De Pierre Mariani à Ziad Takieddine: la Sarko-connexion des années 1990

Publié le 06 octobre 2011 par Juan
A l'UMP, on en a marre de ces affaires. L'atmosphère est jugée « puante », au moins autant que les manipulations et les scandales, serait-on tenté de répondre.
On nous fait croire que Sarkozy travaille. Comme chaque semaine, il faut se rendre à l'évidence. Il travaille... à sa campagne.
On aimerait qu'il nous parle de la crise, qu'il rassure sur la disparition programmée de Dexia, ou qu'il commente l'échec des négociations sur la pénibilité au travail. Et bien non. Il préfère attendre la fin des primaires socialistes pour s'exprimer. Il n,e dira rien de l'application douteuse de sa réforme des retraites.
Quant aux affaires...
Sarko se planque
Nicolas Sarkozy joue la montre. Il parlera sans doute de la crise, mais plus tard. Pour le moment, il aimerait que le plan urgent de sauvetage de la Grèce soit ratifié et en place. Un « intime » a confié au Figaro que la crise est «le meilleur agent électoral de Sarko». Sans blague ?
Jouer la montre, c'est surtout attendre de connaître son adversaire socialiste, à l'issue des primaires dont le premier tour a lieu ce dimanche. Ensuite, il sera temps de parler. Justement, il y aura un G20, à Cannes. Excellente opération médiatique. Qui osera expliquer que la fameuse présidence française des G8 et G20, depuis novembre 2010, n'aura servi à rien ? On murmure qu'il prépare une « Lettre aux Français », comme Mitterrand en 1988. L'ancien président socialiste sortait d'une cohabitation avec un Jacques Chirac devenu ultra-libéral. Sarkozy sort ... de son premier mandat. Est-ce trop que de demander qu'il montre, enfin, un peu de courage et assume ses actes ? Visiblement, c'est trop d'efforts.
Nicolas Sarkozy veut une campagne aussi courte que son bilan.
Cette semaine, le candidat avait de grandes choses à dire en faveur des protestants. Il a déjà célébré les « racines chrétiennes », puis les « racines juives » de la France. Quel sens du timing ! Il a donc décidé, nous ont décrypté les envoyés spéciaux en Sarkoland, de célébrer toutes les religions du pays. On attend avec impatience la venue de Sarkozy dans une mosquée !
Comme souvent, l'actualité, la vraie, celle que nous subissons, était pourtant riche cette semaine.
Le commerce non alimentaire a brutalement chuté depuis juillet. « Les commerçants ont connu cette été une cassure avec, fait nouveau, une baisse généralisée touchant tous les types d'enseignes et non plus seulement l'équipement de la maison (Darty, etc.) ainsi que tous les types de commerces (centre-ville, centres commerciaux, etc.) » s'inquiète les Echos. Le marché immobilier est en train de se retourner. On vend moins, faute de revenus et de crédit. La baisse des prix a commencé, en province. N'est-ce pas également un signe alarmant ? Autre triste sujet, la pénibilité. L'INSEE vient de livrer sa dernière estimation de l'espérance de vie respectives des cadres et ouvriers. A 35 ans, l'écart d'espérance de vie est de 6 ans au bénéfice des cadres. Parlons donc pénibilité. Depuis le 1er juillet, peu de demande de dérogations pour retraites anticipées ont été faites, 1000 à peine. Environ 15% d'entre elles ont été refusées. Quant aux grands accords d'entreprise sur le sujet promis par le gouvernement...


Une banque française disparaît
Trois ans presque jour pour jour après une première menace de disparition, la banque franco-belge Dexia est à nouveau au bord de la faillite. En septembre 2008, les gouvernements français et belge avaient dû intervenir, en garantissant 150 milliards d'euros de garanties des Etats, dont 55 milliards pour la France. Ce fut la seule quasi-nationalisation d'une banque opérée en France cette année-là. Corollaire inattendu, Nicolas Sarkozy y plaça l'un de ses proches, Pierre Mariani, ancien directeur de cabinet quand il était au Budget entre 1993 et 1995.
Trois ans plus tard, il reste encore quelque 100 milliards d'euros d'actifs, dont certains très « toxiques », au bilan de la banque. Comme le commentait une journaliste des Echos, « première victime avec l'américain Lehman Brother's de la crise de liquidités en 2008, Dexia est ainsi encore la première victime de la crise de la dette.» Or la disparition programmée de Dexia risque de provoquer des restructurations en cascade. Parmi ces 100 milliards d'euros, on trouve 21 milliards d'euros de dettes souveraines de pays européens à risques. Ces actifs seront logés dans un « véhicule de cantonnement », un mécanisme similaire à celui adopté pour le Crédit Lyonnais à la fin des années 1990 (avec la création du CDR). Pour le reste, les actifs les plus attractifs de la banque seront cédés. En bref, Dexia va disparaître.
Lundi soir, le gouvernement français hésitait à garantir le financement de cette nouvelle structure, provoquant une nouvelle nervosité des marchés le lendemain matin. Mardi, François Baroin dut promettre la garantie de l'Etat français. Mercredi, il fallait aussi assurer que ce sauvetage n'aurait aucune incidence sur l'endettement du pays, et donc le Triple A de la dette souveraine française. Baroin avait la réponse toute trouvée: cela « n'alourdira pas la dette de l'Etat français puisque, selon Eurostat, les garanties aux établissements financiers ne sont pas intégrées dans la dette publique ».
Dormez tranquille !
Takieddine se confesse
Pierre Mariani connaît sans doute Ziad Takieddine. L'ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy aurait dû voir passer quelques-uns des formulaires d'autorisation du montage fiscal des ventes de frégates à l'Arabie Saoudite (contrat Sawari II) ou des sous-marins au Pakistan (contrat Agosta), au coeur du Karachigate.
Ziad Takieddine, homme d'affaires dont l'implication dans ces ventes n'est plus à prouver, était à nouveau interrogé par le juge Renaud van Ruymbeke ce mercredi 5 octobre. Mais l'homme d'affaires veut faire annuler la procédure. D'après son avocat, une partie des investigations du juge, notamment les auditions de Dominique de Villepin et de Charles Millon, a été réalisée « hors saisine ». D'après le journaliste Fabrice Lhomme, à l'origine de nombreux scoops dans cette affaire, Takieddine menace mais se confesse peu: « pour l'instant, Ziad Takieddine ne "balance" pas, mais semble plutôt menacer de le faire, la nuance est importante. »
Effectivement, Takieddine a l'air heureux de pouvoir se confier: « La procédure s’accélère. Ca me convient parfaitement. Les éléments contenus dans le dossier le prouveront: je ne suis ni le payeur, ni le destinataire des éventuelles rétro-commissions que la justice recherche dans cette affaire ».