Les bonnes intentions, Agnès Desarthe

Publié le 26 février 2008 par Antigone

L'histoire : Sonia, enceinte de son premier enfant, emménage dans un appartement sur un grand boulevard parisien. Elle et son mari, architecte, ont eu le coup de foudre pour ce lieu. Candide et optimiste, elle est prête à tout pour s'intégrer, même à participer aux réunions du syndic de l'immeuble. La vie est belle, Sonia continue sa vie de traductrice, et de mère. Elle a à présent deux enfants. Sur le même palier, M Dupotier perd coup sur coup son chien, sa femme et son fils. Il vient, plusieurs fois par jour, frapper à sa porte, en quête de nourriture. Comment laisser un vieil homme mourir de faim à deux pas de chez elle ? Pleine de générosité, Sonia essaye de gérer au mieux ce problème et son inquiétude...

Mon avis: Ce livre se lit très rapidement, avec délectation. Cette petite histoire d'immeuble et de conciergerie vous en rappelera peut-être une autre, plus récente, vue du premier étage. Et pourtant, voici un immeuble gardé par un couple ayant tous les attributs des Ténardier. Le pauvre M Dupotier en fait les frais devant le regard désolé de sa voisine, gentille mais un peu dépassée. Les bonnes intentions ont parfois un effet pervers, Sonia s'en rendra compte assez vite. J'ai passé un bon moment avec ce roman et avec l'écriture alerte d'Agnès Desarthe dont je vais lire avec plaisir d'autres titres !

Un extrait : "C'est la cinquième fois aujourd'hui que M Dupotier vient sonner à ma porte. J'ouvre en réprimant une franche envie de meurtre. Pourquoi s'accroche-t-il ? Il ne lui reste rien. Sa seule occupation consiste à guetter mes heures d'entrée et de sortie, à calquer les gargouillis de son estomac sur mon emploi du temps. M Dupotier a faim. Du matin au soir.
-Vous auriez pas un petit quelque chose ?
Je vais chercher un paquet de biscuits entamé et le lui tends en souriant hypocritement.
- Merci, ma petite Dame, fait-il de sa pauvre voix. Je ne sais pas ce que je ferais sans vous.
Vous crèveriez, pensé-je en secouant la tête, l'air de dire "c'est bien normal, voyons, entre voisins".
Il faudrait que je lui donne autre chose que des gâteaux et du chocolat, autre chose que des quignons de pain et les croissants entamés des enfants. C'est de potage qu'il a besoin, de blanc de poulet, de compote et de laitages frais. Mais si je commence à me laisser aller sur cette pente, je glisserai jusqu'en bas. C'est inévitable. Je l'assiérai à ma table, je l'adopterai. Il reprendra du poil de la bête et me tressera des couronnes de sainte.
Je ne l'autorise jamais à entrer."

  Note de lecture : 4/5

J'avais déjà lu et beaucoup aimé Mangez-moi.

La Lecture de Florinette sur ce titre.
Lily a lu Agnès Desarthe.

Le blog d'Agnès Desarthe.