Trotski

Publié le 31 octobre 2011 par Iti1801

Voilà bien un nom dont on a forcément entendu parler. Et pourtant, sait-on vraiment qui se cache derrière ce pseudonyme ? L’image que l’on garde en tête après en avoir entendu parler au collège et au lycée, colle-t-elle vraiment à la réalité ? Pour ma part, j’ai surtout retenu que c’était le créateur de l’armée rouge (ce qui avait une connotation sanguinaire dans la bouche du prof, quand il nous parlait de l’affrontement entre les Rouges et les Blancs) et qu’il a été évincé par STALINE à la tête de la jeune U.R.S.S. Plus tard, j’ai appris qu’il avait été assassiné au Mexique. Et c’est à peu près tout. Si on prend en compte les groupuscules d’extrême-gauche qui revendiquent son héritage, on peut imaginer que c’était un des penseurs du siècle dernier, mais difficile d’expliquer ce qu’est le trotskisme et la quatrième internationale.

Heureusement, l’Opération Masse Critique de Babelio est venu combler mes lacunes avec cette monumentale biographie que l’on doit à Robert SERVICE ! Car enfin, entre 1879 et 1940, il s’en est passé des choses. Non seulement dans la vie de TROTSKI, mais surtout dans le monde ! En effet, cet ouvrage – et c’est une de ses forces – permet de se rendre compte de l’évolution de la Russie entre la fin de l’ère tsariste et le début de la jeune république soviétique. Plus qu’une évolution, une mutation. Que l’on doit à une poignée d’hommes, parmi lesquels TROTSKI. Fils d’un petit propriétaire terrien juif, Leiba BRONSTEIN, de son vrai nom, est issu d’un milieu plutôt favorisé (ce qu’il s’efforcera de passer sous silence dans son autobiographie) et part poursuivre ses études chez des cousins éloignés à Odessa. Brillant étudiant, c’est là qu’il commence à être influencé par un petit groupe révolutionnaire et renonce à devenir ingénieur. Dès lors, sa vie sera entièrement consacrée à la révolution. Quitte à aller en prison ou à s’exiler (dans la Russie même ou en Europe). D’ailleurs, la révolution de février 1917 le prend au dépourvu, et il se dépêche de rentrer des Etats-Unis, lui qui avait déjà été présent lors de la précédente tentative de 1905. La suite, on la connaît…

Mais Robert Service ne se contente pas d’évoquer l’Histoire, il s’attache aussi à montrer l’homme qui existait sous le personnage public. Certes, il était naturellement brillant et savait haranguer les foules comme personne, pouvant retourner une situation délicate à son avantage. Certes il avait des facilités d’écriture, et ne pouvait s’empêcher de passer une journée sans griffonner des articles ou des livres plus ou moins politiques. Mais c’était un homme qui souffrait souvent de syncope (on ne sait toujours pas si ce n’était pas plutôt des crises d’épilepsie, car la maladie était mal diagnostiquée à l’époque, et mal vue), qui était souvent arrogant, hautain, et n’a pas hésité à abandonner une première femme et ses deux filles. Par la suite, il a été fidèle à sa seconde compagne (même s’il a eu une brève aventure à la fin de sa vie, au Mexique, avec Frida KAHLO). Mais plus que tout il a essayé d’être fidèle à l’idée qu’il se faisait de la révolution. Idée qui était fortement imprégnée de la Révolution française et de la terreur… Si son objectif était la démocratie, les chemins qu’il entendait emprunter pour y parvenir n’étaient pas les plus justes pour le plus grand nombre…

Bref, il est difficile de résumer une telle biographie (près de 500 pages quand même, grand format : un pavé !), mais l’auteur sait la rendre intéressante avec un style vivant, plaisant à lire. Le genre de bouquin qui vous fait apprendre sans s’en rendre compte, et passer agréablement le temps.