Vanité des vanités s'envole dans le vent

Publié le 12 octobre 2011 par Beniouioui

Dans quelques jours (jeudi), les juifs iront rire sous des cabanes. "Tu te réjouiras à ta fête", dit le Deutéronome. A Souccot, les juifs ne remercient pas seulement Dieu pour l'abondance des récoltes; ils se souviennent également que Dieu les a fait sortir d'Egypte. Alors, ils lisent le Hallel qui regroupe les psaumes de joie et ils rient, ils font la fête, ils dansent de joie. Ils "chantent la vie", dirait Edouard Baer.

Mais la sagesse n'étant jamais très loin, les rabbins atténuent chaque année cette explosion de joie par la lecture d'un livre triste, dur, incompréhensible : l'Ecclésiaste.

L'Ecclésiaste, c'est ce livre étrange de la Bible qui nous révèle la vanité des hommes. "Vanité des vanités, tout est vanité." Dans ce texte révoltant, l'homme semble avoir peu d'espoir dans un monde obscur. Il n'y d'issue ni pour les mauvais ni même pour les bons puisqu'à la fin le sage meurt avec les sots.

En cette semaine de Souccot, l'actualité semble oublier la joie pour se concentrer sur le désespoir. Les coptes qui avaient tant espérer de la révolution vivent à nouveau des moments difficiles en Egypte; l'Europe qui comprenait enfin que l'économie mondiale avait besoin d'un peu de réalisme ne sait plus quoi faire de son mouton noir slovaque; les Etats-Unis qui venaient de pleurer les 10 ans des attentats du 11 septembre semblent accuser l'Iran d'un acte terroriste qui, s'il était avéré, ébranlerait quelque peu les affaires du monde. Bref, si le calendrier maya nous indique la fin du monde pour 2012, la multiplication des événements dramatiques pousserait à y prêter une attention plus qu'ésotérique.

Mais plutôt que croire le calendrier maya, concentrons-nous sur l'Ecclésiaste. Tout est vanité chez l'homme. L'homme fait souvent n'importe quoi par vanité, c'est à dire pour rien, pour du vent, pour du vide. L'homme agit sottement parce qu'il a peur. Peur de l'altérité chez les populations égyptiennes; peur de la défaite électorale chez les hommes politiques européens (ou américains qui n'arrivent pas plus à élaborer un quelconque programme économique); peur de la révolution et de la liberté chez les dirigeants iraniens.

Tout cela serait bien sombre sans une phrase. L'avant dernière de l'Ecclésiaste. "Crains Dieu et observe ses commandements, car c'est là le tout de l'homme." C'est un peu abrupte comme conclusion mais il faut la lire dans son contexte. L'Ecriture Sainte ne s'arrête pas avec l'Ecclésiaste. Elle se poursuit jusqu'à la Croix et la Résurrection du Christ. La sagesse qui semble vaine ici trouve son ciel là-bas. L'homme ne doit pas perdre son espérance et continuer d'oeuvrer en charité, de suivre les commandements de Dieu; il verra une lumière.

Certes, le monde nous tombe chaque jour un peu plus sur la tête. Certes, cette semaine pathétique n'est pas si différente des précédentes et même, osons-le, des futures. Certes, la joie de Souccot est atténuée par la tristesse de l'Ecclésiaste. Cependant, lundi prochain, un duo magique nous éclairera beaucoup moins théologiquement mais beaucoup plus sûrement. Bob Dylan et Mark Knopfler qui seront alors à Bercy nous rapellerons que si "Money for Nothing" est triste, il est certain, oui certain, que quelque part dans le vent, dans l'humilité, la charité ou l'espérance, il y a une réponse. "The answer, my friend, is blowin' in the wind."