Umar TIMOL (Île Maurice).

Par Ananda

IMPROVISATION.
je sais toutes les nuances du soleil et ses grandes accalmies
je sais que la mer n’est point la demeure de nos errances
je sais ces nuées de sang qui ensauvagent nos sentiers pas encore balisés
je sais la déroute de ce corps trop longtemps affilié à la terre
je sais le joug de vos grands envols vers la nuit bleue
je sais ces territoires qui rapiècent nos ailes cassées
je sais tous ces peupliers qui déracinent l’amertume des sables
je sais que vos larmes foulent des devenirs cadenassés
je sais que vos mains fomentent les dérobades de mes rêves
je sais les retrouvailles de votre chevelure avec les aubes
je sais ces yeux qui charpentent d’autres sillons de lumière
je sais que votre visage est ce lien charnel qui nous unit à l’absence
je sais ces os désarticulés par la membrane de vos artères
je sais tous les rouages de ces cieux qui enfantent votre souffle
je sais les fêlures de ces lunes trop longtemps asservis
je sais la pierre qui alunit dans les plis de nos éphémères
je sais la trame des extases et son contraire
je sais l’énigme de ces âmes arrimées à trop de désirs
je sais votre défilé d’étincelles et de poussière dans les antres époustouflés de couleurs
je sais ces signes qui désignent la grande naissance de la lave
je sais la source qui ne tarit aucune soif mais qui assouvit nos trop nombreux délires
je sais ce verbe qui ne cesse le pacte avec les origines
je sais la délectation des mots qui fuguent mais qui instruisent le grand canevas de la beauté

Umar Timol