HOKUSAÏ, manga par SHOTARO ISHInoMORI

Publié le 29 septembre 2011 par Mpbernet

Quoi de plus logique que de lire une biographie du grand peintre Hokusaï (1760 - 1849) sous forme de manga, alors que c'est lui qui en créa le concept ! Et une merveilleuse introduction à ce genre pictural et surtout éditorial qui représente aujourd'hui plus du tiers en volume et un quart en valeur du total du secteur de l'édition au Japon, et prend une place grandissante dans l'univers de lecture des jeunes chez nous...

Une manga, c'est un livre à regarder plus qu'à lire, priorité étant donnée à l'image. Elle vient chronologiquement, dans l'histoire, avant la production des estampes, un genre dont je suis totalement fan. Et c'est bien le peintre Katsushita Hokusaï qui donné son nom au genre avec ses Hokusaï Manga, publiés de 1814 à 1834 à Nagoya.

Les caractéristiques d'un manga se retrouvent naturellement dans ce volumineux ouvrage réalisé par un des mangakas les plus prestigieux : Shotaro Ishinomori (1938-1998), dont nous connaissons tous des créations emblématiques comme Cyborg 009 et l'anime (dessin animé) San Ku Kaï, diffusé en France à partir de 1979.

Tout le monde se souvient de la musique du générique en France, composée par Eric Charden.....

Son livre nous fait connaitre la vie mouvementée et si longue de Hokusaï, mort à 89 ans : chacun des chapitres, qui ne respecte pas l'ordre chronologique, présente une étape cruciale de la vie du peintre, toute sa vie hanté par la recherche de son style personnel, changeant de pseudonyme pour incarner une nouvelle manière alors que ses éditeurs lui réclament de nouvelles images sous son nom le plus célèbre....

Toute une vie à traquer la possibilité de peindre les choses derrière les choses, l'essence de la vie. Une vie passée en coups d'éclats, en quête d'argent aussi. Un héros violent, roublard, grossier, autocentré, jouisseur, prétentieux, génial et séducteur.

Il teste plusieurs médias : l'illustration de romans feuilletons populaires, les estampes érotiques, l'adoption de certaines techniques venues du monde occidental comme la perspective et le clair-obscur, les formations nuageuses, l'utilisation de couleurs chimiques plus stables comme, en fin de carrière, le bleu de Prusse que l'on retrouvera de façon systématique chez ses élèves et successeurs comme Hiroshigé....

A partir de 1842, il rédige une quantité de manuels d'instruction pour les peintres : la (ou le, on dit comme on veut) manga "Les innombrables dessins d'Hokusaï". A 60 ans, il n'est toujours pas satisfait de son style, malgré des chefs d'oeuvre comme La grande vague, la femme à la pieuvre, le génie aux assiettes ...

Une approche ludique de l'histoire de l'art japonais par excellence, éclairant et hilarant à la fois.

Hokusaï, par Shôtarô Ishinomori, édité chez KANA (Dargaud-Lombard), traduit et adapté en français par Samson Sylvain, 590 p. 15€ "Pour public restreint".