Bug – William Friedkin et la paranoïa

Par Bebealien

Avant de parler de ce petit film très sympathique, que j’avais loupé lors de sa sortie (en même temps difficile de le voir vu le nombre très restreint de salles le diffusant….), petit retour rapide sur les résultats des Oscars et des Césars. Cocorico pour Marion Cotillard et sa prestation dans La Môme, avec un César et un Oscar à la clé. La France a définitivement fait mieux en matière de cinoche, mais il est toujours intéressant de se faire connaître à l’étranger. Donc même si le film est juste pas mal, bravo Mademoiselle Cotillard. En ce qui concerne le reste du palmarès des Césars, je ne me prononcerai pas. Je n’ai jamais compris les choix et les goûts des votants, trop éloignés des miens. Les Oscars, avec une approche un peu plus populaire, restent quand même plus à ma portée (No Country for Old Men, meilleur film et meilleur acteur, cool !!! )…

Bug – Quand la folie contamine tout

Comme je l’ai indiqué en préambule, Bug est passé relativement inaperçu lors de sa sortie en salle. Encore un film sacrifié par les grands multiplexes préférant nous diffuser des daubes comme Asterix 3 dans cinq salles simultanément, plutôt que de nous proposer une palette de films plus variés. Essayez par exemple de voir les dernières productions hong-kongaises ou coréennes… je vous souhaite bon courage… Heureusement, pour ce type de film, une séance rattrapage est toujours possible en DVD.

La belle affiche, avec Harry Connick Junior qui a pourtant un petit rôle

Friedkin, c’est le réalisateur des French Connection, de l’Exorcisme et plus récemment de Traqué, excellent thriller avec Benicio del Toro et Tommy Lee Jones, lui aussi injustement mal distribué, et qui vaut cent fois mieux qu’une bonne partie de la production qui inonde nos écrans. C’est un réalisateur qui a toujours été intéressé par la propagation du mal, ou de la corruption dans un microcosme. Dans Bug, c’est une fois de plus le sujet du film.

Agnès vit une existence minable dans un motel, suite au traumatisme de la perte d’un de ses enfants. Son mari récemment sorti de prison et particulièrement violent rend sa vie encore un peu plus difficile. Un soir, un vagabond étrange fait irruption dans sa vie et elle commence à s’y attacher. Mais celui-ci semble apercevoir d’étranges insectes capables de s’introduire sous la peau. Au début étonnée, Agnès commence elle aussi à les voir. Est-ce une hallucination ou le gouvernement mène-t-il vraiment des expériences terrifiantes sur le vagabond ?

Ashley Judd, femme à la dérive

Petit budget, tourné quasiment dans un seul décor (la chambre du motel), Bug pousse la paranoïa jusqu’à l’extrême. Le vagabond est-il totalement siphonné ou est-il vraiment la victime d’expériences étranges ? Finalement la réponse importe peu. Ce qui est vraiment intéressant est plutôt de constater comment cette croyance va petit à petit contaminer son entourage et comment elle va amener les personnages vers leur propre destruction.

Michael Shannon, persuadé que son corps est infesté

Friedkin va jusqu’au bout et pousse ses personnages jusqu’à l’extrême. Le film ressemble donc à une longue descente aux enfers, s’enfonçant toujours un peu plus loin dans la noirceur. L’action étant concentrée en un seul lieu, le film repose à la fois sur la mise en scène efficace de Friedkin et sur ses deux acteurs principaux : Ashley Judd et Michael Shannon, quasi-inconnu qui explose littéralement ici.

Quand la folie prend le pas sur tout…

Même nanti d’un budget minuscule, Friedkin démontre une fois de plus qu’il est un excellent réalisateur. Il arrive une fois de plus à faire lentement dériver la réalité la plus banale vers l’horreur physique autant que psychologique. La folie et la fameuse thématique de la propagation du mal ont rarement été aussi bien filmées… Amoureux de films parano, Bug est pour vous.