Pourquoi le Sénat devient le cauchemar de la droite ?

Publié le 30 septembre 2011 par Rsada @SolidShell

Une chambre parlementaire où l’alternance démocratique s’exerce est toujours un évènement important. Mais lorsque cette chambre c’est le Sénat tenue depuis plus de cinquante ans par la même majorité, cet évènement résonne comme séisme politique qui laissera des traces pour très longtemps !

Jamais une élection sénatoriale n’aura autant retenue l’attention de nos medias, pour la bonne et simple raison que depuis 1958 celle-ci ne présentait aucun intérêt puisqu’aucun changement de majorité n’y était possible. Hors depuis les régionales de 2004 où la gauche –et le PS en particulier- a remporté très largement toutes les élections intermédiaires, un basculement du Sénat était devenu envisageable voire fort probable.

Confiante dans son aura auprès des grands électeurs, la droite a pêché par excès d’orgueil en pensant que sa majorité en sortirait intacte. Dimanche dernier, au même titre que tous les français lors des précédents scrutins, les grands électeurs ne se sont pas contentés d’adresser un avertissement sans frais en infligeant une correction sévère à la droite et à l’UMP en particulier.

Dans une élection voulue confidentielle, dimanche soir les français ont été les témoins directs des arrogantes déclarations de certains représentants de l’UMP qui, non contents de nier une défaite historique, se sont laissés aller à des séquences d’explications démocratiques aux grands vainqueurs de la soirée.

Un ancien Premier Ministre comme Jean-Pierre Raffarin, pourtant grand homme d’Etat, qui explique sans rire les raisons pour lesquelles il est impensable de voir une majorité de gauche émerger au Sénat : « pour l’équilibre démocratique », « pour l’assurance d’une bonne gestion des travaux du Sénat » et « pour épargner à la Haute assemblée de devenir une tribune politique », suffit a donner une indication précise qu’entretiennent certains responsables politiques avec le pouvoir.

Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche et candidat à la primaire citoyenne, ne s’y ai pas trompé. En réponse à un Philippe Marini (rapporteur du Budget UMP) qui tenait ce même genre d’analyse il répondra avec éloquence : « C’est étrange, à chaque fois que la droite gagne une élection c’est normal. Lorsque la gauche gagne, c’est une erreur ou un danger pour la démocratie ! ».

L’éphémère bataille de Gérard Larcher pour conserver son Plateau (NDRL : la présidence du Sénat) a sonné le glas des espoirs de l’UMP sur ordre du président Nicolas Sarkozy qui l’a invité à renoncer à celui-ci. Oui et ce n’est pas une nouveauté, il était vraiment inconcevable qu’une assemblée où une majorité est à gauche soit présidée par la droite ! Non monsieur le président de la République, ce n’est pas non une « grâce » que vous avez bien voulu accorder à la gauche ! La démocratie marche dans tous les deux sens.

Pour ma part, si vous vous doutez bien que je suis ravi du résultat final, je n’ai pas aimé cette élection sénatoriale et le climat politique dont nous sommes les otages depuis 2007.

J’accepte difficilement de recevoir un certificat perpétuel de « bonne conduite civique » par des responsables de l’UMP qui pensent que le pouvoir leur est acquis et qu’ils sont les seuls détendeurs du « made in France », de la vraie France !

J’accepte très difficilement cette arrogance devenue coutumière de la part d’hommes et de femmes qui ne sont que dépositaires d’une fonction et non les propriétaires.

Après le drame du 21 avril 2002, la gauche française avait sombré. Victime de ses dogmes d’antan, de ses batailles intestines et de son manque d’audace et de courage politique. Tout n’est pas réglé et il y a encore bien des questions à trancher. Toutefois, au travers de cette très belle victoire au Sénat et de toutes celles qui se sont succédées dans les élections intermédiaires depuis 2004, la gauche s’est reconstruite et est en passe de réussir sa mutation. Si tel est le cas, son horizon se dégage pour 2012 !

A la manière de Raymond Queneau : « Avoir un système borne son horizon ; n'en avoir pas est impossible. Le mieux est d'en posséder plusieurs ».