Le Gers grand gabarit

Publié le 03 octobre 2011 par Toulouseweb
Les rencontres de Gimont montent en puissance.
C’est un rendez-vous inclassable, chaleureux, original, qui devient incontournable : les Rencontres aéronautiques et spatiales de Gimont, dont la 7e édition vient de fermer ses portes, ont connu un grand succès. Elles ont réuni beaucoup de monde, y compris des visiteurs venus de loin, un salon où l’on cause, comme il en existe peu.
La manifestation annuelle est marquée du sceau de l’originalité, à commencer par son cadre, Gimont, à une cinquantaine de kilomètres de Toulouse, aux portes de la Gascogne, en Arrast Gimone. S’y côtoient la comtesse du Barry, une usine Latécoère, la brique cuite, d’autres points forts d’une économie florissante, le tout organisé autours de trois axes grosso modo parallèles : le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, la route à grand gabarit qu’empruntent de nuit les imposants poids lourds qui acheminent vers Blagnac les sous-ensembles d’Airbus A380 …et l’axe imaginaire d’une piste d’aérodrome virtuel, cadre d’une beau meeting aérien.
Cette année-ci, on y a admiré le savoir-faire de Catherine Maunoury, double championne du monde de voltige, l’impeccable patrouille Breitling, les montgolfières emmenées par Patricia Lamy, etc. La preuve est faite qu’un spectacle aérien de haut niveau peut se dérouler sans aérodrome. Etonnant !
Gimont, habilement, joue une astucieuse carte multidisciplinaire : un zeste de littérature (un concours de nouvelles qu’il faudra développer), des livres et des B.D., des conférences et un concert hors normes : les 55 musiciens de la Musique de l’Air de Bordeaux ont longuement capté l’attention d’un public nombreux, accompagnés sur grand écran d’images savamment montées par Jean Ponsignon. Une première qui fera certainement des émules.
Un autre volet de ces Rencontres retient l’attention, un forum de l’emploi aéronautique, initiative sans précédent dans un tel cadre, qui a attiré plus de 800 personnes, les a mises en face des recruteurs des industriels du Sud-Ouest, notamment Airbus, Latécoère, Equip’Aéro, JBC Aero et leurs sous-traitants, a suscité de très nombreux rendez-vous avec, en perspective, des embauches. Le maire de Gimont, Pierre Duffaut, et Alain Disy, directeur des services municipaux, ont ainsi permis à la manifestation de passer à la vitesse supérieure, joignant l’utile à l’agréable.
Après la fête des vendanges et un concert flûte et orgue, Gimont s’inscrit ainsi dans une catégorie nouvelle, celle des grands rendez-vous qui sortent des habitudes et annoncent une nouvelle manière de répandre la bonne parole, tout à la fois détendue et indispensable. Reste à trouver les moyens complémentaires qu’appelle un tel développement, sachant que la notion de mécénat est malheureusement peu répandue dans le secteur aérospatial français. Il faudrait aussi que Gimont aille plus avant dans le projet de créer un petit aérodrome privé, ce qui lui permettrait d’asseoir sa nouvelle vocation. De plus, symboliquement, l’ouverture d’un tel terrain permettrait de compenser quelque peu les mauvaises nouvelles administratives et réglementaires qui s’abattent régulièrement sur l’aviation de loisirs.
En prenant un peu de recul par rapport à la manifestation, on peut aussi élever le débat. On constate alors que ce rendez-vous du Pays Portes de Gascogne est tout sauf anecdotique. L’intérêt qu’il suscite confirme que la vocation aéronautique de la France reste bien vivante, solidement ancrée dans notre histoire contemporaine et ne demande qu’à s’exprimer dès que l’occasion lui en est donnée. Le retour sur investissement, la volonté de satisfaire d’anonymes actionnaires, la mondialisation du secteur, l’évolution des grands groupes vers un statut apatride, n’auront heureusement pas raison de cette belle passion. D’où l’importance d’une manifestation de la qualité des Rencontres de Gimont, à encourager sans restriction.
Pierre Sparaco - AeroMorning