Les indignés mettent-ils en danger la démocratie

Publié le 26 octobre 2011 par Metamag

Le Premier ministre grec, George Papandreou, a commenté les manifestations des « Indignés », du 15 octobre, en qualifiant les mobilisations contre le régime de « mobilisations contre la démocratie ». C’est la deuxième fois, après la Présidente de la Communauté de Madrid, que nous relevons une inflexion du discours critique contre les « Indignés » qui était, au départ, vus comme un mouvement sympathique. 
Cette inflexion prend le sens d’une accusation vers la « reductio ad hitlerum », dont on sait qu’elle est, par essence, le début de toutes les répressions du système, la « novlangue»répressive par excellence de Big Brother. En effet, une fois qualifié d’anti-démocrate ou de fasciste, appartenir au mouvement des « Indignés » sera très vite considéré comme un délit ou une illégalité, au nom, bien sûr on s’en doute, de la démocratie, la vraie, la seule!  
Les « Indignés » sont, souligne Papandreou, « des ennemis de la démocratie ». Que lui répondre ? Hé bien, qu’il a raison ! Etre ennemi de la démocratie n’est pas un mal, ni un péché, ni un délit. C’est même moins une insulte qu’un éloge parce qu’être « l’ennemi de la démocratie » c’est être, comme « l ’ennemi du peuple » de Henrik Ibsen, un authentique démocrate, un démocrate en vérité, quelqu’un qui abhorre la démocratie représentative de la délégation du pouvoir de décision à travers le vote, cette farce qu’a représentée, par exemple, la signature obligatoire de la Charte socialiste, lors du vote des primaires socialistes. 
Etre « l’ennemi de la démocratie », Monsieur Papandreou, c’est aimer l’authentique expression de la souveraineté populaire qui consiste à conserver, intégralement, sa capacité de décision, sans la déléguer à quiconque et encore moins à quelqu’un de l’establishment, comme vous, Monsieur le Premier Ministre, de la « démocratie » grecque !
Croire que nous vivons dans un pays libre, comme on suppose être notre République, avec sa liberté d’expression et toutes ses libertés formelles de se déplacer, de se promener et surtout d’acheter, c’est se tromper à soi-même. C’est la démocratie elle-même, la démocratie d’opinion et virtuelle qui est devenue totalitaire. Comme parfois, on nous raconte qu’il n’y a plus, ici-bas, depuis 1789, d’aristocratie ou d’oligarchie, de taille, de corvée ou de gabelle, de capitation et d’octroi, alors que ces derniers ne représentaient à peu près que 25 % des impôts de l’Ancien Régime, partagés entre l’église et le suzerain. 
Rêvez avant de voter
L’Etat moderne, lui, y a substitué la TVA, l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation, la taxe foncière, la CRDS, la CMU, les charges sociales, la taxe sur les ordures ménagères, les 80 % du prix du litre d’essence, les péages routiers, la fin de la gratuité de l’eau et demain de l’air (la taxe carbone), soit environ  un total de 70% d’impôts dus aux divers services de l’Etat. Et même le Parti Socialiste, de François Hollande la Tulipe, promet de les augmenter encore plus, au nom d’une dette bancaire dont nous serions les coupables. 
Mais, c’est tout nouveau et cela vient de sortir chez les commentateurs politiques : augmenter les impôts, c’est la crédibilité et la crédibilité ne serait plus de droite, mais désormais à gauche ! Quelle crédibilité ? Un Président (ou un candidat) « crédible », pour ses adversaires, c’est un Président qui ne peut que capituler devant le marché, qui ne peut que confirmer et incarner l’impuissance du politique. 
Effectivement, François Hollande est un Président crédible. Il promet même de « réenchanter le rêve français », curieuse expression que le sagace François Fillon a bien relevé. Il faut, en effet, qu’on nous explique le sens de cette phrase. On peut « réenchanter » le monde, la société, l’avenir voire même Dieu et la religion, mais « réenchanter un rêve » ? On ne voit pas vraiment ! A moins que, finalement, l’originalité de François Hollande, en politique, serait de solliciter, pour la première fois, notre penchant à la rêverie. Rêver avant de voter ! On nous l’avait jamais fait ! Franchement, ne serait-il pas plus approprié de nous proposer des solutions réelles pour surmonter nos difficultés présentes ? 
Ce n’est pas la peine de chercher le programme de François Hollande. Il ne sera que du rêve ! Mais, vu l’ampleur sans précédent de la crise, que peut-il nous proposer d’autre que d’augmenter les impôts et de renoncer à certaines promesses ? Sans doute, quand même, mettra-t-il l’accent sur l’éducation, reconquérant par là le vote enseignant. Pourquoi ? L’état de la jeunesse du pays est, intellectuellement et moralement, si déplorable qu’aucun régime ne saurait survivre, à terme, dans un tel délitement des compétences et des métiers. Dit autrement, « personne ne sait plus travailler ! ». 
Sur sa gauche, il faudra à Hollande cesser le flou et les demi-mesures (par exemple, à propos du nucléaire). Mais François semble vouloir jouer la carte du centre : « Vous, le Centre, qui n’êtes plus de droite et pas encore à gauche ! »  Or, en France personne n’a jamais gagné au centre et, sans les voix des écologistes, il semblerait qu’il ne pourrait être élu à gauche. Reste la grâce d’une Marine Le Pen, au second tour, pour remporter les élections. Mais, ce serait, encore, une victoire à l’arrachée, sur fond de république bananière et de conflits identitaires. 
Quand à la Droite « classique », pourquoi n’a-t-elle pas le courage de dire à Sarkozy -dégage- et de proposer Fillon ? Même Poutine en Russie, s'était pris au jeu de devenir Premier Ministre ! Puisqu’il faut « réenchanter les rêves », pourquoi, par un pied de nez, ne pas réenchanter les rêves de la majorité ?

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