Yves Jégo mériterait-il d’être traité de pauvre con?

Publié le 26 février 2008 par Frednetick

La question est sensible. En effet depuis peu le sieur Jego est sujet à la procéduria judicia, forme aïgue de dérive à l’américaine, qui se remarque notamment par une propension élevée à la judiciarisation de la vie courante.

Il intente en effet un procès en diffamation et injure à un blogueur, Yves Poyet, taulier de Flamberge , pour l’avoir mesquinement décrit, en ombre chinoise, comme “apparatchik de parti” (sic) et en l’accusant d’avoir “grenouillé dans les diverses officines, cabinets et autres distributeurs d’emplois publics réservés“(sic). Cela pour la diffamation. L’injure quant à elle n’impute pas de fait, mais se caractérise par “ toute expression outrageante, termes de mépris ou invective” - selon l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse . Et ça, c’est mal.

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)

Il faut bien le reconnaître, oser dire à un élu qu’il n’est pas connaisseur “à la fois le tissu social et économique local“(sic) et qu’il ne se montre pas “très en prise avec la réalité du terrain“(sic) est d’une rare violence verbale, de celles que l’on ne rencontre jamais dans les campagnes électorales sur le nuage des bisounours. Ce n’était donc pas très fin de la part de M.Poyet car tout un chacun connait le caractère délicieux et délicat de notre bien aimé porte parole de l’UMP.

Reste donc, j’y revient, la question de l’injure, car dire à quelqu’un qu’il est un pauvre con, pourrait être mal compris. Si la saillie peut légitimement être entendue comme de la ponctuation au sud de la Garonne, elle n’est probablement pas courante au coeur de la riante cité de Montereau-fault-yonne .

Il ne s’agirait donc pas de se livrer à ce genre de choses à l’endroit d’un représentant du peuple légitimement élu, car les 12.000 euros de l’amende potentielle, s’ils ne représentent qu’un mois et demi de traitement parlementaire (voir moins si l’on comptabilise les menues dépenses d’attachés parlementaires et les indemnités de maire), sont de nature à décourager les plus optimistes.

Pourtant, il semble que depuis peu, s’étiole la notion d’injure. D’éminents spécialistes de la chose publique ont ainsi pu caractériser le babillage “pauvre con” comme une explication directe d’homme à homme , comme une ” réaction humaine” permettant “d’être compris par son interlocuteur ” (sic Yves Jégo himself) ou encore comme une réponse calme et sereine , quant elle n’est carrément pas le signe d’une expression politique proche des français .

Pour faire court, l’expression pauvre con n’est donc plus une insulte au sens de la loi sur la liberté de la presse puisqu’elle se justifie aisément semble t-il.

Oh bien sûr c’est pour le président, mais quand bien même serait-il le meilleur d’entre nous, il n’en reste pas moins que les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit, paraît-il.

Réserve faite du détail de son immunité pénale qui empêcherait le vilain pas-serreur de main de demander réparation de cette offense qui n’en est plus une.

Doit-on pour autant admettre que l’on puisse traiter Yves Jégo de pauvre con? Je ne vous le conseille pas, je le sens un peu tendu du string le député-maire1 .

Pourtant, vous pourriez, si vous étiez socialistes, nourrir de légitimes ressentiments à son égard, tant ses déclarations pourraient être assimilées à une “expression outrageante, termes de mépris ou invective”.

Déclarer publiquement que “Contrairement au parti socialiste, nous ne voulons pas que des prédateurs sexuels soient dans les rues et menacent nos enfantspourrait être mal interprété, ressenti et serait même de nature à légitimer une action en justice.

Je vous enjoins cependant de ne pas céder à la facilité, la bave du crapaud, aussi benêt soit-il, n’atteint pas la blanche colombre que vous êtes. Ne cédez pas!

Sauf évidemment si vous le croisez sur un terrain de boule cet été à Saint-Trop’, ça fera couleur locale.

Par contre rien ne vous empêche de la penser très fort en votre sein intérieur.

Cacher cette brillante littérature


  1. sans vouloir le moins du monde insinuer qu’il porte des strings léopards, ce qui relève de sa plus pure intimité et de ses choix personnels dont on pourrait discuter la pertinence [Retour]