Les Centuries

Publié le 23 septembre 2011 par Joseleroy

Enfin, voici Les Centuries de Thomas Traherne (né en 1636 ou 1637  – décédé le 10 octobre 1674)traduits en français.

Traherne est un des plus grands poètes mystiques anglais du XVIIème siècle.

Quatrième de couverture

« Tout apparaissait Neuf et Étrange au début, ineffablement rare, et Délicieux, et Beau. J'étais un petit Étranger et à mon Entrée dans le Monde j'étais Salué et Entouré de Joies innombrables. Ma Connaissance était Divine. »

Dans la campagne galloise, au milieu du XVIIe siècle anglais déchiré par les troubles politiques et religieux, s'élève une voix unique, souveraine, celle de Thomas Traherne. Sa prose rythmée rappelle Silesius par la fulgurance de l'aphorisme, Ruysbroeck par l'assurance de l'affirmation et Eckhart par la profondeur de l'expérience. Traherne meurt à l'âge de trente-sept ans au terme d'une vie contemplative et solitaire. « C'était, écrit une des rares personnes qui l'ait bien connu, un homme d'un tempérament agréable et enjoué, dépourvu de ces formes d'aigreur ou de raideur, par lesquelles certains hommes prétendument pieux discréditent et dénaturent la vraie Religion davantage qu'ils ne la rendent recommandable. » Il n'a cessé d'écrire, sans rien signer ni rien publier qu'un unique livre, un an avant sa mort.

Ses manuscrits sont recueillis par son frère, puis par une autre famille, pour être enfin dispersés deux siècles plus tard. En 1897, ils sont découverts chez un bouquiniste : d'abord attribués à Vaughan, puis rendus à leur véritable auteur. Les Poetical Works paraissent en 1903 suivis des Poems of Felicity, les Centuries of Meditations attendront 1908 et les Select Meditations 1997. Les découvertes continuent et l'oeuvre de Traherne apparaît aujourd'hui comme l'une des plus vastes et singulières de la littérature anglaise du XVIIe siècle. En France, un seul volume a été publié, traduit par le philosophe Jean Wahl.

Mais le chef-d'oeuvre de Traherne restait inaccessible en français : ces Centuries écrites à la fin de sa vie, « rayonnantes, écrit Jean Mambrino, d'une lumière, d'une musique presque issue d'un autre monde, à travers une prose où l'on entend comme un écho de l'innocence divine ». Car Traherne ne cesse d'affirmer et de célébrer la possibilité pour l'homme de vivre dans l'éternité dès ici et maintenant :

« Vous ne Goûtez pas le Monde comme il se doit tant que la Mer elle-même ne coule pas dans vos Veines, tant que vous n'êtes pas Vêtus des Cieux ni Couronnés des étoiles. »

Manuscrit de Traherne

Extrait:

"Peu d'hommes veulent croire que l'Ame est infinie. Pourtant l'Infini est la première Chose que l'on connaît naturellement Les Bornes et les Limites ne sont Discernées qu'en Second lieu. Imaginons un Homme Né Sourd et Aveugle. Grâce à l'intuition même de Son Ame, Il appréhende l'infini autour de Lui, l'Espace infini, l'Obscurité infinie. Il ne songe pas au Mur ni aux Limites avant de les sentir, avant qu'ils ne l'arrêtent Que les choses sont finies, nous l'apprenons donc par nos sens. Mais l'Infinité, nous la connaissons et la sentons par nos Ames, et nous la sentons de façon tellement Naturelle qu'on croirait que c'est l'Essence et l'Être mêmes de l'Ame. En vérité, c'est de manière individuelle qu'Elle est dans l'Ame. Car Dieu y est présent et plus proche de nous que nous le sommes de nous-mêmes. De sorte que nous ne pouvons pas sentir nos Ames que nous ne Le sentions dans cette première des Qualités, l'Espace infini. Car nous pouvons bien faire abstraction du Ciel et de la Terre et Annihiler le monde en Imagination mais en arrière-plan demeurera le lieu où Us se tiennent et nous ne pouvons ni en faire abstraction ni l'Annihiler, quoi que nous fassions. Cela qui est, au dehors, la Chambre de nos Infinis Trésors et qui en est, en nous, le Dépositaire et le Destinataire." Thomas Traherne