Les incorruptibles (1987) de Brian de Palma

Publié le 27 octobre 2011 par Flow

Les incorruptibles.

(réalisé par Brian de Palma)

Western urbain.

Il y avait un moment que je voulais regarder ce film et pour plusieurs raisons. Le sujet de la Prohibition me passionne, tout comme le pugilat entre Al Capone et Elliot Ness. Et puis un affrontement cinématographique entre Kevin Costner et Robert de Niro ça ne se refuse pas.

 

Chicago des années 30. Une ville gangrénée par le crime et la corruption dont Bruce Wayne n'aurait pas refusé de s'occuper (je pense que Kane s'en est inspiré pour créer sa Gotham City). C'est l'époque de la Prohibition, de la mafia sicilienne et de la justice sauvage. Dans ce tumulte des âmes se dresse un homme (plus une figure d'ailleurs) droit et incorruptible. Il lutte seul puis avec une fine équipe contre la pègre locale...

Un peu d'Histoire.

La Prohibition fut établie à l'échelle nationale par le 18e amendement de la Constitution (ratifié le 29 janvier 1919) et par le Volstead Act (établi le 28 octobre 1919). Elle débuta dès le 16 janvier 1920, lorsque le 18e amendement prit effet. Le Volstead Act fut amendé afin d'autoriser les boissons peu alcoolisées comme les bières légères (ne titrant pas plus de 3,2 % d'alcool, 4 % en volume) grâce au Blaine Act du 17 février 1933. Le 18e amendement a été retiré au cours de la même année par la ratification du 21e amendement de la Constitution.

La Prohibition fournit une opportunité alléchante au crime organisé de mettre sur pied des filières d'importations, des fabriques ou encore un réseau de distribution illégal de boissons alcoolisées aux États-Unis. À Chicago, les Genna, famille d'origine sicilienne et Al Capone furent à la tête de ces trafics d'alcool, renforçant grandement son empire criminel grâce aux profits des ventes illégales d'alcool. Eliot Ness s'oppose à Capone, dans un combat devenu légendaire. Il ne réussira cependant pas à faire tomber le criminel pour des méfaits graves mais devra recourir à l'invocation des « privilèges indissociables au droit de la personne » pour faire tomber Al Capone sous le coup d'une loi fédérale, contournant les juridictions législatives (les juges corrompus protégeant Capone au niveau local). Celui-ci se verra imposer la peine maximale (10 ans) pour fraude fiscale.

Au total, les lois de Prohibition furent peu appliquées. Il y eut plusieurs arrestations, mais peu de condamnations. Plusieurs facteurs expliquent cette inefficacité : d'abord les policiers et les juges étaient corrompus. Ensuite, l'État fédéral manquait de moyens pour appliquer la Prohibition : les frontières des États-Unis sont en effet immenses.

PS: excusez le style peu avenant mais c'est du Wikipédia... J'avais la flemme.

Adaptation libre.

Le film ne conserve que les grandes lignes de ce qui est réellement arrivé. Les Incorruptibles étaient bien plus nombreux que ceux que nous pouvons voir dans le long-métrage de Brian de Palma et mis à part Ness, les autres n'existent pas. C'est donc une adaptation romancée (la vie de famille du chevalier blanc, les fusillades, le combat personnel entre les deux hommes) mais ce n'est vraiment pas dérangeant tant le réalisateur livre un film nerveux proche d'un Heat

Quand tu plonges longtemps ton regard dans l'abime...

...l'abime finit par te regarder aussi disait Nietzsche. En rendant le combat entre Ness et Capone personnel, de Palma livre son interprétation de cette maxime. Le premier est un flic droit et intègre, père de famille (un peu caricatural mais c'est pour forcer l'opposition) convaincu qu'il peut venir à bout de tous les maux de Chicago avec ses grands principes. Face à cette attitude naïve, le second ne recule devant rien pour arriver à ses fins et ne s'embarrasse pas avec des lois ou une quelconque morale. Ces deux forces contradictoires et immuables se jaugent comme dans une partie d'échecs. C'est là tout le sel du personnage de Sean Connery (vraiment excellent ici), flic intègre mais dont la naïveté s'est envolée. Il sait que Ness perdra «son innocence» dans le combat. Avec pessimisme, de Palma prouve que pour stopper des criminels comme Capone il faut se salir les mains, il faut devenir ce qu'on chasse, même si ça nous répugne. Et Ness suit inexorablement ce chemin (torture de prisonnier, meurtres...). C'est donc une victoire amère.

Western urbain.

Mais ce n'est pas ce qui m'a le plus marqué dans ce film aux multiples facettes. Il y a un certain anachronisme dans cette histoire. Voir une ville aux mains de criminels et d'officiels corrompus pendant que quelques flics, en imper et armés de fusils à canon scié, tentent de faire régner la justice à la manière des shérifs du far west. C'est bien un western qui se déroule sous nos yeux (je ne suis pas le mieux placé pour en parler, c'est un genre que je ne connais pas) mais dans une ville moderne. De Palma se permet même un intermède dans les plaines sauvages du Canada, le temps d'une opération...à cheval! Si ce n'est pas un clin d'œil!

Un film prenant de bout en bout, portés par des acteurs fabuleux, une ambiance aux petits oignons et de multiples facettes passionnantes à étudier. Si vous ne l'avez jamais vu, faîtes comme moi, rattrapez votre erreur.

- Ambiance électrique.

- Multiples facettes.

- Sean Connery à son apogée.

- J'aurai aimé voir un peu plus de Niro.