Fin août. Premier projet. Qui fait office de dépuceleur...

Publié le 29 septembre 2011 par Fabrice @poirpom

Fin août. Premier projet. Qui fait office de dépuceleur d’équipe terrain. Jetée en plein d’dans d’un coup d’épaule. Pour caresser l’idée du bout des doigts. Une sorte de visite pas très guidée mais intense du navire qui vient de les embarquer pour quelques semaines.
Gratter, poncer, vider, ranger, nettoyer, peindre. Quatre heures d’usine à sueur. Des coutures de mini-shorts se resserrent sur des rondeurs surprises par l’effort. Des bermudas de lascar se convertissent en serpillère de ménagère. Des t-shirts graphic designed s’étirent en robe d’été patchwork. Des baskets de minets deviennent des godasses de routard.
C’est K-Mel qui reçoit. Gros lascar doux comme un agneau. Son asso apprend aux jeunes cons des quartiers nord à l’être un peu moins - jeune ou con. Permis de conduire, de cariste, de survie… Tout ce qui peut permettre de moins déguster de la merde à tous les repas, de sortir d’un trou de béton pour aller bosser, K-Mel leur dégote la possibilité de l’obtenir. En grattant des tunes à toutes les institutions susceptibles d’en lâcher.
Il y a quelques années, il dégote une vieille bâtisse. Ancienne école abandonnée. Murs de cinquante centimètres d’épaisseur, rambardes d’escalier en fer fatiguées, marches en bois limées. Un bâtiment beau comme un camion oublié dans une casse. Délaissée par une mairie paresseuse.
Pas facile pour K-Mel de batailler contre un paresseux. Pas facile mais pas grave. Nouvelle porte, nouvelle serrure. Visite des locaux en sa compagnie il y a un an. Avec K-Ro et Toto l’américano. La ballade a une gueule de repérage pour free party. Des flaques de fiente desséchée dans tous les coins, des cadavres de pigeons en décomposition sur les marches, des pans de cloisons faiblardes effondrés. Un passage de l’arrière vers l’avant du bâtiment qui se fait en grimpant sur une chaise en plastique dégotée là…
On peut faire un truc ou pas?
Un teknival aurait adoré. Mais Toto grince un peu des dents. K-Ro est polie mais ne sait pas trop quoi dire.
Finalement, après bavardages, K-Mel est ok pour démarrer le boulot de son côté. Dans la foulée, montage d’un projet l’année dernière pour nettoyer. Retour cette année pour poursuivre le boulot: montrer à cette bâtisse qu’il est trop tôt pour crever. Qu’il y a encore plein de choses à faire.
De son côté, Le paresseux tient bon. Reste agrippé à sa connasse de branche. Pas un centime pour aider K-Mel. Mais pas d’interdiction non plus.
Sourde indifférence.
Pas grave. Du gros son, des gros pots de peinture, une équipe de gentils éraflés, du soleil et une bonne dose de bomba. Deux week-ends de projets pour faire avancer le schmilblik.
À la fin de l’après-midi, objectif atteint. Suivront six semaines de taff, dans tout Marseille. Chez K-Mel ou ailleurs.
Équipe dépucelée. Les éraflés vont s’activer.