait pas plus mal au bar, on suit cette grande enfant pendant qu'Alexandre, énervé, se met à tourner les manettes dans tous les sens, tant pis pour tes voisins souffrant de diarrhée.
Le nez dans notre Stella on l'entend envoyer du Pink Floyd trafiqué , époque 'Obscured by clouds' , pour ensuite s'essayer à du Ravi Shankar funky.
Une fausse queue, un bruit strident, a réveillé le fils de Jésus, endormi à même le plancher.
Tucker reprend le contrôle et finit par du Tyrannosaurus Rex electro tout en murmurant ...I was doing wild....
Le vaisseau se pose, la balade spatiale prend fin, Catherine commande deux Stellas!


The War on Drugs

Formé en 2005 à Philadelphia par e.a. Kurt Vile et Adam Granduciel, en 2008 Kurt quitte le band.
En 2011, le line-up se compose de Adam Granduciel (vocals, guitar, harmonica, samplers)- Steven Urgo, un drummer qui assure- le formidable bassiste, Dave Hartley et Robbie Bennett aux claviers et à la guitare acoustique.
Ils viennent de sortir ' Slave Ambient' chez Secretly Canadian et, pendant 90', ils vont expédier un indie rock musclé où lignes de guitares bourrées d'effets croisent boîtes à rythmes synthétiques aux résonances Suicide.
Imagine un psyché/ space rock ne reniant pas le singer/songwriting classique aux relents Southern rock ou country, décoré d'envolées shoegaze incandescentes.
Difficile de cataloguer les gars de Pennsylvanie: Tom Petty/ Neil Young/Springsteen/ Jesus & the Mary Chain/ My Bloody Valentine/ Kurt Vile & the Violators.... tu sens tout ça dans leurs compositions souvent vicieuses.
Le chant nasillard ( certains y voient du Dylan) de Granduciel étant bourré de reverb.
Ils arrivent armés d'une douzaine de cannettes de Stella et d'un flacon de Jack Daniels, que le leader garde à ses pieds.
Plus tard pendant le show il te proposera le Bourbon en te suggérant, drink what you want, man....
Brave, gars!
'Best Night' entame le set, de l'americana aux riffs Sonic Youth.
' Baby missiles' quelques drones futuristes, le drummer embraye, envoyez les roquettes, sur lignes d'harmonica cinglantes.
Robbie délaisse ses orgues et se saisit d'une acoustique pour le mélodieux ' Coming through' baignant dans l'univers de Grant Lee Buffalo.
' I was there', dreamy alt.country, sera suivi de ' Your love is calling my name' , une longue plage, mêlant la richesse lyrique d'un Dylan à d' électroniques colorations répétitives sur lesquelles se greffe une guitare exaltée déversant des torrents d'effets feedback.
Adam backstage, une intro ambient, l'instrumental ' The Animator' qui se fond dans ' Come to the city' , where U2 meets Tom Petty.
Un trip hypnotique et nerveux qui fait place au midtempo 'Brothers'.
Adam, farce, ce soir, s'adresse au gamin ( 13 ans) à tes côtés en lui demandant s'il veut accompagner la suivante à l'harmonica, le ket réplique qu'il joue de la batterie, too bad...

'Taking the farm' baigne dans la fange paysanne chère à My Morning Jacket ou Band of Horses, le timbre prend des accents dylaniens farouches.
Même veine, avec touches Neil Young, pour 'Arms like boulders', sur l'album précédent 'Wagonwheel blues' .
' Black water falls' des chutes denses, des cascades de resonating guitar riffs sur nappés de synthé psychédéliques: une cataracte plus spectaculaire que celle de Coo!
The War on Drugs achève le set par 'Needle in your eye' , pas besoin d'acide pour entrer en transe.
Un dernier titre sulfureux, la rythmique binaire faisant éclater ta cervelle.

Fameux gig et le band revient en trio.
Où est passé Dave?
Parti saluer, Yvonne, madame Pipi.
Le voilà, j'ai jamais reçu une telle ovation après avoir été pissé, note-t-il!
'Buenos-Aires Beach' un dernier trip country/psyche rock sur une praia urbana plus habituée au tango.
Tu m'accompagnes à la soirée mod, rue Jules Van Praet, à côté du Shamrock?
On peut rien refuser à Catherine...
Sur place de dangereux clients: Jean-Claude Metteko, un Vogues en galère, Thierry Steuve, Dominic DNA, Sandra 12V Alkaline.... auxquels on se joint pour se trémousser sur de la sixties Northern soul/R & B, loin d'être dégueulasse!
Soul City, Covent Garden, 1966, Catherine était pas née!

Photos de Bart: Alexander Tucker

The War on Drugs