17 Filles, de Muriel et Delphine Coulin

Par Celine_diane


[AVANT-PREMIERE]
Les sœurs Coulin ont visiblement été fascinées par les sœurs Lisbon de Sofia Coppola, tant leur 17 filles, très imprégné du cinéma US, lorgne du côté de Virgin Suicides. Par cette façon qu’elles ont de capter la lumière, d’offrir la parole à des figures féminines adolescentes paumées, ennuyées, refusant la nullité du monde parental et scolaire. Par cette absence volontaire d’explication aussi. Chez Coppola, les filles décident de se tuer. L’acte de rébellion est différent ici : elles sont 17, et s’accordent pour toutes tomber enceintes, en même temps. Transposant le fait divers américain (qui a eu lieu à Gloucester en 2008) dans la commune française de Lorient, rongée par la crise économique, elles inscrivent leurs lycéennes au milieu de paysages mélancoliques et côtiers, leur offrant un parfait terrain de jeu pour y faire croître leurs revendications. Ce qu’elles veulent, ces filles, c’est stopper le temps. Rester avec les copines. Eviter la morale des parents, le chômage, la galère, la solitude. Tout ce que leur promet l’avenir. Faire un bébé, contre l’avis de tous, provoc’ ultime dans un monde qui reste sourd à leurs peurs et inquiétudes, c’est leur dernier acte possible de rébellion. Une réappropriation du corps qui crie merde à tous.
Ainsi, ce n’est pas pour rien que les cinéastes laissent de côté les mecs, réduits à des géniteurs, filment des parents, invisibles, ou une Ecole muette. Ce qui les intéresse, c’est surtout cette parenthèse, cette décision suspendue, de rêver la vie, d’être ado, d’espérer mieux. Esthétiquement, elles sont d’un bout à l’autre très influencées par l’esprit américain, on y croise les spectres Van Sant, Skins, Laura Kasischke ou l’essence des teen movies US eighties, façon Grease avec ces beaux gosses, ces instants évanescents, ces feux de camps hors du temps. Hélas, le parti pris est visuel, pas politique. C’est beau, mais creux. La vraie faiblesse d’un film qui semble n’avoir aucun public. Un peu bancal, perdu dans un discours faiblard, un peu terne, lointain. Les adultes ne comprendront pas, les ados pourraient y puiser de mauvaises idées ( !). La base est prometteuse, mais on attend le prochain film de ce duo sororal pour un véritable aperçu de leur patte et univers cinématographiques.

Sortie Cinéma : 14 décembre 2011