[France Sarkozyste] L’écologie enterrée de Nathalie Kosciusko-Morizet – LeMonde.fr

Publié le 26 octobre 2011 par Yes

S’il est une qualité qui ne saurait être contestée à la ministre de l’écologie Mme Kosciusko-Morizet, c’est l’audace. Il n’en faut pas manquer pour engager un procès public en « écologie dépassée » au candidat socialiste à l’élection présidentielle.

Nous sommes écologistes, et non socialistes, et revendiquons à cet égard une autonomie d’action, de pensée et de projet.

Pour autant, il nous est insupportable, en ce quatrième anniversaire du Grenelle de l’environnement, de voir la droite placer son discours « écologiste » sur le terrain de la conviction et ériger l’autosatisfaction en bilan.

Faut-il rappeler que la « nouvelle » feuille de route gouvernementale en matière de politique « durable » a été énoncée par le président de la République le 6 mars 2010 dans une formule dont le style illustre la hauteur de vue : « L’environnement ça commence à bien faire. »

L’élan du Grenelle était alors brisé et quelques mois plus tard, on assistait au détricotage du grand ministère d’Etat du développement durable, pourtant érigé en symbole de la conversion écologique de la droite présidentielle.

La ministre de l’écologie peut bien tenter des gesticulations médiatiques, elle ne gagne plus aucun arbitrage.

Les mesures structurantes ont été abandonnées ou repoussées sine die, ainsi de :

  • l’abandon de la contribution climat énergie et de toute fiscalité écologique ;
  • la planification de plus de 1 000 km de nouvelles routes ;
  • la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame des Landes ;
  • la part du fret ferroviaire divisée par deux entre 2000 et 2010 – pendant qu’elle doublait en Allemagne ;
  • l’exclusion des émissions indirectes du bilan de gaz à effet de serre des entreprises ;
  • le durcissement des conditions d’autorisation d’implantation pour les éoliennes (classées en ICPE) ;
  • la capture et le stockage de carbone – une technique sans avenir non débattue lors du Grenelle – les autorisations d’exploration de gaz et pétrole de schiste ;
  • l’inutile réforme dite du « 3ème régime CPE » ;
  • la baisse de près de 20 % des moyens affectés à la lutte contre le changement climatique et le report de la taxe sur les poids lourds à 2013 dans le projet de loi de finances 2012 ;
  • décret autorisant une augmentation des rejets de nitrates ;
  • décret permettant la circulation des 44 tonnes sur les routes françaises ;
  • report des mesures concernant la RSE ;
  • etc.

En matière d’énergies renouvelables, la France n’a pas respecté les objectifs qu’elle s’était elle-même fixés : notre consommation d’électricité pour 2010 devait être produite à partir d’énergies renouvelables pour 21 %, cette part n’atteignait que 14,6 %, soit le même niveau qu’en 1997. Quant à la production de chaleur d’origine renouvelable, elle devait augmenter de 50 % en 2010 et n’a finalement progressé que de 28 %.

Une politique environnementale ne se mesure pas au nombre de lois promulguées, a fortiori lorsqu’elle consiste massivement en la transposition du droit européen. La politique du chiffre ne supplée pas l’absence d’une ligne directrice.

Les enjeux environnementaux doivent être au cœur des politiques publiques et des stratégies industrielles, des transports, du logement, mais aussi des politiques de pêches, agricoles, alimentaires, de santé et d’urbanisme : ce sont toutes nos politiques sectorielles et économiques qui doivent être repensées par le prisme de la préservation de la diversité biologique qui doit devenir un indicateur de la richesse réelle et du bien-être de nos sociétés et l’une des conditions impératives pour l’affectation des financements publics.

« Reprendre en main » le Grenelle de l’environnement, c’est lui donner la portée politique qui lui a manqué, c’est mettre en œuvre cette formidable boite à outils capable d’impulser le changement pour une sortie durable de la crise économique, financière, sociale et environnementale.

C’est l’un des enjeux social et politique majeur du siècle dans lequel nous entrons. Une chose est pour nous certaine, ce défi, nous ne le relèveront pas avec ses fossoyeurs.

L’écologie enterrée de Nathalie Kosciusko-Morizet – LeMonde.fr.