Le Questionnaire de Proust

Par Etrangere
Récemment, avec une amie (qui va se reconnaître), nous avons joué à un jeu. Un défi. Le même que celui que Marcel Proust avait coutume de lancer à ses invités.  

Et donc, je ne sais pas pourquoi, l'idée m'est venue de vous le transmettre. 
Enfin, transmettre un questionnaire un peu plus "anonyme", mais toujours pareillement sincère.   
1- Le principal trait de mon caractère. 
  
Proust : Le besoin d’être aimé et, pour préciser, le besoin d’être caressé et gâté bien plus que le besoin d’être admiré.Ma réponse :  Celui d'en avoir un, tout simplement : je suis, donc je cause, et j'agis ; cela vous va comme réponse ?

2 - La qualité que je préfère chez un homme. 

Proust
: Des charmes féminins. Ma réponse :  La nonchalance, ou la hantise suprême de déplaire ; les deux vont de paire.

3 - La qualité que je préfère chez une femme. 

Proust
 : Des vertus d’homme et la franchise dans la camaraderie.Ma réponse :  Pouvoir m'éblouir sans beauté ; pouvoir me dire des choses sans parler ; le fait d'être muse, en somme.
4 - Ce que j’apprécie le plus chez mes amis. 

Proust
D’être tendre pour moi, si leur personne est assez exquise pour donner un grand prix à leur tendresse.
Ma réponse : 
Le fait de ne jamais faillir, ni de décevoir ; et plus encore, lorsqu'ils me déçoivent et faillent, celui de le dire et par la même, le réparer.
5 - Mon principal défaut. 

Proust
Ne pas savoir, ne pas pouvoir « vouloir ».
Ma réponse : 
Celui d'en chercher quelquefois chez moi, sans jamais en trouver ; celui aussi d'en chercher chez les autres, toujours, et toujours arriver à en trouver bien plus qu'il n'en existe.
6 - Mon occupation préférée. 

Proust
Aimer.
Ma réponse : 
Celle dont je suis sûre qu'elle ait un sens ; peut-être est-ce pour cela que je n'en ai pas tant que ça...
7 - Mon rêve de bonheur. 

Proust
J’ai peur qu’il ne soit pas assez élevé, je n’ose pas le dire, j’ai peur de le détruire en le disant.
Ma réponse : 
Le bonheur ? Oui, certes, mais pas le mien. La primauté va à l'Altérité, le mensonge s'efface devant le songe, et cette belle maxime doit suffire à pourvoir à la sérénité.
8 - Quel serait mon plus grand malheur ? 

Proust
Ne pas avoir connu ma mère ni ma grand-mère.
Ma réponse : 
Ne jamais en avoir connu aucun.
9 - Ce que je voudrais être. 

Proust
Moi, comme les gens que j’admire me voudraient.
Ma réponse : 
Le potentiel du fragile. Le potentiel, il n'y a que ça ; l'accomplissement détrompe et détourne.
10 - Le pays où je désirerais vivre. 

Proust
Celui où certaines choses que je voudrais se réaliseraient comme par un enchantement et où les tendresses seraient toujours partagées.
Ma réponse : 
Le pays de l'Aurore, celui du Temps qui réveille : car si la Vie est un songe et la Mort le sommeil éternel, mieux vaut balancer constamment entre ces deux états.
11 - La couleur que je préfère. 

Proust
: La beauté n’est pas dans les couleurs, mais dans leur harmonie.
Ma réponse : 
L'inconnue, celle que tous ignorent : je la cherche encore, car c'est celle en laquelle je veux peindre ma vie, afin d'en elle et par elle la définir.
12 - La fleur que j’aime. 

Proust
La sienne - et après, toutes.
Ma réponse : 
Celle qui n'a pas encore éclot, ou celle qui s'est déjà fanée ; il y a en effet en la pleine beauté plus d'orgueil que de bravoure, et le passé ou le futur ne font que sublimer son souvenir ou son devenir.
13 - L’oiseau que je préfère. 

Proust
L’hirondelle.
Ma réponse : 
Celui qui chante tous les matins.
14 - Mes auteurs favoris en prose. 

Proust
 : Aujourd’hui Anatole France et Pierre Loti.
Ma réponse : 
Aujourd'hui, Kundera et Pouchkine.
15 - Mes poètes préférés. 

Proust
Baudelaire et Alfred de Vigny.
Ma réponse : 
Baudelaire et Rimbaud.
16 - Mes héros dans la fiction. 

Proust
Hamlet.
Ma réponse : 
Ces derniers temps, Sherlock Holmes.
17 - Mes héroïnes favorites dans la fiction. 

Proust
Bérénice.
Ma réponse : 
Moi, visiblement : il faut voir avec quelle ardeur je suis mes péripéties dans ce monde irréel !
18 - Mes compositeurs préférés. 

Proust
Beethoven, Wagner, Schumann.
Ma réponse : 
Chopin, Stravinsky, Satie.
19 - Mes peintres favoris. 

Proust
Léonard de Vinci, Rembrandt.
Ma réponse : 
Vermeer, Klimt, Mucha, Vinci, le Caravage.
20 - Mes héros dans la vie réelle. 

Proust
M. Darlu, M. Boutroux.
Ma réponse : 
Mandela, Gandhi, Marie Curie... Enfin, je ne fais pas dans l'original !
21 - Mes héroïnes dans l’histoire.

Proust
Cléopâtre.
Ma réponse : 
Celles qui se sont effacées de leur vie, de leur histoire, au profit du bien commun et de l'Histoire ; celles dont personne ne connaît le nom ; celles qui un jour moururent la conscience tranquille.
22 - Mes noms favoris. 

Proust
Je n’en ai qu’un à la fois.
Ma réponse : 
Les noms qu'il faut inventer.
23 - Ce que je déteste par-dessus tout. 

Proust
Ce qu’il y a de mal en moi.
Ma réponse : 
Ce qu'il y a de mal en Proust.
24 - Personnages historiques que je méprise le plus. 

Proust
Je ne suis pas assez instruit.
Ma réponse : 
Je préfère me dire que l'Histoire des tyrans n'a pas de futur, et qu'il ne me faudra par conséquent jamais avoir à en mépriser d'autres que les despotes d'antan.
25 - Le fait militaire que j’admire le plus. 

Proust
Mon volontariat !
Ma réponse : 
Celui qui n'a pas eu lieu.
26 - La réforme que j’estime le plus.

Proust
Pas de réponse.
Ma réponse : 
Réforme ? Où cela ?
27 - Le don de la nature que je voudrais avoir.

Proust
La volonté, et des séductions.
Ma réponse : 
Celui de ne pas avoir à choisir ; je les veux tous.
28 - Comment j’aimerais mourir. 

Proust
Meilleur - et aimé.
Ma réponse : 
Sans regrets,... ou sans le savoir.
29 - État présent de mon esprit. 

Proust

L’ennui d’avoir pensé à moi pour répondre à toutes ces questions.
Ma réponse :

N'ayant pas d'esprit, je n'ai pas d'état ; n'étant qu'un esprit, certainement pas celui de mon corps.
30 - Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence. 
   Proust : Celles que je comprends.
Ma réponse : 
Celles qui n'en sont pas envers les autres, seulement envers soi : toute faute devrait avoir pour vindicte d'être particulière.
31 - Ma devise.  
Proust : J’aurais trop peur qu’elle ne me porte malheur.
Ma réponse : 
Ne jamais se définir, au risque de se décevoir.