Sarkozy hésite entre nurserie et sommet européen.

Publié le 24 octobre 2011 par Juan
L'opération médiatique fut indécente. En pleine crise, lors d'un sommet européen sur le renforcement des garanties bancaires avant un gigantesque défaut de paiement de la Grèce, Nicolas Sarkozy continuait de faire des allers-et-retours aériens avec Paris pour voir Carla et la toute jeune Giulia Sarkozy.
Qui paye ? Les contribuables.
On croyait que cette naissance devait être intime. Le dévouement du Monarque fut allègrement mis en scène.
Le ministre de l'intérieur s'est encore prononcé sur autre chose que son domaine d'incompétence. Vendredi, il avait quelques critiques à prononcer sur la stature présidentielle de François Hollande, lui aussi. D'après lui, François Hollande n'a pas la « carrure » d'être président.
Claude Guéant avait lui la carrure de l'homme des basses oeuvres. Ces derniers mois, on a célébré son amitié douteuse avec le trouble Alexandre Djhouri et l'inculpé Ziad Takieddine. On a découvert que Guéant avait négocié la vente d'un système d'espionnage informatique au dictateur Kadhafi, celui-la même dont on a vu le cadavre sur nos écrans télévisuels vendredi dernier. Claude Guéant a même une opinion sur la crise de l'euro: « Le rapport de Moody's reconnaît les efforts de la France ».
Faites-le taire.
La confidence avait surpris. Elle émanait d'un membre du conseil européen à l'encontre de Nicolas Sarkozy, rapportée par le journaliste Arnaud Leparmentier du Monde. Jugez plutôt: « Lorsque nous nous téléphonons entre dirigeants européens et que nous en venons à parler de Nicolas Sarkozy, nous nous disons: 'Tu me dis les méchancetés qu'il a dites sur moi, ou c'est moi qui commence?' » Parmi ses collègues chefs d'Etat ou de gouvernement européens, Nicolas Sarkozy jouit toujours d'une sale réputation, celle d'un goujat souvent publiquement hypocrite ou violent dans ses relations: « Nicolas Sarkozy s'est fait une spécialité d'agresser verbalement un de ses collègues pour s'imposer ».
En France, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin compléta le tableau, lors du 41e congrès de la Fédération des élus bourbonnais, samedi dernier à Vichy: « Dans cette crise, on a besoin du leadership de Nicolas Sarkozy. Même si je ne suis pas toujours d'accord avec lui?; je pense que, par moments, il a des comportements qui ne sont pas toujours idéaux. Il faut toujours respecter les gens : un Président ça ne dit pas "Casse toi pauvre con ».  En ces temps difficiles, Nicolas Sarkozy a pourtant besoin de bonnes relations avec ses partenaires européens.
L'incorrection n'est pas le seul travers de caractère de notre Monarque.  Samedi, il était à Bruxelles, mais il est allé à trois reprises retrouver Giulia et Carla, à Paris. Difficile d'être nouveau papa quand on affronte une telle crise. Il fallait mettre en scène le sens du devoir de notre Très Grand Homme.
Qui a payé ces 3 allers et retours Paris/Bruxelles dans la même journée pour aller au chevet de la mère Carla et de l'héritière Giulia ?
L'opération médiatique continua.  Un membre de la délégation française confiait dimanche qu'Angela Merkel avait offert un ours en peluche à la nouvelle-née. Elle rattrapait sa réaction initiale plutôt froide, mercredi, quand Sarkozy et elle avaient interrompu en pleine réunion imprévue à Francfort par la nouvelle de la naissance de Giulia. Quelques instants plus tard, on apprenait que David Cameron, le premier ministre britannique, avait offert une couverture de naissance à Giulia Sarkozy.
Dimanche 23 octobre, la Reine mère est sortie de clinique, relâchée avec la môme Giulia pour rejoindre son quartier barricadé de Montmorency dans le 16ème arrondissement de Paris, l'une des rares zones de la capitale fermée par une clôture et des vigiles à l'entrée. L'endroit rassemble quelques-uns des millionnaires du pays. La veille, Marine Le Pen avait livré un prévisible commentaire sur le prénom italien qu'elle « regrettait »: «Je pense que quand on est président de la République française, il m'apparait comme un signal fort de donner à son enfant un prénom français et que beaucoup de Français pensent la même chose que moi ! ». A côté de la plaque mais prévisible.
Samedi, les dirigeants européens ont enfin envisagé de recapitaliser leurs banques, pour 108 milliards d'euros au cas où la Grèce ferait défaut. Cela revient à un relèvement à 9% du seuil de fond propres minimal par rapport aux placements.  Après avoir critiqué les euro-bonds, suivant ainsi Angela Merkel farouchement opposée à l'idée que les Etats faibles de l'Europe puissent puiser dans une dette prétendue européenne que seule l'Allemagne rembourserait, le président français a changé d'avis. Il aimerait que le Fond Européen de Stabilisation Financière devienne une banque de prêt pour Etats défaillants. Il était d'ailleurs soutenu par l'Espagne et l'Italie dans cette démarche. Une source française mais anonyme a tout expliqué au Figaro: « Le problème n'est pas la Grèce, mais d'installer un pare-feu efficace pour éviter une contagion au reste de la zone euro. Pour cela, il faut la taille et la rapidité. Le problème avec un véhicule spécial est que ça prendra du temps à mettre en place et que sa taille ne suffira pas nécessairement. Seule la BCE dispose de la taille et de la rapidité d'action nécessaire ».
Dimanche, les dirigeants de la zone euro ont décidé de confier à Herman van Rompuy, l'actuel président de l'Union européenne désignée voici deux ans, la présidence de la zone euro (16 Etats sur 27). Le communiqué officiel précise: « Le président des sommets de la zone euro sera désigné par les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro au moment où le Conseil européen élira son président, et pour un mandat de même durée. En attendant la prochaine élection, le président actuel présidera les sommets de la zone euro ». C'était la seule décision concrète de ce weekend d'effort européen. Angela Merkel n'avait pas envie de décider autre chose. «Pour moi il est important de répéter qu'aujourd'hui nous préparons les décisions de mercredi » avait-t-elle déclaré à son arrivée à Bruxelles.
Dimanche en fin de journée, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont tenu une conférence de presse commune. Il fallait bien annoncer quelque chose avant l'ouverture des marchés, lundi matin. «Il est essentiel que pour demain matin à l'ouverture des marchés, on ait fait assez de progrès pour ne pas mettre péril la crédibilité de la zone euro» avait expliqué le premier ministre belge dès samedi. Pourtant, les deux dirigeants français et allemand n'ont fait que confirmé ce que l'on savait déjà, aucune décision n'a été prise ce weekend. Il faut encore attendre. «Aucune décision ne sera annoncée à l'issue du sommet de la zone euro qui a lieu ce dimanche en fin d'après-midi à Bruxelles, même si les travaux avancent bien ». a déclaré Sarkozy. On sait pourtant que la proposition française a été rejetée. Une « défaite » commenta le Parisien. Sarkozy nous vendra autre chose.
Mme Merkel a ajouté que « dans les heures à venir, nous discuterons de la façon dont les pays d'Europe conduiront leurs réformes ».
Et mercredi, Sarkozy devra y retourner. Sinon, son agenda de la semaine n'est pas très européen. Lundi, repos, aucun rendez-vous officiel. Mardi et jeudi, les habituels déplacements de province, avec mercredi un conseil des ministres. Puis, vendredi, Sarkozy sera au repos pour un long weekend de 3 jours.
Encore.
Ami sarkozyste, où es-tu ?